Kitchen Print, biennale de l’estampe faite maison

Vernissage de la 6e édition de la Biennale Kitchen Print le 11 juillet 2025 à la Bibliothèque médiathèque intercommunale d'Épinal. © DR
L’appel international à participation lancé par Émilie Aizier (Atelier Kitchen Print) est couronné de succès : plus d’une centaine d’artistes ont répondu présent. Ils sont accueillis cet été par la Bibliothèque médiathèque intercommunale à Épinal pour une exposition consacrée à l’estampe.
Pour participer au concours, le 6e du nom, il fallait envoyer une estampe au format A4 maximum, réalisée avec des techniques anciennes et contemporaines d’impression (gravure en creux sur métal et sur carton, lithographie sur pierre et sur métal, gravure en relief sur bois et linoléum, sérigraphie…).
Graver dans sa cuisine
L’Atelier Kitchen Print, créé par Émilie Aizier, fédère les praticiens sensibles à une démarche de diminution de la toxicité des produits, pour ceux qui les manient comme pour l’environnement. Elle consiste aussi à maîtriser le processus du début à la fin, de la création à l’impression de l’image, dans un esprit de recherche et d’innovation, avec des moyens simples… que l’on peut mettre en œuvre dans sa cuisine (kitchen). Et à pratiquer la « Kitchen Lithographie ». Qu’est-ce donc ? « Un procédé de lithographie simplifié, accéléré et rendu moins toxique utilisant du cola à la place de l’acide nitrique pour fixer le dessin (ou autre jus de fruit ou jus assez acide obtenu chez soi), de l’huile de cuisine à la place de l’essence de térébenthine… On dessine sur de l’aluminium (plaque ou feuille) ou de la pierre calcaire », explique l’artiste. Une quête d’alternatives qui essaime sur plusieurs continents.

Witold Warzywoda, Rzeczy niepotrzebne IV, Kitchen lithographie sur aluminium, 24 x 18 cm. Prix Kitchen Litho. © Witold Warzywoda
112 participants du monde entier
Pour preuve, les 112 participants qui viennent de nombreux pays : Argentine, Brésil, Mexique, Canada, Nouvelle-Zélande, Égypte, Israël, Allemagne, Belgique, Bulgarie, Croatie, Espagne, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Serbie, Suède, Ukraine… Certains sont représentés par des étudiants – Pologne et Croatie – « grâce à deux formidables enseignantes : Alicja Habisiak- Matczak (Academy of Fine Arts de Łódź, Pologne) et Ksenija Tomičić (School of Applied Arts and Design de Pula, Croatie) : elles enseignent mes techniques de Kitchen Lithographie, si bien que seront exposées un bon nombre d’œuvres sur feuilles et plaques d’aluminium », se réjouit l’organisatrice. Beaucoup de Français aussi, dont bien sûr des graveurs de la région Grand Est comme le plasticien et artiste du livre Jean-Pierre Lécuyer (Plombières-les-Bains), Nelly Dolmaire, Didier Clad (Kruth), Alban Dreyssé (Strasbourg) ou Jeanne Clément (Nancy). Un livre d’art et quelques estampes de Clair Arthur imprimés en Kitchen Lithographie par Émilie Aizier seront aussi présentés.

Livinus Pelgrims, Bucha I, carton gravé, 17 x 28 cm. Prix Gravure en taille-douce. © Livinus Pelgrims
Un concours et trois prix
Un jury de dix professionnels du domaine des beaux-arts (artistes, enseignants, directeurs de centre d’art, collectionneurs…) s’est réuni pour attribuer trois prix : le prix spécial dédié à la technique Kitchen Litho a été remis à Witold Warzywoda (Pologne), le prix Gravure en taille-douce à Livinus Pelgrims (Belgique) et le prix Impression d’art à François Pache (France). Six mentions ont également été décernées : à Pierre Gallian (France) et Gabriela Strzelczak (Pologne) dans la catégorie Kitchen Litho, à Melisa-Natasha Budea (Roumanie) et Erika Dania Ramírez Mejía (Mexique) dans la catégorie Gravure en taille-douce et à Valérie Guérin (France) et Patrícia Pedrosa (Brésil) dans la catégorie Impression d’art. L’absence de sujet imposé, prévue au règlement, ouvre la porte à une très grande variété d’inspiration. L’objectif de cette manifestation d’ampleur est de promouvoir l’estampe, avec une prédilection pour les matériaux simples, voire pauvres, une envie de chercher des nouveaux procédés ou des astuces innovantes, et de réaliser du fait main et fait chez soi.

François Pache, Chemin sinueux dans la forêt de Kurama, linogravure, 29 x 21 cm. Prix Impression d'art. © François Pache
Bio express d’Émilie Aizier
Émilie Aizier a suivi les cours de l’École supérieure d’art de Lorraine et obtenu son diplôme (DNSEP), pour lequel elle s’est fait remarquer par son travail en gravure. Passionnée d’impression d’art, elle intègre l’équipe d’imprimeurs et d’éditeurs du Centre d’art graphique de la Métairie Bruyère, maison prestigieuse qui a travaillé pour Joan Miró, Pierre Alechinsky ou encore Richard Texier… En 2011, elle met au point la possibilité de réaliser des lithographies chez soi, sans le matériel nécessaire à un atelier d’impression classique, puis rédige plusieurs manuels sur le sujet (disponibles en français et en anglais), tout en enseignant cette technique dans son propre atelier à Épinal.
« Kitchen Print, 6e Biennale internationale de l’estampe faite maison », jusqu’au 30 août 2025 à la Bibliothèque médiathèque intercommunale (BMI), 48, rue Saint-Michel, 88000 Épinal. Tél. : 03 29 39 98 20. bmi.agglo-epinal.fr
Atelier / Printmaking studio, Émilie Aizier, 29 bis, rue Vautrin. 88000 Épinal. Tél. : 06 66 12 27 15. emilie.aizier@gmail.com. atelier-kitchen-print.org





