
Exorcisme, bénédiction de l’eau, office des catéchumènes, extrême onction ou encore office des morts : ces divers rites catholiques rythmaient l’existence du prêtre qui durant le deuxième quart du XVIe siècle commanda cet in-folio délicat qui les détaille soigneusement. Sa lecture renseigne également sur le lieu d’exercice de son propriétaire ; on y trouve en effet mention de la collégiale Saint-Jean-le-Rond, disparue au milieu du XVIIIe siècle, ainsi que de l’édifice insigne auquel elle était accolée : Notre-Dame de Paris.
Un rare document pour l’histoire liturgique
Richement enluminé de centaines d’initiales peintes où s’épanouissent fleurs, acanthes et insectes, du papillon à l’escargot en passant par la coccinelle, ce remarquable manuscrit, doté au XVIIe siècle d’une reliure de veau granité, semble à ce jour le seul de ce type à pouvoir être rattaché à la fameuse cathédrale parisienne. Il fournit de précieuses indications sur l’histoire de la liturgie qui y était célébrée à la Renaissance, levant notamment le voile sur la nébuleuse répartition des fonctions liturgiques entre le chapitre cathédrale et les collèges de chanoines en dépendant.
Acquis grâce au mécénat de François Pinault
Identifié au XVIIe siècle dans la bibliothèque de Valentin de Bournonville, maître de musique à Notre-Dame de Paris de 1646 à 1653, il l’est ensuite deux siècles plus tard dans celle de Louis Auguste Napoléon Bossuet, grand amateur d’art qui fut curé de Saint-Louis-en-l’Île entre 1864 et 1888. Estimé entre 40 000 et 60 000 € durant la vente organisée à Paris par la maison Phidias le 19 mai dernier, il a été acquis pour 80 600 € (frais inclus) grâce au soutien de François Pinault. Il rejoint dans les collections de la Bibliothèque nationale de France les près de 300 manuscrits médiévaux et modernes en provenance de la bibliothèque capitulaire de Notre-Dame de Paris que conserve l’institution.
Olivier Paze-Mazzi
Vente Paris, Phidias, 19 mai 2022