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En 2007, le prince Hamad bin Abdullah Al Thani prenait ses quartiers parisiens sur l’île Saint-Louis, succédant au baron Guy de Rothschild comme seigneur du fastueux hôtel Lambert. Sa quête d’excellence le conduira à y réunir d’insignes trésors, emblématiques du grand goût français des XVIIe et XVIIIe siècles : marqueteries Boulle, précieuses céramiques montées, vases en pierres dures, objets de curiosité, cabinet d’émaux peints de Limoges, rares pièces d’orfèvrerie, joyaux de Schatzkammer… Alors que cette demeure historique change aujourd’hui de main, la maison Sotheby’s disperse du 11 au 14 octobre, les quelque 1 300 pièces aux provenances prestigieuses dont elle fut l’écrin durant plus d’une décennie. L’Objet d’Art vous propose de découvrir en plusieurs épisodes les différentes facettes de cette remarquable collection.
L’acquisition de pièces de provenances royales et princières constitua assurément l’apothéose de la quête d’excellence du prince Al Thani. Le collectionneur s’assurait ainsi d’accueillir symboliquement en sa demeure les membres les plus illustres des monarchies européennes. Fils de Louis XIV, le Grand Dauphin pouvait ainsi y admirer deux des neuf splendides scabellons marquetés dont André-Charles Boulle avait paré son cabinet des Glaces versaillais (500 000/1 000 000 €), ainsi qu’un riche coffret à ses armes qui lui fut probablement livré par Alexandre-Jean Oppenordt d’après un dessin de Jean Bérain (150 000/250 000 €). Plus loin, un exquis tapis de la Savonnerie témoigne de l’aménagement intérieur du Louvre durant le Grand Siècle : il s’agit plus précisément de la réunion des deux extrémités du cinquantième tapis livré pour la Grande Galerie, installé le 10 juin 1678 conformément à la demande de Louis XIV (150 000/300 000 €).

Le XVIIIe siècle au féminin
L’entourage féminin de son successeur aurait également retrouvé en la demeure de l’île Saint-Louis certains objets familiers : les cigognes de porcelaine montées en candélabres qui furent probablement livrées par le marchand mercier Lazare Duvaux à la marquise de Pompadour (200 000/400 000 €), un pare-feu sans doute exécuté par l’un des Tilliard pour la comtesse du Barry, puis utilisé à Versailles par Marie-Antoinette, comme en témoigne la marque au feu de son garde- meuble privé (30 000/50 000 €), ou encore une extraordinaire paire de marquises en bois doré livrées en 1784 par Jean-Baptiste II Tilliard à Mesdames Adélaïde et Victoire en leur château de Bellevue. Particulièrement somptueuses, elles figurèrent au siècle suivant dans la collection du grand amateur que fut Sir Richard Wallace (800 000/1 200 000 €). Le prince Al Thani n’en oublia cependant pas de mettre à l’honneur d’autres têtes couronnées européennes, comme l’illustre un étonnant guéridon en bronze doré épousant la forme d’un palmier ; commandé et acheté par le roi de Prusse Friedrich Wilhelm III vers 1818-1819, il prit ensuite probablement la route de la Russie pour être offert à la tsarine Maria Feodorovna au palais de Pavlovsk (200 000/300 000 €).

Nathalie d’Alincourt et Olivier Paze-Mazzi
Retrouvez les épisodes précédents de notre série :
Épisode I : L’hôtel Lambert au fil des siècles
« Hôtel Lambert, une collection princière »
Vente Sotheby’s Paris
Ventes physiques
Chefs-d’œuvre – 11 octobre 2022 à 16h
Kunstkammer – 12 octobre 2022 à 14h
À travers l’hôtel Lambert – 13 octobre 2022 à 11h
Les arts de la table – 14 octobre 2022 à 11h
L’écrin – 14 octobre 2022 à 14h30
Vente en ligne
5-17 octobre 2022