Adjugé ! Un chef-d’œuvre signé Cartier : le merveilleux diadème Astor

Cartier, diadème en platine, diamants et turquoises, 1930. D. 33,5 cm ; H. 4,7 cm. Vente Londres, Bonhams Cornette de Saint Cyr, 5 juin 2025. Estimé : 250 000/350 000 £. Adjugé : 889 400 £ (1 029 987 € frais inclus). © Bonhams Cornette de Saint Cyr
La spécificité du marché du bijou tient à la valeur fluctuante de sa matière première, actuellement particulièrement élevée pour ce qui est de l’or. Les pièces importantes, anciennes, pâtissent toutefois d’une atmosphère internationale plutôt morose. Quelques belles collections sont néanmoins récemment apparues, notamment à Genève avec celle de JAR, toujours très courtisé.
Lenfant redevient grand
Le nom de Georges Lenfant (1872-1945), fabricant spécialiste de l’emmaillement, est à connaître. Ses bijoux proposés à toutes les adresses de la place Vendôme – mais aussi à Suzanne Belperron – portent souvent seulement le nom de ces maisons. Le prix de ce bracelet de la série dénommée Optical témoigne de ses audaces et de sa réponse, dans les années 1970, à l’art optique, cinétique, par son jeu de sinusoïdes. Des bijoux moins iconiques atteignent les 6 000 € en province, encore de bonnes affaires avant la montée de la cote, un livre étant par ailleurs en préparation.

Bracelet ruban en or, maille milanaise tressée, vers 1970. 18,5 x 4,7 cm ; poids : 140 g. Vente Paris, Drouot Estimations, 11 avril 2025. Estimé : 10 000/15 000 €. Adjugé : 38 125 € (frais inclus). © Drouot Estimations
Naissance de Dior Joaillerie
Cette parure faisait partie, en 1999, de la première collection de la nouvelle maison Dior Joaillerie. Sur le collier, les rayons du soleil alternent ondulations aux volumes plus prononcés sur un des côtés et rayons courts et souples. Le collier est une collerette que l’on s’imagine aisément porter et dont se dégage néanmoins une grande féérie par la richesse de sa matière et le travail du volume. Ce bijou technique fut réalisé par un grand atelier, la maison Duhem. Faye Dunaway fut la reine de ce Roi soleil sur les tapis rouges du festival de Cannes. Voilà un prix intéressant pour cette pièce dorénavant historique qui aurait pu entrer dans la collection patrimoniale de la maison, mais cela est une autre histoire…

Dior, Roi soleil, collier et pendants d’oreilles en or, saphirs jaunes et orange, grenat spessartite, D. 42 et 5,5 cm. Vente Genève, Christie’s, 14 mai 2025. Estimé : 60 000/100 000 CHF. Adjugé : 289 800 CHF (309 746 € frais inclus). © Christie’s Images Ltd
Intemporelle poésie
Quand la matière est au service de l’immatériel, JAR s’impose. Dans une influence japonisante manifeste, la disposition dissymétrique de ces fleurs d’abricotier permet d’en changer les angles de vue en tournant le bracelet. D’autres, avec ce même corps rendu élastique, furent réalisés dans les années 2010, conjuguant boutons, fleurs de cerisier, toujours avec ce sens de la composition, cette incroyable minutie de détails, comme moulés. L’élément naturaliste ressenti est traduit : fleurs sur trembleuses, pétales finement ourlés, texture de la branche, une merveille de savoir-faire dont une photographie peine à rendre la magie.

JAR, bracelet en argent noirci, diamants et émail. D. 12 cm. Vente Genève, Christie’s, 14 mai 2025. Estimé : 280 000/550 000 CHF. Adjugé : 2 374 250 CHF (2 542 283 € frais inclus).
Tulipia par trop figée
En opposition aux fleurs de JAR, voici en haute joaillerie un coloriage de pierres, un motif aux contours secs. Si le pourtour de diamants du collier est censé apporter de la souplesse, il se complique pourtant avec un rang qui semble réutilisé de manière artificielle. Les trois saphirs non chauffés de forme ovale (Ceylan respectivement de 11,17, 9,46 et 7,01 carats) étaient initialement sur le collier en chute. La cliente a-t-elle trouvé cela superflu ? Deux d’entre eux furent montés en pendants d’oreilles. Cela ne résout néanmoins pas le problème de fond : cette fleur n’a pas d’âme. Au peu d’élan créatif a répondu celui des enchères, proche de la réserve. Heureusement, la directrice des créations Claire Choisne redonne aujourd’hui ses lettres de noblesse à la maison Boucheron.

Boucheron, collier et pendants d’oreilles en or, saphirs de couleurs, diamants, 2009. Vente Genève, Christie’s, 14 mai 2025. Estimé : 200 000/300 000 CHF. Adjugé : 428 400 CHF (458 719 € frais inclus). © Christie’s Images Ltd
Exquise élégance
Voici une belle adjudication qui doit beaucoup au nom de la maison et à la bonne époque (1910), mais aussi à une matière alors prisée, l’agate mousse, dont la cristallisation naturelle offre ce motif végétal. Devant son incroyable succès, Karl Fabergé s’entoura de nombre de maîtres d’atelier, dont Albert Holmström qui réalisa ces boutons simples mais aussi, pour mémoire, deux œufs célèbres, celui d’hiver imitant la glace (1913) ou celui en mosaïque de pierres (1914). Petit ou grand, le bijou offert au feu des enchères sert d’abord un objectif, celui du plaisir…

Fabergé, atelier d’Albert Holmström, boutons de manchettes en or et agate, Saint-Pétersbourg, vers 1910. 1,6 x 1,1 cm. Vente Genève, Sotheby’s, 16 mai 2025. Estimé : 10 000/15 000 CHF. Adjugé : 27 940 CHF (29 917 € frais inclus). © Sotheby’s Art Digital Studio
Merveilleux diadème Astor
La vicomtesse Nancy d’Astor est célèbre à plus d’un titre : mondaine américano-anglaise, première femme à entrer au Parlement – pas pour de la figuration –, elle reçut en cadeau de mariage de son beau-père le fabuleux Grand Sancy, ce diamant dorénavant conservé au Louvre. Quant à ce diadème, jalon dans l’histoire de la création de Cartier des années 1930, il illustre son goût du remploi et des pierres gravées : la base du bandeau en diamant était préexistante, apporté chez le joaillier dans un écrin Boucheron ; les feuillages stylisés de turquoises rappellent l’engouement de la maison pour l’art oriental. Ce diadème plut tant que, pour la sœur de Nancy, Cartier réalisa un autre modèle tout aussi illustre, entièrement en turquoises aux motifs de boteh (gouttelette). Les deux furent visibles simultanément, le second apparaît au sein de l’exposition dédiée à Cartier qui se tient actuellement au V&A à Londres.

Cartier, diadème en platine, diamants et turquoises, 1930. D. 33,5 cm ; H. 4,7 cm. Vente Londres, Bonhams Cornette de Saint Cyr, 5 juin 2025. Estimé : 250 000/350 000 £. Adjugé : 889 400 £ (1 029 987 € frais inclus). © Bonhams Cornette de Saint Cyr





