Pour célébrer le millénaire de l’église abbatiale du Mont-Saint-Michel fondée en 1023 par l’abbé Hildebert II, le Centre des monuments nationaux propose de retracer son histoire en une trentaine de pièces exceptionnelles.
Certaines sont inconnues du public, comme la représentation du Mont-Saint-Michel sur une plaque de fondation de messe de Saint-Jean-des-Champs datant de 1700, ou un opulent calice de cristal de roche émaillé du XVIIe siècle provenant du trésor de l’abbaye.
Voyage dans l’histoire du Mont
Accompagnée d’une chronologie illustrée, l’exposition retrace l’épopée du Mont-Saint-Michel, les principaux évènements dont il fut le théâtre, ainsi que ses différentes phases de construction. Le chantier médiéval, les techniques architecturales employées, le décor rappelant des enluminures produites dans le scriptorium de l’abbaye même, les chapiteaux sculptés il y a plus de mille ans, donnent un aperçu détaillé et précis du Mont à la première époque de l’abbatiale.
Sanctuaire et prison
Fruit de plusieurs siècles de constructions et de restaurations, le monument s’est imposé au fil des siècles comme l’un des plus grands lieux de pèlerinage de la chrétienté ; il demeure aujourd’hui l’un des sanctuaires les plus fréquentés au monde. Au XVe siècle, Louis XI y fait aménager une prison d’État, une activité qui perdurera jusqu’en 1863. En 1516, le pape octroie au roi de France la permission de nommer lui-même l’abbé « commendataire » du Mont. Dès lors, cette fonction prestigieuse tombera, bien souvent, entre les mains de favoris avides, souvent plus soucieux de profiter des richesses de l’abbaye que de la diriger. Quand en 1622, douze moines mauristes arrivent pour la réformer, l’abbaye est en triste état ; ils s’attelèrent à lui redonner son éclat. Une maquette reproduisant celle réalisée à la fin du XVIIe siècle pour Louis XIV, aujourd’hui conservée au musée des Plans-Reliefs, donne à voir sa physionomie à l’époque classique ; présentée à l’occasion de l’exposition, elle demeurera ensuite de manière pérenne dans la nef.
Le trésor reconstitué au XIXe siècle
L’intérêt patrimonial du Mont-Saint-Michel est peu à peu reconnu. Dès 1862, il est protégé au titre des Monuments historiques. Dix ans plus tard, l’architecte Édouard Corroyer est envoyé afin de conduire sa restauration. De son côté, Victor Petitgrand édifie en 1897 la flèche néogothique qui offre à l’édifice sa silhouette actuelle, célèbre aujourd’hui dans le monde entier. Le XIXe siècle se caractérise par une recrudescence de la dévotion à saint Michel, vainqueur du démon et peseur d’âmes ; son image se multiplie et ses attributions oubliées ressurgissent : il s’impose comme le bras armé de l’Église face à l’anticléricalisme galopant. Petitgrand choisit lui-même Emmanuel Frémiet (1824-1910) pour réaliser la statue de l’archange qui couronne la flèche. C’est également à cette époque que l’on reconstitue le trésor de l’abbaye disparu à la Révolution, dont plusieurs pièces attendent désormais les visiteurs sous la nef. On admirera particulièrement l’imposant reliquaire du chef de saint Aubert, fondateur du sanctuaire ; riche de 30 kilos d’or et d’argent, il s’inspire du précieux tabernacle de la chartreuse de Pavie.
Maylis de Cacqueray
« La demeure de l’archange. 1000 ans d’histoire et de création à l’abbatiale du Mont-Saint-Michel »
Jusqu’au 5 novembre 2023 à l’abbaye du Mont-Saint-Michel
50170 Le Mont-Saint-Michel
Tél. 02 33 89 80 00
www.abbaye-mont-saint-michel.fr