Le département des Arts graphiques du musée du Louvre vient d’acquérir en collection particulière une splendide feuille de Rosso Fiorentino (1494-1540) conservant le souvenir de son projet de bâton cantoral pour Notre-Dame de Paris. Il était présenté jusqu’à fin janvier dans l’exposition que l’institution consacrait au trésor de la cathédrale.
Depuis le Moyen Âge, les chapitres de chanoines des cathédrales comprenaient plusieurs offices et dignités dont les titulaires en représentent en quelque sorte le gouvernement : le doyen (decanus) et le chantre (cantor) en sont les plus connus. C’est donc tout naturellement que le bâton du chantre est le symbole du chapitre, en particulier pour le distinguer des symboles de l’évêque. On le retrouve plus tard appliqué aux angles des reliures en cuir des livres du trésor.
Un modèle servant de contrat
Ce bâton n’était pas conservé au sein du trésor, mais il apparaît dans les inventaires à partir du XVIIe siècle. Sur ce modèle servant de contrat passé par le chapitre avec l’orfèvre parisien Macé Bégault, qui en confia lui-même la réalisation à son confrère Nicolas Maire, se reconnaît le style du peintre Rosso Fiorentino. L’artiste de François Ier avait été nommé par le roi chanoine de la Sainte-Chapelle et de Notre-Dame en 1537.
Le maniérisme de l’école de Fontainebleau
C’est sans doute en lien avec cette nomination, honorifique et financière, que Rosso fournit ce dessin, dont il fut chargé de contrôler l’exécution. Il fit le choix d’entourer d’un édicule à l’antique la statuette de la Vierge à l’Enfant, patronne de la cathédrale, dont la silhouette et le cou élégamment allongé relèvent bien du maniérisme de l’école de Fontainebleau, de même que les multiples têtes de chérubins ornant le socle.
Florian Meunier
Conservateur en chef au département des Objets d’art du musée du Louvre
(Notice de l’œuvre publiée dans Dossiers de l’Art n° 312 – Le trésor de Notre-Dame)