
Conservant déjà déjà le relief principal figurant la mort héroïque du général Desaix à la bataille de Marengo (le seul connu jusqu’à présent) le musée d’art Roger-Quilliot de Clermont-Ferrand vient de préempter pour 120 000 € (prix marteau) auprès de la SVV lyonnaise Conan Belleville un impressionnant trophée d’armes. Récemment retrouvée en mains privées, cette œuvre avait été commandée à Joseph Chinard (1756-1813) pour orner le spectaculaire monument dédié par la ville à la mémoire du militaire.
Sculpteur néoclassique lyonnais devenu célèbre durant l’ère napoléonienne, Joseph Chinard (1756-1813) a su traverser sans trop d’encombres la période troublée de la Révolution en adaptant ses sujets aux changements politiques. Des œuvres telles que La Raison foulant aux pieds la Superstition font ainsi place aux portraits de la belle Juliette Récamier, aux élégants sujets allégoriques en terre cuite qui assurent sa fortune, ou encore – bien que dans une moindre mesure – aux portraits de généraux qui se sont illustrés durant la Révolution puis l’Empire.
Gloire à Desaix
Chinard œuvre ainsi aux côtés de l’architecte Joseph Laurent à un projet de monument au général Desaix pour la Ville de Clermont-Ferrand qui entendait ainsi rendre hommage à l’enfant du pays. Surnommé « la pyramide », il consiste aujourd’hui en un bassin surmonté d’un imposant obélisque, lui-même surplombé par une urne à l’origine destinée à recevoir le cœur du fidèle compagnon d’armes de Bonaparte. En raison d’aléas politiques et financiers, les quatre trophées monumentaux commandés à Chinard n’ont jamais été installés.

Raphaël Buisson-Rozensztrauch