Un restaurateur-archéologue blessé lors d’un incident nucléaire impliquant AGLAE, l’accélérateur de particules du Louvre

Un incident nucléaire est survenu en juillet 2025 lors de la manipulation d'une pièce archéologique en cours d'analyse par l'accélérateur AGLAE, au C2RMF. © CCO Wikimedia Commmons
Fleuron du Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF), l’accélérateur de particules AGLAE est à l’origine d’un grave incident survenu fin juillet. Un restaurateur-archéologue a été irradié à cause d’un dysfonctionnement du système de sécurité de l’appareil.
L’incident a été signalé le 24 juillet par le C2RMF à l’Autorité de Sûreté Nucléaire et de Radioprotection (ASNR) et révélé par Le Monde le 29 septembre dernier. Un restaurateur-archéologue, qui travaillait à l’analyse d’un fragment de trompette gallo-romaine provenant du site gallo-romain de Bavay a été irradié au bras, l’appareil n’ayant pas été à l’arrêt lorsqu’il a repris l’objet devant le faisceau.
Une faille de l’automate de sécurité
L’accès à l’accélérateur de particules est d’ordinaire soumis à des procédures de sécurité drastiques. C’est pourtant l’une d’entre elles qui a dysfonctionné, comme l’a constaté l’ASNR lors de l’inspection réalisée le 30 juillet : « le faisceau de particules n’a pas été interrompu par l’automate de sécurité lorsque le travailleur s’est introduit dans la salle d’expérimentation. Par ailleurs, il ressort de l’inspection une culture de radioprotection perfectible, en particulier pour la prévention des risques liés à l’accélérateur de particules », a déclaré l’ASNR.

L’Accélérateur Grand Louvre d’Analyse Élémentaire (AGLAE), installé dans les locaux du Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF), est l'unique accélérateur de particules au monde consacré à l'analyse des œuvres d'art. © CCO Wikimedia Commmons
Le plus grave incident observé depuis 17 ans
La brûlure au bras causée au restaurateur-archéologue par le faisceau de particules est particulièrement grave et a entraîné le classement de l’incident « au niveau 3 de l’échelle INES (échelle internationale de gravité des événements nucléaires et radiologiques, graduée de 0 à 7 par ordre croissant de gravité) ». Les procédures de sécurité et la formation du personnel du C2RMF utilisant l’accélérateur vont être revues, AGLAE étant à l’arrêt depuis l’incident. Une remise en route, supervisée par l’ASNR, est envisagée en novembre.

L'accélérateur AGLAE se trouve dans les locaux du C2RMF, situés dans les sous-sols du Louvre, à proximité du pavillon de Flore. © CCO Wikimedia Commmons
Un appareil de pointe, unique au monde
L’Accélérateur Grand Louvre d’Analyse Élémentaire, surnommé AGLAE, a été installé en 1988 au C2RMF, dans les sous-sols du musée du Louvre. Depuis, AGLAE demeure le seul accélérateur de particules présent dans un musée et dédié à l’analyse des œuvres d’art. Sans aucun prélèvement, il permet « d’identifier et de quantifier les éléments chimiques présents dans la matière et ce même en infime quantité », indique le C2RMF. Automatisé en 2017, le faisceau fonctionne 24h/24. De très nombreux musées sollicitent AGLAE, ses résultats permettant de mieux déterminer les actions de conservation préventive et de restauration des œuvres à conduire.





