
Proposé à Drouot chez Giquello et associés le 31 mars dernier, un dessin du peintre néoclassique Jean-Baptiste Regnault (1754-1829) rejoint par préemption pour 14 950 € (frais inclus) les collections du musée des Beaux-Arts d’Orléans, déjà riches de plus de 10 000 feuilles. Les musées français ne conservaient jusqu’à présent que peu d’esquisses de la main de l’artiste.
Passée par l’insigne collection du marquis de Chennevières, cette feuille est préparatoire au Pyrrhus tuant Priam que Regnault envoie au salon de 1785, aujourd’hui conservé à Amiens au musée de Picardie. La scène est tirée du chant II de l’Énéide de Virgile. Pyrrhus, fils d’Achille, est sur le point de tuer le vieux roi de Troie Priam, sous les yeux de sa femme Hécube. Il vient déjà de porter un coup fatal à Politès, leur fils, étendu au pied de son père. Il a saisi le vieillard par les cheveux, et brandit son épée, s’apprêtant à commettre un double sacrilège : tuer un vieillard sur l’autel de Zeus. Le traitement à la gouache blanche rappelle les dessins de son maître Jean Bardin, récemment remis en lumière par le musée des Beaux-Arts d’Orléans.

Le goût pour l’antique
Élève de Joseph-Marie Vien (1716-1809) et de Jean Bardin (1732-1809), Regnault a notamment séjourné à l’Académie de France à Rome en compagnie de Jacques-Louis David (1748-1825), que l’on considère parfois comme son rival. Passionné de mythologie, il multiplie les sujets antiques dans une veine néoclassique, déterminant progressivement son goût pour la noblesse des sujets, caractérisé par une perfection froide de la couleur et une élégance naturelle et décorative. En 1783, son morceau de réception à l’Académie royale de peinture et de sculpture a pour sujet L’Éducation d’Achille par le centaure Chiron ; il fait désormais partie des collections du musée du Louvre.
Maylis de Cacqueray