L’art autrement : regards choisis sur l’art.

 

Le Prix Drouot du Livre d’Art récompense Les Diamants de la Couronne

La couronne de Louis XV dans la galerie d'Apollon. © Martin Argyroglo
La couronne de Louis XV dans la galerie d’Apollon. © Martin Argyroglo

Le 8e Prix Drouot des Amateurs du Livre d’Art a récompensé ce jeudi 7 mars l’ouvrage coédité par les Éditions Faton et le Louvre retraçant, sous la direction d’Anne Dion-Tenenbaum, conservateur en chef au département des Objets d’art du musée du Louvre, la riche histoire des collections de gemmes et joyaux de la Couronne de France.

Hortensia, Régent, Côte de Bretagne, Sancy… Autant de noms familiers de l’amateur qui au Louvre déambule sous les ors de la galerie d’Apollon. Tous sont célébrés ce jour à Drouot.

Le roman des diamants

Présidé par Jean-Marie Rouart et réunissant des personnalités telles que Christophe Leribault, nouveau président de l’Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles, Adrien Goetz, directeur de la Bibliothèque Marmottan, ou encore Anne-Sophie de Gasquet, directrice générale de Paris Musées, le jury a en effet jeté son dévolu sur le bel ouvrage retraçant l’histoire mouvementée des joyaux présentés au Louvre depuis 1889. À les contempler aujourd’hui, brillant sagement de tous leurs feux au cœur des vitrines sur-mesure créées pour eux en 2020, qui pourrait en effet imaginer que leur présence en ces lieux relève du miracle ?

La Côte de Bretagne, gravée en forme de dragon au XVIIIe siècle. Spinelle rouge de 107 carats, 4,6 x 2,9 cm. Paris, département des Objets d'art du musée du Louvre. © Musée du Louvre, dist. RMN -Grand Palais / Thomas Deschamps
La Côte de Bretagne, gravée en forme de dragon au XVIIIe siècle. Spinelle rouge de 107 carats, 4,6 x 2,9 cm. Paris, département des Objets d’art du musée du Louvre. © Musée du Louvre, dist. RMN-Grand Palais / Thomas Deschamps

Traumatisme patrimonial

En 1887 est, en effet, organisée la calamiteuse vente des diamants de la Couronne, trésor patiemment réuni par les monarques au fil des siècles, de François Ier à Napoléon III. Il s’agit alors pour le fragile État républicain de briser les ambitions des prétendants au trône en les privant de toute utilisation future de ces joyaux. Parmi les 77 486 gemmes et perles formant la collection, quelques pièces exceptionnelles, parmi lesquelles le Régent ou encore la Côte de Bretagne, seront miraculeusement épargnées en raison de leur incomparable valeur patrimoniale pour gagner notamment le musée du Louvre. Neuf vacations seront nécessaires, entre le 12 et le 23 mai 1887, pour disperser cet ensemble fabuleux qui fera le bonheur des joailliers Tiffany, Boucheron, Bapst… Estimé 8 millions de francs or, il n’en rapporte que 6,8. Si le bilan est assez mitigé sur le plan financier, la vente se révèle cependant un triomphe public : plus de 30 000 visiteurs se pressent au Louvre devant la vitrine présentant les joyaux dans la salle des États du pavillon de Flore.

Réparer l’irréparable

Il faudra attendre le milieu du siècle suivant pour que le noyau initial sauvé du feu des enchères soit complété. On s’attache d’une part à retrouver les pierres dispersées, mais aussi à identifier des pièces équivalentes ou encore des bijoux qui appartenaient en propre aux souverains sans faire partie des joyaux inaliénables. En 1951 est ainsi acquise une plaque de l’ordre du Saint-Esprit offerte par Louis XV au duc de Parme, évoquant celle créée pour le « Bien-Aimé » vers 1750. Vingt ans plus tard, des boucles d’oreilles en perles poires, présent de l’impératrice Joséphine à sa belle-fille, entrent au Louvre à la faveur d’un don, suivies d’une paire de bracelets en rubis et diamants appartenant à la duchesse d’Angoulême. En 1976, c’est au tour du Sancy, premier des dix-huit Mazarins : il avait été victime, deux siècles plus tôt, du drame initial ayant frappé les joyaux de la Couronne, le casse du Garde-Meuble. Ardemment soutenue par la Société des Amis du Louvre, la politique de reconstitution de ce trésor historique prend de l’ampleur à partir des années 1980 : la parure de saphirs et diamants de la reine Marie-Amélie (1985), la couronne de haut de tête de l’impératrice Eugénie (1988), son diadème de perles et diamants (1992), celui en émeraudes et brillants de la duchesse d’Angoulême (2002), ou encore, en 2019, une plaque de la ceinture de rubis et diamants ayant appartenu à cette princesse, complétant les bracelets acquis un demi-siècle plus tôt.

Des recherches renouvelées

Grâce à la collaboration de nombreuses institutions, à l’image du Muséum national d’Histoire naturelle, cette collection insigne fait aujourd’hui l’objet de nouvelles investigations dont se fait l’écho le présent ouvrage. Les moulages que le Muséum conserve ont ainsi permis d’identifier des joyaux disparus, parmi lesquels le plus célèbre est sans nul doute le diamant bleu de la Couronne, volé en 1792 puis retaillé. La perspective de son retour en France demeurera pourtant un doux rêve : il fait, depuis 1958, l’orgueil du Smithsonian Institute de Washington sous le nom de diamant Hope.

Le diamant Hope au Smithsonian Institute de Washington. © OPM
Le diamant Hope au Smithsonian Institute de Washington. © OPM

Olivier Paze-Mazzi


Les Diamants de la Couronne
Sous la direction d’Anne Dion-Tenenbaum
Coédition Louvre Éditions / Éditions Faton
248 p., 49 €.
À commander sur : www.faton-beaux-livres.com

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