À Barcelone, la Casa Batlló, chef-d’œuvre de Gaudí, retrouve ses couleurs d’origine
Détail de la façade sur rue de la Casa Batlló, restaurée en 2019. Photo service de presse. © Anibal Trejo
Sur le très chic Passeig de Gràcia, à Barcelone, la Casa Batlló, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, ne passe pas inaperçue. La demeure est l’un des chefs-d’œuvre d’Antoni Gaudí et l’une de ses réalisations illustrant le mieux sa fantaisie et son ambition de créer un art total. Au terme d’un chantier d’un an, la cour et la façade arrière ont retrouvé l’éclat et les couleurs voulus par le célèbre architecte.
À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, le Passeig de Gràcia constituait l’une des adresses les plus prisées de Barcelone. C’est là qu’un riche industriel du textile, Josep Batlló, acquit en 1903 une maison élevée quelques années plus tôt. Après avoir renoncé à la reconstruire entièrement, il confia à Antoni Gaudí (1852-1926) le soin de la transformer, laissant carte blanche à l’imagination de l’architecte moderniste.
Plongée dans un univers marin
Dès la façade sur rue, le thème décliné par Gaudí dans l’ensemble de la Casa Batlló, du sous-sol au toit et dans chacun des détails ornementaux, se révèle : la mer. La façade est illuminée par des trencadis aux couleurs marines, dont les nuances changent avec les rayons du soleil, tandis que les balcons évoquent des créatures aquatiques et le toit, le dos d’un monstre marin. À l’intérieur, tout concourt à immerger le visiteur dans cet univers, depuis les mosaïques au subtil dégradé de bleu du puits de lumière central jusqu’au tourbillonnant plafond du salon familial.
Avec ses trencadis scintillants et ses tuiles évoquant les écailles d’un monstre marin, la façade sur rue de la Casa Batlló, restaurée en 2019, invite au voyage. Photo service de presse. © Anibal Trejo
Une fascinante œuvre d’art total
Plutôt que de détruire le bâtiment existant, comme le lui avait d’abord suggéré Josep Batlló, Gaudí en transforma profondément la façade et la structure. Les lieux accueillaient d’une part la résidence privée de la famille Batlló, accessible par sa propre entrée, d’autre part plusieurs appartements, que les Batlló louaient. Dès le hall d’entrée, la structure de l’immeuble apparaît, tournant autour du puits de lumière central.
À gauche, vue du rez-de-chaussée vers le puits de lumière ; à droite, l'escalier menant à l'étage noble. Photos service de presse. © Casa Batlló
Tandis que les appartements sont accessibles par l’ascenseur, un grand escalier mène, au premier étage, aux pièces de réception des Batlló. Leur point d’orgue est le salon, vaste espace ouvert sur le Passeig de Gràcia par une baie vitrée permettant de voir l’avenue autant que d’être vu des passants, et surmonté d’un impressionnant tourbillon. Du rez-de-chaussée aux combles, chaque détail participe de l’esthétique raffinée et de la fantaisie des lieux.
Le grand salon, au premier étage de la Casa Batlló. Photo service de presse. © Casa Batlló
Objectif : restituer l’état de 1906
Six ans après celle de la façade sur rue et du toit, la restauration de la façade arrière et de la cour privée viennent de s’achever. Dans cette demeure toujours partiellement habitée, des modifications avaient été faites au fil du temps et de l’usage des lieux. Une équipe d’architectes et d’historiens a donc planché sur le projet originel de Gaudí, afin que chacun de ses détails soit pris comme référence. Des artisans chevronnés ont ensuite été sélectionnés dans les domaines de la ferronnerie, du verre, du bois et de la céramique.
La façade arrière et la cour de la Casa Batlló viennent d’être restaurées. Les grilles des balcons ont retrouvé leur couleur blanche d'origine et le stuc, sa couleur noire. Photo service de presse. © Claudia Mauriño
L’ingéniosité de Gaudí de nouveau révélée
Ces artisans ont restauré les teintes d’origine du bois, du fer et du stuc de la façade. Les recherches préalables ont en effet montré que les balcons étaient blancs et non noirs et que, inversement, le stuc était noir, et non crème. L’effet visuel est ainsi totalement différent. Une attention particulière a été portée à la conservation des trencadis, mosaïques de céramique et de verre que l’architecte employa dans nombre de ses réalisations et qui ornent le fronton de la façade. Dans la cour, la pergola et les jardinières, qui avaient disparu, ont été restituées, tandis que les 85 000 tesselles de mosaïque du sol ont été recréées. Ne manquez pas de réserver une visite de de joyau si vous vous rendez prochainement à Barcelone.
Dans la cour privée de la Casa Batlló, la pergola avait été détruite : elle vient d’être restituée. Photo service de presse. © Claudia Mauriño
Casa Batlló, Passeig de Gràcia 43, 08007 Barcelone (Espagne). Réservations : www.casabatllo.es
Pour en savoir plus : « Gaudí, un génie à l’œuvre », Dossiers de l’Art n° 297, à commander sur www.faton.fr
