Nichée au cœur de la Ville rose, la Fondation Bemberg parachève sa mue après trois années de travaux, avant de rouvrir ses portes au public le 2 février prochain. En guise de célébration de sa renaissance, elle vient d’acquérir un exquis portrait féminin de la main de l’Américaine Mary Cassatt, emporté chez Ader à Drouot le 24 novembre dernier pour 1 216 000 € (frais inclus).
Nouvelle acquisition insigne pour la Fondation Bemberg. Après avoir fait entrer en 2021 dans ses collections la spectaculaire armoire à folios portant l’estampille de Bernard II Van Riesenburgh issue des prestigieuses collections de Machault d’Arnouville, l’institution toulousaine s’offre avec ce Portrait de jeune femme au chapeau blanc sa future icône. « Cette acquisition est en parfait accord avec l’esprit du fondateur Georges Bemberg, particulièrement attiré par les avant-gardes de la fin du XIXe siècle, mais également par le genre du portrait qui constitue un important fil rouge dans la collection », explique Ana Debenedetti, à la tête de la fondation depuis un an et demi. Un achat particulièrement judicieux qui fait de Mary Cassatt la deuxième artiste impressionniste accueillie dans les collections de l’hôtel d’Assézat, qui conservent déjà un pastel de Berthe Morisot figurant Julie Manet s’adonnant à la lecture.
Une Américaine à Paris
Venue de sa Pennsylvanie natale étudier l’art à Paris en 1866 dans l’atelier de Jean-Léon Gérôme, Mary Cassatt (1844-1926) s’installe véritablement dans la capitale en 1873. Malgré sa formation classique, elle se rapproche des impressionnistes, admirant Manet et se liant tout particulièrement d’amitié avec Degas. L’exécution en 1879 de ce ravissant portrait de jeune fille coïncide avec la tenue de la quatrième exposition impressionniste à laquelle participe pour la première fois l’artiste, refusée du Salon officiel en 1875 et 1879.
Un pont entre la Renaissance et l’art moderne
Inaugurée en 1995, la Fondation Bemberg a pour vocation la préservation et la valorisation des collections d’art de Georges Bemberg (1915-2011), descendant d’une famille d’industriels argentins venus d’Allemagne au milieu du XIXe siècle. Il y affirme sa prédilection pour l’art de la Renaissance, notamment vénitien, la peinture de Lucas Cranach l’Ancien, ainsi que son goût pour les maîtres des XVIIe et XVIIIe siècles. Également passionné d’art moderne, le collectionneur s’intéresse en outre aux tenants de l’avant-garde des XIXe et XXe siècles, rassemblant notamment plus de 30 toiles de Pierre Bonnard.
Olivier Paze-Mazzi