
En parallèle de l’exposition dédiée par le Louvre aux trésors archéologiques et artistiques de l’Ouzbékistan, l’Institut du monde arabe dévoile, en collaboration avec la Fondation de la culture de la République d’Ouzbékistan, l’immense richesse du patrimoine ouzbek en mettant notamment en lumière les précieuses soieries et broderies confectionnées, entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle, pour la fastueuse cour de l’émir à Boukhara. Visite en images.
De velours et de soie
Manteau ample et long, le caftan, également appelé chapan ou khalat, constitue assurément la pièce majeure de l’habillement masculin. Ayant conservé la tradition timouride de la robe d’honneur, la cour réunie à Boukhara autour de l’émir offrait l’opportunité d’admirer d’exceptionnels chapans brodés d’or sur une base de velours et de soie (bakhmal), souvent offerts comme cadeaux diplomatiques aux militaires de haut rang et aux diplomates. Il n’était pas rare d’y voir un dignitaire arborer jusqu’à sept chapans juxtaposés les uns sur les autres !

Ancestrale calotte
À l’exception des femmes âgées portant des foulards, tous, bébés, enfants, adultes, femmes et hommes, arborent la calotte, élément incontournable du vestiaire traditionnel ouzbek depuis des siècles. Cette doppi, dont les formes, ornements et couleurs varient selon l’âge et le statut social, se décline en six écoles régionales, de Tachkent à Khorezm-Karakalpak, en passant par Boukhara ; cette dernière se distinguait des autres par l’adjonction de broderies d’or et d’argent, ville de résidence de l’émir oblige.

Un art équestre raffiné
Indissociablement lié aux conquêtes territoriales et à l’essor du commerce, le cheval fait partie intégrante du mode de vie ouzbek. Son importance se traduit par l’émergence d’un artisanat spécifique particulièrement luxueux, venant rappeler que l’animal constitue une véritable extension de son cavalier : selles peintes à la main à l’aide de couleurs naturelles, tapis de croupe en velours brodé d’or, somptueux harnachements en argent sertis de turquoise, d’émail et de cornaline…

De l’Éden aux étoiles : hypnotiques suzanis
Signifiant « fait à l’aiguille » en persan, le mot suzani désigne les importantes pièces de tissu brodées de fils de soie qui contribuaient à la dot de la mariée. S’il en existe de nombreuses écoles régionales, deux principaux courants se distinguent cependant : celui de Boukhara met l’Éden à l’honneur, déployant un foisonnant répertoire décoratif floral et végétal, tandis que celui de Samarcande propulse le regard dans les étoiles par le biais d’hypnotiques motifs astraux.

Bijoux protecteurs
Diadème, frontal, temporal, pectoral, bracelet, collier, boucles d’oreilles, bague et anneau de nez… En Asie centrale, l’art du bijou a depuis des siècles noué un lien intime avec le vestiaire féminin. Pouvant peser jusqu’à dix kilos, les parures étaient particulièrement nombreuses et spectaculaires chez les jeunes filles qui les considéraient comme des gages de protection et de bonheur. Elles proviennent principalement de trois grandes régions : les bijoux du Khorezm, remarquablement travaillés, ceux du Karkalpakstan, massifs et bruts, et enfin ceux de Boukhara et de Tachkent, ornés de corail et de turquoise.

Olivier Paze-Mazzi
« Sur les routes de Samarcande. Merveilles de soie et d’or »
Jusqu’au 4 juin 2023 à l’Institut du monde arabe
1 rue des Fossés Saint-Bernard, 75005 Paris
Tél. 01 40 51 38 38
www.imarabe.org