Quelques heures à peine après s’être enrichi d’un remarquable dessin double face de Goya, le Louvre poursuit ses emplettes de fin d’année en préemptant pour son département des Sculptures une somptueuse Vierge à l’Enfant adjugée 4 699 000 € (frais inclus) lors d’une vente orchestrée le 30 novembre par AuctionArt – Rémy Le Fur & Associés. Classée au titre des Monuments historiques depuis 1976, cette délicate terre cuite a été exécutée par Michel Colombe entre 1500 et 1515.
Si la vie et l’œuvre de Michel Colombe (vers 1430-vers 1512) demeurent encore en partie méconnus, les quelques sculptures à avoir traversé les siècles soulignent la place prééminente qu’occupait le sculpteur sur la scène artistique tourangelle. Véritable précurseur, il a su insuffler un réalisme nouveau à la sculpture gothique tardive. Commandé par Anne de Bretagne, le spectaculaire tombeau de François II de Bretagne et Marguerite de Foix, situé en la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Nantes, témoigne ainsi d’une habileté technique sans commune mesure avec celle de ses pairs. Datant à peu près de la même la période, la rarissime terre cuite préemptée par le Louvre traduit admirablement la transition esthétique initiée par l’artiste.
Une attribution à Colombe récemment confirmée
L’attribution de cette statue au sculpteur a été proposée une première fois par Paul Vitry en 1901. Elle est confirmée en 2010, par Geneviève Bresc-Bautier, conservatrice générale honoraire du département des Sculptures, après une étude comparée avec les statues de vertus du tombeau de Nantes. Cette acquisition vient, ainsi, étoffer le corpus de cet artiste emblématique de la pré-renaissance française.
En majesté dans l’exposition « France 1500 »
Historiquement placée au château de la Carte à Ballan-Miré en Indre-et-Loire, elle avait été commandée par Jacques de Beaune, baron de Semblançay. La sculpture est vendue une première fois à une date inconnue. Elle est ensuite rachetée avant 1901 par un certain Duchet, puis replacée à la Carte. De nouveau vendue, elle est cette fois envoyée à la chapelle du château de Wrilly, avant d’être à nouveau cédée lors d’une vente parisienne le 24 février 1875. Cette œuvre insigne avait déjà été présentée au public à l’occasion de l’exposition « France 1500 », déployée au Grand Palais en 2010.
Simon Poirier
