
Le musée des Beaux-Arts d’Orléans vient de recevoir en don un Saint Philippe par Ribera. Depuis plusieurs années l’établissement cherchait une œuvre de l’artiste afin de venir compléter son fonds de peinture napolitaine du XVIIe siècle.
Daté vers 1635, ce Saint Philippe s’inscrit dans la période de maturité de l’artiste et peut être rapproché des Apostolados du musée du Prado à Madrid qui témoignent du même ténébrisme subtil. Issu de la collection de l’avocat et collectionneur Didier Malka, le tableau a fait l’objet d’une restauration méticuleuse par Cinzia Pasquali avant d’être présenté à la conservation du musée. Ribera rejoint désormais dans les collections de l’institution orléanaise ses contemporains Antonio de Bellis, et Mattia Preti, dont le musée conserve plusieurs œuvres. L’huile sur toile entre également en dialogue avec le célèbre Saint Thomas de Velázquez, l’un des très rares tableaux de ce peintre conservés en France. Ayant lui aussi fait partie d’un Apostolado, il avait déjà été mis en relation avec des œuvres de Ribera durant l’exposition orléanaise « Dans la Poussière de Séville, sur les traces du Saint Thomas de Velázquez » en 2021 (voir EOA n° 581, pp. 52-59).

Galerie d’apôtres
L’apostolado est un terme espagnol employé pour désigner des séries de tableaux figurant les douze apôtres. Initiée par El Greco, cette pratique, marquée par la tradition orthodoxe, va se développer tout au long du XVIIe siècle, notamment chez les caravagesques. Il suit une typologie très stricte avec des figures drapées représentées en buste de 3/4, même si l’on peut voir des cycles similaires avec des personnages figurés de plein pied. Répétitif, ce genre offre pourtant aux artistes la possibilité de montrer leurs talents d’invention dans la variation de douze demi-figures masculines quasi identiques, en général présentées sur des fonds neutres. Aujourd’hui largement associés à la péninsule ibérique et au rôle joué par l’inquisition dans le renouvellement de l’imagerie religieuse, les cycles apostoliques ont également séduit des artistes septentrionaux ayant eu pour la plupart des relations avec l’Espagne ou Naples, à l’image des Apostolados de Rubens, Simon Vouet ou Georges de La Tour.
Simon Poirier