
À la veille de l’été, plusieurs institutions ont trouvé leur bonheur parmi la belle sélection de peintures offerte au feu des enchères chez Christie’s le 15 juin dernier. Une vacation également marquée par le record décroché en France par une œuvre de Jusepe de Ribera (1591-1652) : 2 036 500 € (frais inclus) pour un splendide Saint Jérôme.
Vallayer-Coster en route pour Washington
Poursuivant sa politique de valorisation des artistes femmes, la National Gallery of Art de Washington a acquis sa première œuvre de la main d’Anne Vallayer-Coster (1744-1818), vingt ans après l’exposition que lui dédiait l’institution américaine. Adjugée 2 581 000 € (frais inclus), la toile offre un nouveau record mondial à cette virtuose de la nature morte admise à l’Académie royale de Peinture et de Sculpture à l’âge de vingt-six ans, encensée pour ses compositions florales opulentes dont Diderot vanta la force et la fraîcheur des coloris. Les tons, l’harmonie de la composition et le rendu des textures de cette toile exposée au Salon de 1783 marquèrent particulièrement ses contemporains. L’artiste conserva ce chef-d’œuvre dans son atelier jusqu’à sa mort.

Un paysage inédit de Patel pour le musée du Grand Siècle
L’institution clodoaldienne qui devrait ouvrir ses portes à l’horizon 2026 a de son côté préempté pour 403 200 € (frais inclus) un paysage idéal de Pierre Patel l’Ancien (1604-1676). Demeurée inédite jusqu’à aujourd’hui, cette toile daterait des années 1650, période la plus importante de la carrière du peintre. Très caractéristique de son travail, la composition respecte une perspective stricte, dont les lignes fuient vers le bosquet central, ouvrant le regard vers le fleuve dans le lointain.

La famille des Clouet de Chantilly s’agrandit
Quelques mois après avoir accueilli en dépôt un ravissant portrait de François II, le musée Condé de Chantilly étoffe sa collection en préemptant pour 151 200 € (frais inclus) un portrait par François Clouet (1522-1572) du dernier fils d’Henri II, futur duc d’Alençon puis d’Anjou. Cette effigie du petit Hercule, âgé d’environ six ans, rejoint ainsi un dessin du maître figurant le jeune prince dans sa première année. Si les traits de poupon du petit prince se sont ici affinés, ils gardent la rondeur de l’enfance ; le regard du dernier-né de Catherine de Médicis semble cependant déjà assuré et résolu, près d’un an après la disparition de son royal frère, dont il prendra le prénom en 1565. Les confondant, l’annotation « François II », erronée, est postérieure à l’exécution.

Rigaud de retour à Perpignan
Le musée d’art Hyacinthe Rigaud de Perpignan a de son côté acquis pour 50 400 € (frais inclus) dans une vente en ligne une réplique plus petite que l’original du fameux portrait en pied de Louis XIV en grand costume royal, peint en 1701 par Hyacinthe Rigaud (1659-1743). Outre ses dimensions, elle présente quelques variations par rapport à l’œuvre originale. Les teintes, plus chaudes, conférent notamment à la face royale une mine plus vigoureuse. Concernant la paternité de la toile, on ne saurait trancher entre un collaborateur de l’atelier de Rigaud ou l’un des nombreux copistes du roi.

Gaspard Douin