Le média en ligne des Éditions Faton

Fossile de crocodile, échafaudage antique et hipposandale : 6 expositions qui posent des questions en octobre 2025 

Fac-similé de l’échafaudage antique installé dans le théâtre romain de Lillebonne.

Fac-similé de l’échafaudage antique installé dans le théâtre romain de Lillebonne. © Fabri Tignvarii

De la place du cheval dans la culture celte à la construction des théâtres antiques en passant par l’histoire des Burgondes en Savoie, voici une sélection des expositions de cet automne à ne pas rater pour les férus d’archéologie.

ANNECY | Grands crus de Burgondes

Menées entre 2014 et 2016, les fouilles de la nécropole d’Annecy ont levé le voile sur une page méconnue de l’histoire de la ville savoyarde : la présence des Burgondes, peuple germanique du début du Moyen Âge, originaire du Nord de l’actuelle Pologne. C’est ce que nous raconte cette exposition au fil de leurs objets iconiques : bijoux, accessoires vestimentaires, armes, objets de la vie quotidienne… révélant aussi en filigrane les liens qu’ils tissèrent avec les puissances européennes voisines : Romains, Francs ou Huns. Revenant sur les trois siècles d’histoire complexe de ce royaume, le parcours montre comment une communauté s’installa dans la région de la Sapaudia, entre Rhin et Rhône, se distingua auprès des Romains lors de la bataille des champs Catalauniques (contre les Huns), avant de s’incliner devant la puissance des Francs de Clovis. É. F.

Fibule en argent doré. Fin Ve siècle – début VIe siècle.

Fibule en argent doré. Fin Ve siècle – début VIe siècle. © Antoine Valois, Inrap

« L’épopée burgonde. Naissance du Moyen Âge en Haute-Savoie », jusqu’au 31 octobre 2025 au musée-château d’Annecy, 3 place du Château, 74000 Annecy. Tél. 04 85 46 76 70 et https://musees.annecy.fr
Catalogue, édition Snoeck, 150 p., 30 €

LYON | Merveilles médiévales

Qu’est-ce que le merveilleux au Moyen Âge ? C’est à cette question que tente de répondre le musée d’Histoire de Lyon (qui renoue ainsi avec un nouveau cycle d’expositions temporaires) en explorant toutes les facettes de cette notion – relevant du miraculeux, du magique, de l’étrange, du nonexpliqué… Pour ce faire, elle s’appuie sur trois ensembles exceptionnels rarement (voire jamais) présentés : de somptueux manuscrits carolingiens issus de la bibliothèque de l’évêque Leidrade ; un ensemble sculpté d’époque romane figurant des animaux, des symboles astraux (constellations du Centaure, du Grand Chien) et des signes du Zodiaque (fascinant par sa richesse et sa diversité) ; ou encore des objets, souvent prophylactiques, issus des fouilles récentes menées à l’abbaye de l’Île-Barbe, lieu de pèlerinage important de ce long Moyen Âge. É. F.

Objet sculpté provenant de l'abbaye de l’île-Barbe et surnommé

Objet sculpté provenant de l'abbaye de l’île-Barbe et surnommé « la couronne de Charlemagne ». © Xavier Schwebel, Jérôme Pantalacci, musée d’Histoire de Lyon

« Merveilleux Moyen Âge. L’abbaye de l’Île-Barbe, un voyage aux portes de Lyon », du 17 octobre 2025 au 1er novembre 2026 au musée d’Histoire de Lyon, 1 place du Petit Collège, 69005 Lyon. Tél. 04 78 42 03 61 et www.gadagne-lyon.fr

LILLEBONNE | Tout un art !

Le théâtre de Lillebonne fait partie des édifices romains les mieux conservés de Normandie. L’exposition du musée attenant permet de percer les secrets de son histoire et de comprendre l’architecture complexe de cet monument de spectacle, qui a la particularité d’associer une arène et un bâtiment de scène. C’est ainsi grâce aux récentes campagnes de restauration qu’ont notamment été mis en lumière les trois époques de sa construction comme les matériaux et les techniques employés au début de notre ère. La reconstitution d’un échafaudage en bois par l’association des Fabri Tignvarii, spécialisée dans la restitution de chantiers antiques, aide à se figurer les conditions de l’élévation de cet ouvrage spectaculaire de la fastueuse Juliobona. M. D.

Fac-similé de l’échafaudage antique installé dans le théâtre romain de Lillebonne.

