Adjugé ! De l’Auvergne médiévale aux mosaïques de plumes mexicaines
Saint Antoine de Padoue (détail), Mexique, XVIIᵉ siècle. Plumes polychromes, papier doré, cuivre, 28,7 x 20 cm. Vente Paris Drouot, Giquello & Associés, 18 juin 2025. Estimé : 30 000/40 000 €. Adjugé : 123 500 € (frais inclus).
La Haute Époque et le XVIIe siècle européen et américain maintiennent des scores en adéquation avec leur rareté et leur qualité, qu’il s’agisse de sculpture, d’orfèvrerie ou de plumasserie.
Paire de saupoudroirs en argent de Perpignan
Ces beaux modèles sont à rapprocher du saupoudroir aux armes d’Étienne de Bonniol, écuyer seigneur de Trémont et de La Faye, conseiller du roi à Béziers, réalisé vers 1725 par le même maître-orfèvre (adjugé 25 200 € frais inclus le 28 juin 2022 par Sotheby’s Paris). Leur forme balustre et leur décor de lambrequins en applique sont typiques du début du XVIIIe siècle. Jean-Baptiste Navier fut reçu maître en 1712 à Perpignan et mourut en 1767. Il est également connu pour ses œuvres d’art sacré, dont des calices pour différentes églises de sa région, comme Banyuls-dels-Aspres, Bouleternère ou Rodès, et pour un plateau en argent dans la cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Perpignan.
Maître-orfèvre Jean-Baptiste Navier, paire de saupoudroirs, Perpignan, 1716-1717. Argent, H. 24,5 cm. Vente Paris, Artcurial, 17 juin 2025. Estimé : 30 000/50 000 €. Adjugé : 65 600 € (frais inclus). © Artcurial
La palme pour les plumes de saint Antoine de Padoue
Fort rares sont les tableaux du même sujet puisqu’on ne connaît que celui de l’Art Museum de Denver et celui d’une collection privée, réalisés sans doute par le même atelier de Mexico. Connue dès l’époque préhispanique, la technique des « mosaïques de plumes », qui servait principalement aux textiles funéraires, a séduit les premiers conquistadors par l’exceptionnelle dextérité des artisans aztèques que les religieux conquérants ont mis rapidement à contribution à des fins d’évangélisation. Mais ici, l’emploi des plumes multicolores de colibri est réduit à l’auréole du saint et aux motifs floraux du sol et de la bordure, tandis que sont utilisés en fins liserés des papiers de couleur violette, orangée ou dorée, afin de rehausser les coloris de la composition. On peut admirer de telles œuvres au musée de l’Amérique à Madrid ou au musée des Jacobins d’Auch qui possède une Sainte Famille.
Saint Antoine de Padoue, Mexique, XVIIᵉ siècle. Plumes polychromes, papier doré, cuivre, 28,7 x 20 cm. Vente Paris Drouot, Giquello & Associés, 18 juin 2025. Estimé : 30 000/40 000 €. Adjugé : 123 500 € (frais inclus). © Drouot / Giquello
Une très ancienne Vierge à l’Enfant auvergnate
En 431, le Concile d’Ephèse fait de Marie la Mère de Dieu et pas seulement la mère du Christ en tant qu’homme. C’est ainsi que les représentations de la Vierge en Majesté traduiront cette nouvelle dignité, la Vierge siégeant sur un trône, étant elle-même un trône pour son fils. Cette Vierge vient donc enrichir le corpus des Sedes Sapientae ou Trônes de Sagesse dont Étienne II, évêque de Clermont, commanda le tout premier modèle, recouvert d’or et de pierreries mais détruit à la Révolution. Par ses traits, cette Vierge est très proche de celle de Saint Gervazy près d’Issoire (Puy-de-Dôme) mais sa coiffe typiquement carolingienne indique une datation plus précoce, tout comme le jeu géométrique des petits plis plats triangulaires de la coiffe, qui rejoignent aux épaules les larges plissés de la robe et de la toge de l’Enfant Jésus tenant le livre ouvert des Saintes Écritures.
Vierge à l’Enfant, Auvergne, fin du XIᵉ – début du XIIᵉ siècle. Noyer, traces de polychromie ancienne, 77,5 x 36 x 17,5 cm. Vente Neuilly-sur-Seine, Aguttes, 3 juillet 2025. Estimé : 80 000/140 000 €. Adjugé : 158 600 € (frais inclus). © Aguttes
