
Sophie Calle, Orsay, 1979. © Photo Richard Baltauss
Il y a une quarantaine d’années, l’artiste plasticienne et photographe Sophie Calle a vécu clandestinement dans l’hôtel désaffecté qui occupait la façade ouest de la gare d’Orsay, jetant son dévolu sur la chambre 501, au cinquième étage. Elle est aujourd’hui de retour sur les lieux transformés en musée d’Orsay, en compagnie de l’archéologue Jean-Paul Demoule. Sophie Calle l’annonce d’emblée : « Je pousse toutes les portes fermées que je trouve ». Dans cet hôtel abandonné depuis plusieurs années, elle a pris des photographies (chambres et couloirs déserts, animaux morts…) et recueilli toutes sortes de vestiges de la vie d’antan (clefs, poignées de portes, téléphone, fiches de clients, relevés de gaz…). Lorsque pendant le confinement, Donatien Grau, en charge des contrepoints contemporains au musée d’Orsay, lui a proposé de visiter le musée désert, l’artiste a retrouvé en partie l’ambiance de désolation qu’elle avait ressentie 42 ans plus tôt. « Je suis tombée sur les tableaux endormis, confinés du musée d’Orsay. Il y avait le même silence que j’avais quitté dans l’hôtel, la même obscurité. Le contexte n’était pas le même mais je retrouvais ce mystère. » Elle a alors demandé à l’archéologue Jean- Paul Demoule d’analyser ses photographies et ses objets en tant qu’« archéologue du futur qui ne comprendrait rien à ces objets et qui se tromperait sur leur nature ».
Nathalie d’Alincourt
« Sophie Calle et son invité Jean-Paul Demoule. Les fantômes d’Orsay »
Jusqu’au 12 juin 2022 au musée d’Orsay, esplanade Valéry Giscard-d’Estaing, 75007 Paris.
Tél. 01 40 49 48 14
www.musee-orsay.fr
Catalogue, Actes Sud, 366 p., 69 €.