
Pour célébrer les trente ans de la collection d’art contemporain du château d’Oiron, le Centre des monuments nationaux a choisi de donner la parole et des pinceaux à des artistes muralistes d’Afrique du Sud.
En 1989, le ministère de la Culture décide de compléter le patrimoine historique du château d’Oiron, situé dans le département des Deux-Sèvres, par la mise en place d’une collection d’art contemporain spécialement conçue pour lui. C’est ainsi que la collection Curios & Mirabilia voit le jour ; librement inspirée des cabinets de curiosités, elle fait écho aux œuvres fabuleuses réunies par Claude Gouffier (1501-1570), grand collectionneur du XVe siècle, alors propriétaire du domaine. Inaugurée en 1993, elle n’a cessé de s’enrichir au fil du temps et rassemble désormais 63 artistes. Pour célébrer son 30e anniversaire, le CMN a fait appel à l’un d’entre eux, le peintre Laurent Marie Joubert (né en 1952). Afin de donner jour à l’exposition, ce dernier a collaboré avec cinq artistes muralistes sud-africains : Nokufa Maria Motaung, Joyce Ndimande, Bontle Tau, Seretse Moletsane et Mo Laudi.

Tradition et collaboration
Baptisé « Matrimoine », ce projet a pour véritable sujet le dialogue des cultures. Il présente notamment des œuvres témoignant de la tradition picturale des femmes sud-africaines, transmise de mère en fille, assurant la continuité d’une pratique artistique ancienne mais toujours vivante. Ces travaux, qui comptent également des œuvres plus anciennes de Laurent Marie Joubert, sont les fruits d’une collaboration intense, qui a également impliqué des habitants de la commune d’Oiron et du Thouarsais. Des ateliers de peinture collaboratifs sont organisés au château, permettant d’inscrire cette tradition ancestrale dans la modernité. Les œuvres, transposées sur des drapeaux, pavoiseront le parc. Les artistes sont appelés à investir également la chapelle Jeanne d’Arc à Thouars, aujourd’hui centre d’art contemporain, ou encore le Palais-Royal à Paris.

Splendeur et misère des Gouffier
C’est le roi Charles VII lui-même qui offre en 1449 la terre d’Oiron à Guillaume Gouffier, son chambellan. Nommé Grand écuyer en 1546, son petit-fils Claude Gouffier s’impose comme un grand collectionneur d’art. Alors que la famille vit son apogée, c’est à lui que l’on doit la galerie du château longue de 55 mètres, l’une des plus vastes du pays, illustrant l’histoire de Troie. Après la gloire vient le déclin. En 1700, le domaine est vendu à Madame de Montespan ; divers propriétaires s’y succèdent jusqu’au XXe siècle. Au fil des années, le château se dégrade. Il est finalement classé au titre des Monuments historiques en 1923, avant son achat par l’État en 1941. Dès les années 1950, les premières opérations de sauvetage et de restauration sont conduites.

Maylis de Cacqueray
« Matrimoine »
Jusqu’au 22 octobre 2023 au château d’Oiron
10 rue du Château, 79100 Plaine-et-Vallées
Tél. 05 49 96 51 25
www.chateau-oiron.fr