Fac-similé de l’échafaudage antique installé dans le théâtre romain de Lillebonne. © Fabri Tignvarii

« L’art de bâtir sous l’Antiquité », jusqu’au 3 novembre 2025 au théâtre romain de Lillebonne, place Félix Faure, 76170 Lillebonne. Tél. 02 32 65 20 00 et www.theatreromaindelillebonne.fr

MARSAL | Des chevaux et des celtes

Avis aux passionnés d’équitation ! Le musée départemental du Sel de Marsal consacre sa nouvelle exposition aux chevaux, soulignant toute leur importance dans la vie quotidienne comme dans la mythologie celtes. Pièces de harnachement et d’attelage, ou encore de char, témoignent de leur rôle majeur pour l’aristocratie guerrière. Les fouilles des sépultures des élites ont mis au jour non seulement des armes et des parures, mais également ces fameux éléments de transport, et parfois même des squelettes de chevaux enterrés au côté de leur maître. La présence de traces de découpe, observées par exemple sur des ossements équins découverts lors d’une fouille récente à Eguisheim dans le Haut-Rhin, soulève l’épineuse question de la consommation de viande de cheval, et suscite plusieurs hypothèses : s’agirait-il d’un sacrifice lors de funérailles ou d’un dépôt de boucherie ? Parmi les œuvres emblématiques du parcours, une « hipposandale » attire l’attention. Récemment découverte sur le site de Marsal, cette semelle métallique servait à protéger les sabots, le plus souvent à des fins curatives en maintenant un cataplasme. Quant aux superbes pièces de monnaie en or et en argent, elles mettent en lumière la symbolique complexe qui entoure le cheval. Animal psychopompe, il incarne le passage entre le jour et la nuit, la vie et la mort, et conduit les âmes dans l’au-delà. Il est ainsi d’ailleurs souvent représenté, de manière stylisée, entouré d’étoiles ou de lunes évoquant sa course céleste… M. D.

Denier des Rèmes. Argent, La Tène. Drac Grand Est, site de Metz, CCEL.

Denier des Rèmes. Argent, La Tène. Drac Grand Est, site de Metz, CCEL. © L. Mocci, F. Verdelet, Inrap

« Celtes en selle », jusqu’au 6 décembre au musée départemental du Sel, Porte de France, 57630 Marsal. Tél. 03 87 35 01 50.

PÉRIGUEUX | L’antiquité près de chez vous

Comment vivaient les habitants de la Vesunna antique ? Pour le découvrir, plongeons dans la nouvelle exposition du musée : au fil d’une scénographie restituant l’ambiance animée des rues de la cité gallo-romaine grâce de multiples dispositifs visuels (superbes dessins de Pierre-Yves Videlier !), sonores et olfactifs, nous découvrons le quotidien de la capitale du peuple gaulois des Pétrocores. Ici des vases et des pichets en céramique, ou encore des pièces de monnaie évoquent l’importance du commerce, là des aiguilles et des fuseaux indiquent une activité artisanale liée au textile… Mis en relation avec un sceau d’oculiste portant le nom de Caius Sentius, un balsamaire en verre contenant probablement une préparation pharmaceutique atteste du développement des pratiques médicales. Quant aux osselets et aux jetons en os, ils étaient utilisés aussi bien pour des jeux d’enfants que dans le cadre de rites divinatoires. Des outils, comme le fer (matériau de prédilection des Pétrocores selon Strabon) d’une herminette, permettent d’aborder la question de l’architecture romaine et des techniques de construction. Enfin, des vestiges de graffitis offrent de précieux témoignages sur les préoccupations des habitants. Tracés sur les enduits des murs, les inscriptions et les dessins, plus ou moins aboutis, renvoient en grande majorité aux combats de gladiateurs et à la chasse aux cerfs dans cette cité qui connut son apogée dans les premiers siècles de notre ère. M. D.

Vue de l'exposition « L’Antiquité au coin de la rue. Voir et percevoir l’espace public gallo-romain » à Vesunna, site-musée gallo‑romain (Périgueux).

Vue de l'exposition « L’Antiquité au coin de la rue. Voir et percevoir l’espace public gallo-romain » à Vesunna, site-musée gallo‑romain (Périgueux). © Vesunna, site-musée gallo-romain

« L’Antiquité au coin de la rue. Voir et percevoir l’espace public gallo-romain », jusqu’au 8 mars 2026 à Vesunna, site-musée gallo‑romain, parc de Vésone, 20 rue du 26e Régiment-d’Infanterie, 24000 Périgueux. Tél. 05 53 53 00 92 et www.perigueux-vesunna.fr

LODÈVE | Le crocodile de l’Hérault

La prochaine exposition du musée de Lodève nous dévoile un fossile exceptionnel de crocodile remontant au Jurassique (180 millions d’années) ! Quasi complet et mesurant près 5 m de long, il demeure, à ce jour, le premier spécimen du Toarcien jamais découvert en France. Il aura fallu quatre saisons de fouilles (dans l’Hérault) et six mois de restauration pour le présenter. Et il ne détonne pas au milieu des dix-neuf squelettes d’animaux prêtés par l’université de Montpellier et des représentations de nombreux autres, elles fabuleusement imaginaires – tels que les dragons, les sirènes, Big-foot ou Totoro… Alliant poésie et pédagogie, le parcours prend le parti d’appliquer la méthode scientifique d’anatomie comparée (mise en place par Georges Cuvier au XIXe siècle) à toutes ces fascinantes créatures. Pour tous les amateurs d’animaux fantastiques ! É. F.

Vue d’artiste du fossile de crocodile.

Vue d’artiste du fossile de crocodile. © Les Fées spéciales

« Anatomie comparée des espèces imaginaires », du 18 octobre 2025 au 15 mars 2026 au musée de Lodève, square Georges Auric, 34700 Lodève. Tél. 04 67 88 86 10 et www.museedelodeve.fr