L’institution new-yorkaise vient d’annoncer l’entrée dans ses collections, à la faveur d’un don, d’un fastueux portrait féminin. Considérée comme l’une des effigies les plus abouties de Giovanni Battista Moroni encore en main privée, elle est en outre la plus importante peinture de la Renaissance italienne à gagner les collections du musée depuis plus d’un demi-siècle.
Immortalisé sous le pinceau de Bronzino, le jeune aristocrate florentin Lodovico Capponi, entré dans les collections d’Henry Frick quelques années avant sa disparition, a assurément de quoi se réjouir. Une présence féminine nouvelle flotte, en effet, depuis le 12 janvier dernier sur les salons du manoir édifié par le magnat de l’acier. Un don de l’entrepreneur et philanthrope Assadour O. Tavitian, l’un des trustees du musée disparu en 2020, vient de permettre à l’institution new-yorkaise située face à Central Park d’accrocher sur ses cimaises son premier portrait féminin de la Renaissance. Cette effigie avait déjà pu être particulièrement admirée par le public américain dès 2019, à l’occasion de l’exposition que la Frick Collection dédiait alors à l’artiste.
Moroni au sommet de sa carrière
Formé à Brescia dans l’atelier d’Alessandro Bonvicino (vers 1490/95-1554), plus connu sous le nom de « Moretto da Brescia », Giovanni Battista Moroni forgea principalement sa notoriété par la maestria qu’il sut déployer dans l’art du portrait. Titien lui-même n’hésitait pas à envoyer les gouverneurs vénitiens se faire portraiturer par lui ! On loue son réalisme, l’attention accordée à la psychologie de ses sujets, ainsi que le soin particulier porté à la représentation de leurs luxueux vêtements et accessoires. L’identité de cette jeune fille peinte vers 1575 est inconnue, mais la puissance du regard qu’elle darde sur le spectateur, inhabituelle pour l’époque, interroge. L’extraordinaire robe rose brochée de fils d’or et d’argent, la petite fraise immaculée qui enserre son cou et la joaillerie fine qui pare sa chevelure témoignent de la virtuosité acquise par l’artiste au sommet de sa carrière. Sur les quelque 125 portraits de sa main aujourd’hui répertoriés, à peine une quinzaine immortalise des traits féminins, à l’image du splendide portrait conservé par le Rijksmuseum d’Amsterdam.
Olivier Paze-Mazzi