Président de l’Établissement public des musées d’Orsay et de l’Orangerie depuis 2021, Christophe Leribault, 60 ans, devrait être nommé lors du prochain Conseil des ministres à la tête du château de Versailles.
Édition du 21/02/24 : Christophe Leribault a officiellement été nommé par le Président de la République lors du Conseil des ministres du 21 février. Il prendra ses fonctions à Versailles le 4 mars prochain.
Le 9 février dernier, Claire Bommelaer était la première à publier l’information dans Le Figaro : les heures de l’intérim sans fin de Catherine Pégard à la tête de Versailles sont désormais comptées. Présidant depuis près de treize ans aux destinées de la vénérable demeure des rois, l’ancienne journaliste politique au Point nommée en 2011 par Nicolas Sarkozy avait, depuis 2021, atteint la limite d’âge. Elle était pourtant jusqu’à présent maintenue à son poste par Emmanuel Macron qui, malgré les protestations des juristes, voyait en elle un pôle de stabilité alors que Versailles s’apprête notamment à accueillir les épreuves équestres des Jeux olympiques.
Un dix-huitièmiste à la tête de Versailles
Après Catherine Pégard (2011-2024), Jean-Jacques Aillagon (2007-2011), Christine Albanel (2003-2007) et Hubert Astier (1997-2003), ce sera donc Christophe Leribault. Pour la première fois depuis Jean-Pierre Babelon, récemment disparu, un conservateur est nommé aux commandes du château de Versailles. Né en 1963, il sort diplômé de l’École du Louvre et de l’Université Paris IV-Sorbonne, où il soutient, en 1999, sous la direction d’Antoine Schnapper, sa thèse de doctorat consacrée à Jean-François de Troy (1679-1752). Pensionnaire à la Villa Médicis entre 1995 et 1996, il fut également boursier au J. Paul Getty Museum de Los Angeles (1988) avant de décrocher la bourse Focillon de l’université de Yale (1999).
De Carnavalet à Orsay
Christophe Leribault entre dès 1990 au musée Carnavalet, d’abord en tant que conservateur chargé des peintures et des dessins avant de devenir conservateur en chef. À partir de 2006, il est directeur adjoint du département des Arts graphiques du musée du Louvre et directeur du musée national Eugène Delacroix. En 2012, il se voit offrir les rênes du Petit Palais ; il y assurera le commissariat de plusieurs expositions mémorables, à l’image de « Paris 1900, la ville spectacle » (2014), « Carl Larsson » (2014), « Le Baroque des Lumières » (2017), « Anders Zorn » (2017), « Paris romantique » (2019) ou encore « Luca Giordano » (2019). Il finit par traverser la Seine le 5 octobre 2021, appelé à la barre du musée d’Orsay. Le 5 janvier 2023, il est élu à l’Académie des beaux-arts au fauteuil de Pierre Cardin.
Un départ en beauté
Quelques mois après l’annonce de vastes travaux visant à faire entrer le musée dans le XXIe siècle en opérant notamment un ambitieux chantier des collections, le vaisseau Orsay perd donc son capitaine. C’est la deuxième fois en quelques années qu’une nomination vient interrompre un mandat en cours : en 2021, Laurence des Cars quittait le navire pour gagner le Louvre avant de terminer son mandat. Le départ de Christophe Leribault coïncide avec deux annonces majeures de l’institution. Un record historique, d’une part : le triomphe attendu de l’exposition « Van Gogh » qui, en quatre mois, a attiré 793 556 visiteurs, soit la meilleure fréquentation depuis l’ouverture du musée. De l’autre, l’achat pour 2 117 000 $ (frais inclus) à New York de la spectaculaire coupe Hope, chef-d’œuvre des arts décoratifs français, symbole de la très dynamique politique d’enrichissement des collections impulsée par l’actuel président d’Orsay. Son successeur devrait être nommé dans les prochains jours.
Olivier Paze-Mazzi