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Au cœur de la vallée de la Vézère, à la découverte des gisements, abris et grottes de la Préhistoire (2/7). Les grottes des Combarelles, joyaux mystérieux 

Bison gravé dans la grotte des Combarelles III.

Bison gravé dans la grotte des Combarelles III. © Olivier Huard, CMN

À l’occasion de l’achat par l’État, en novembre dernier, de l’iconique abri Cro‑Magnon, Archéologia vous propose de passer l’été dans les cavités du département de la Dordogne. Mondialement célèbres, certains de ces sites ont été découverts il y a plus de 150 ans ; ils sont toujours au cœur de la recherche scientifique qui vise à mieux comprendre leur datation, leur occupation (par Néandertal et Homo sapiens), ou encore leurs usages (habitats, lieux d’inhumation, lieux de création artistique…). Bienvenue en ces lieux exceptionnels !

Les auteurs de ce dossier sont : Nathalie Fourment, coordinatrice scientifique de ce dossier et directrice du musée national de Préhistoire, ministère de la Culture et UMR 5199 PACEA ; Estelle Bougard, Muséum national d’Histoire naturelle, équipe ComE, UMR 7194 CNRS ; Catherine Cretin, musée national de Préhistoire, ministère de la Culture, UMR 5199 PACEA, université de Bordeaux ; Noël Coye, Centre national de Préhistoire, ministère de la Culture ; Émeline Deneuve, Drac Nouvelle-Aquitaine, Service régional de l’archéologie, ministère de la Culture, UMR 7194 HNHP, Museum national d’Histoire naturelle ; Emmanuel Discamps, UMR 5608 TRACES, université Toulouse Jean-Jaurès ; Jacques Jaubert, UMR 5199 PACEA, université de Bordeaux ; Brad Gravina, musée national de Préhistoire, ministère de la Culture, UMR 5199 PACEA, université de Bordeaux ; Elena Paillet, Drac Bretagne, service régional de l’archéologie, UMR 6566 CREAAH, université de Rennes ; Patrick Paillet, Muséum national d’Histoire naturelle, UMR 7194 ; Marc Thomas, UMR 5608 TRACES, université Toulouse Jean-Jaurès

Le site de la grotte des Combarelles : le porche des Combarelles I & II et le bâtiment d’accueil.

Le site de la grotte des Combarelles : le porche des Combarelles I & II et le bâtiment d’accueil. © O. Huard, CNP, MC

Non loin du bourg des Eyzies, à quelques kilomètres de plusieurs géants de l’art préhistorique, les grottes des Combarelles restent discrètes. Grâce aux fouilles menées dans la cavité principale et dans le vallon, nous pouvons dater leur fréquentation, et la réalisation de leurs merveilleux décors, qui remontent au Magdalénien moyen et supérieur, il y a environ 17 000 à 15 000 ans.

Découverte le 8 septembre 1901, avant même la reconnaissance scientifique d’un art pariétal préhistorique, Combarelles I est une étroite galerie sinueuse de plusieurs centaines de mètres, dont 250 de parois ornées. Dans le même réseau karstique, les grottes dites Combarelles II et Combarelles III, identifiées plus récemment, sont fermées au public pour des raisons d’accessibilité et de conservation. Toutes offrent une vision renouvelée du graphisme paléolithique car elles présentent des animaux rares (comme une antilope saïga) ou des techniques originales (gravures sur argile).

Un bestiaire exceptionnel

Le fantastique décor de Combarelles I comprend des milliers de gravures. Sur les parois, des animaux se déploient au sein de fresques entremêlées et accompagnent le visiteur dans sa déambulation. Les chevaux dominent le bestiaire, qui inclut aussi de nombreux bovinés, rennes, mammouths et quelques animaux plus inhabituels comme des ours, des félins ou des canidés. Autre caractère exceptionnel, plusieurs humains ont été figurés, ainsi que de nombreux signes, dont les tectiformes (rappelant la forme d’un toit) assez similaires à ceux des grottes voisines.

Cheval de la grotte des Combarelles I.

Cheval de la grotte des Combarelles I. © Olivier Huard, CMN

Des traces peintes

En 2015, un programme de recherche dédié aux traces peintes a révélé un aspect mal connu du corpus. Environ 170 entités en noir ou rouge ont été identifiées, souvent complémentaires des gravures. Elles soulignent les animaux (lignes dorsales, appendices, détails anatomiques…) ou marquent la topographie. Peu visibles aujourd’hui, elles devaient être parfaitement apparentes au moment de la réalisation, au même titre que les traits gravés qui apparaissaient de couleur claire sur la paroi en calcaire.

Un décor complexe

La vision que nous en avons désormais confirme la complexité de l’art de la cavité. Les artistes ont su jouer avec les reliefs, la topographie et les effets de couleur. Ainsi, quelques discrètes touches noires suffisent à créer l’impression d’une harde derrière une file de cervidés gravés. Un tracé complétant une convexité naturelle semble faire surgir un cheval de la roche… et quelques points ou lignes savamment disposés enjoignent les visiteurs à continuer plus avant leur progression dans ce lieu hors du temps. 
Les trois grottes du vallon des Combarelles sont un témoignage de la subtilité de l’art préhistorique, qui se donne à voir à celle ou celui qui sait prendre son temps. Il faut accepter de ne pas tout y percevoir au premier coup d’œil et de laisser surgir les figures à 360 degrés autour de soi, pour que ce joyau méconnu offre ses secrets.

Des sites à visiter

– Le Centre des monuments nationaux propose à la visite un certain nombre de sites : l’abri du Cap-Blanc, la grotte des Combarelles, la grotte de Font-de-Gaume, l’abri du Poisson, le gisement de La Ferrassie, le gisement du Moustier, le gisement de Laugerie-Haute et le gisement de La Micoque https://tickets.monuments-nationaux.fr/fr-FR/familles?site=2117969240920404140

– Aux Eyzies, le musée national de Préhistoire est un incontournable https://musee-prehistoire-eyzies.fr

– À Montignac, se trouve Lascaux IV – Centre international de l’art pariétal https://lascaux.fr/fr/Lascaux

– À voir aussi, la salle d’exposition permettant de découvrir la grotte de Cussac au Buisson-de-Cadouin www.lebuissondecadouin.fr/exposition-de-la-grotte-de-cussac

– La très belle grotte de Rouffignac www.grottederouffignac.fr/index.php/fr

– Le vallon de Castelmerle à Sergeac www.castel-merle.com