S’épanouissant pour la première fois sous la voûte du Grand Palais Éphémère, le salon FAB Paris monte cette année en puissance. Avant qu’il ne referme ses portes ce dimanche, découvrez en images nos coups de cœur, déjà réservés par des amateurs ou institutions ou bien attendant toujours le coup de foudre.
Le Van Opstal d’Édouard Ambroselli en route pour une institution américaine
En raison de ses grandes dimensions, ce rare bas-relief modelé dans l’argile constitue probablement un modello pour un relief en pierre appartenant à un grand décor disparu. Il est l’œuvre de Gérard Van Opstal (vers 1604-1668), insigne sculpteur qui, après avoir débuté sa carrière en France au château de Chilly, dès 1630, sous la direction de Jacques Sarrazin, participa aux grands chantiers parisiens du milieu du siècle comme le Louvre et l’hôtel Lambert. Tiré de la mythologie, le sujet représente la voluptueuse Vénus refusant les avances de Mercure. Sur la gauche, l’amoureux éconduit arrache les ailes d’un amour, tandis qu’au centre d’autres amours dévoilent l’éblouissante beauté de Vénus en faisant glisser son voile. La déesse figure les plaisirs éphémères de l’amour, tandis que le dieu incarne la recherche du savoir et de l’étude. Enchâssée dans son cadre original en chêne, cette délicate sculpture qui figurait dans l’inventaire de l’atelier de l’artiste, le 4 août 1668, a été rapidement acquise chez Édouard Ambroselli par une institution américaine.
Une serre signée Sam Szafran à la galerie Bérès
Philodendrons en pots et autres végétaux ont envahi le stand de la galerie Bérès, un an après le joli succès remporté par la remarquable rétrospective que le musée de l’Orangerie consacrait au peintre Sam Szafran (1934-2019). Célèbre pour ses vues d’ateliers, escaliers hypnotiques et feuillages de philodendrons, ce virtuose du pastel sec fait partie des habitués de la galerie. C’est à partir des années 1970 que Szafran commence à s’intéresser aux lianes graphiques de la monstera deliciosa, qui vont bientôt envahir son atelier comme ses compositions. « Les plantes bourgeonnent, croissent, se développent, s’enroulent, s’étiolent et s’étiolent, bourgeonnent à nouveau, emplissent peu à peu tout l’espace disponible » se souvient Jean Clair (Sam Szafran, 1996).
Cretey à l’honneur chez Michel Descours
Référence en matière de peinture de l’école lyonnaise depuis son ouverture en 2009, la galerie Michel Descours a choisi de mettre à l’honneur Louis Cretey (vers 1635-après 1702). Longtemps oublié, cet artiste lyonnais exilé en Italie a développé un style singulier, faisant peu de cas de la perspective, l’anatomie et des bases même du savoir académique. Intitulé « Pierre-Louis Cretey : le plus grand peintre lyonnais de son siècle ? », l’article de Gilles Chomer, Lucie Galactéros-de Boissier et Pierre Rosenberg pour la Revue de l’art (1988) signait la réhabilitation de l’artiste, qui bénéficiait en 2010 d’une remarquable exposition au musée des Beaux-Arts de Lyon et d’un catalogue raisonné. Autour de la petite toile marouflée sur panneau représentant un Saint Jérôme (laquelle arbore désormais une pastille rouge), Michel Descours a réuni plusieurs compositions religieuses de format moyen, aux sujets volontiers rares voire énigmatiques (Le Christ guérissant un possédé). La touche libre, les effets dramatiques et le style expressif témoignent de l’influence mêlée des ténébristes et de la peinture pré-baroque vénitienne, à rebours de l’atticisme d’un Nicolas Poussin alors en vogue en France.
L’art du Gandhāra à son apogée chez Christophe Hioco
Caractéristique de l’art « gréco-bouddhique » du Gandhāra, cette tête de Buddha embrasse de son regard aux paupières mi-closes le stand du marchand Christophe Hioco. L’emploi du schiste, pierre tendre par excellence, permet un modelé d’une remarquable souplesse, comme en témoigne la sensible finesse du traitement de la bouche. Le drapé qui enveloppait le Bienheureux et la naissance de son auréole se laissent encore deviner, suggérant que la sculpture faisait partie d’un ensemble monumental.
Des sculptures de Derain à la galerie de la Présidence
La galerie de la Présidence propose une belle sélection d’épreuves en bronze témoignant des expérimentations d’André Derain (1880-1954) sur la figure humaine. Elles n’ont pas manqué de susciter rapidement l’intérêt des amateurs, comme en témoignent les multiples points rouges ornant désormais leurs cartels. La sculpture est sans conteste « l’un des aspects les plus riches et les plus secrets de l’art d’André Derain », souligne la directrice de la galerie, Florence Chibret-Plaussu. L’artiste se confronte, dès le début de sa carrière, à tous les matériaux, avec une prédilection pour la terre dans laquelle il modèle des dizaines de têtes et figurines qui témoignent de ses expérimentations sur la figure humaine autant que de sa capacité à métisser les influences les plus diverses. Suivant les conseils d’Alberto Giacometti et de l’éditeur Pierre Cailler, sa veuve Alice Derain fera tirer en bronze 74 de ces œuvres dont le musée d’Art moderne de Troyes possède une série complète.
Un ensemble de statuettes Baoulé chez Bernard de Grunne
Outre de belles idoles Baguirmi du Tchad, le Belge Bernard de Grunne dévoile pour sa première participation au salon une réunion de statuettes Baoulé dotées de belles provenances (collections Pierre Vérité, Charles Ratton…).
La rédaction
« FAB Paris »
Du 22 au 26 novembre 2023 au Grand Palais Éphémère
2 place Joffre, 75007 Paris.
www.fabparis.com