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Sur le terrain de la numérisation avec le LiDAR

Nuages de points obtenus lors de la numérisation d’une sépulture à l’aide des différents outils d’acquisition testés. À gauche : scanner laser terrestre ; au milieu : mode LiDAR de l’application sur tablette ; à droite : mode photogrammétrie de la même application.

Nuages de points obtenus lors de la numérisation d’une sépulture à l’aide des différents outils d’acquisition testés. À gauche : scanner laser terrestre ; au milieu : mode LiDAR de l’application sur tablette ; à droite : mode photogrammétrie de la même application.

En archéologie, l’approche de terrain constitue une source d’information déterminante. Il en est de même en contexte judiciaire lors d’investigations médico-légales. Dans les deux cas, ces procédures sont soumises à des contraintes d’argent, de temps et de logistique, mais doivent également répondre à des exigences d’efficacité, de précision et de conservation de la documentation. Dans ce contexte, les technologies de numérisation 3D, en s’appuyant sur le LiDAR, émergent comme des nouveaux outils stratégiques pour analyser et préserver les scènes de découverte.

Depuis les années 2000, l’usage du LiDAR (Light Detection and Ranging) a suscité un engouement croissant dans le champ de l’archéologie programmée, notamment pour les sites à forte valeur patrimoniale et difficiles d’accès.

Des relevés rapides et exploitables sur le terrain

Contrairement à la photogrammétrie, le LiDAR génère directement un nuage de points tridimensionnel par émission d’impulsions laser, offrant la possibilité de relevés rapides et exploitables sur le terrain. Même si cette approche renouvelle la prospection et contribue à la (re‑)découverte de vastes ensembles, l’archéologie préventive reste en retrait quant à l’adoption de ces technologies. Le recours au LiDAR y demeure marginal en raison notamment du coût des équipements et de l’absence d’intégration systématique de ces outils dans les cahiers des charges. Toutefois, l’émergence de solutions LiDAR embarquées sur des supports mobiles (smartphones, tablettes) peut contribuer à élargir leur adoption.

Tester et comparer

Afin d’évaluer les performances, les limites et la pertinence de ces technologies pour la numérisation tridimensionnelle de la fouille de squelettes dans un cadre médico-légal et archéo-anthropologique, une série de tests comparatifs a été réalisée sur des sépultures historiques. L’expérimentation impliquait un scanner laser terrestre de haute précision et une application mobile fonctionnant sur tablette, équipée à la fois d’un mode LiDAR intégré et d’un module photogrammétrique. Les critères d’analyse ont porté sur la durée d’acquisition, le volume de données générées et la précision géométrique obtenue. Les résultats mettent en évidence des variations notables : environ 10 minutes étaient nécessaires pour modéliser une sépulture avec le scanner laser terrestre, générant un nuage de 55 millions de points ; le mode LiDAR sur tablette a permis, lui, une acquisition en 2,5 minutes (500 000 points), tandis que le mode photogrammétrique atteignait 5 millions de points en 1,6 minute.

Des solutions technologiques complémentaires

Sur le plan de la précision, le scanner laser fixe demeure la référence incontestée. La photogrammétrie, bien qu’esthétiquement plus détaillée grâce à la richesse de ses textures, présente une précision géométrique inférieure. Quant au mode LiDAR mobile, il s’est révélé particulièrement adapté aux contextes nécessitant rapidité d’intervention et portabilité, tout en maintenant une précision métrique très satisfaisante. Ces essais démontrent la complémentarité des différentes solutions technologiques en fonction des contextes et des objectifs d’analyse. Dans un environnement professionnel de plus en plus contraint en termes de temps et de ressources, l’intégration du LiDAR dans les pratiques médico-légales et archéologiques offre une alternative performante conciliant gain de temps, précision et coût réduit. Elle ouvre ainsi de nouvelles perspectives pour la documentation des contextes funéraires, en permettant une meilleure conservation des données et une restitution fidèle des scènes étudiées.