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Le musée de Borda à Dax : au cœur de la cité des Aquenses

Le trésor de Canenx. Métal et céramique, deuxième moitié du XIIIe siècle. 2012.0.4.2.0.

Le trésor de Canenx. Métal et céramique, deuxième moitié du XIIIe siècle. 2012.0.4.2.0. © Musée de Borda, Dax, Alban Gilbert

Le musée doit son nom à Jacques-François Borda d’Oro (1718-1804) et à son cabinet d’histoire naturelle acquis par la Ville en 1807. Ses collections antiques sont présentées dans le cadre unique des vestiges du forum d’Aquae Tarbelicae, l’ancienne Dax.

Récemment rouvert au public, ce lieu offre une immersion souterraine au cœur de la cité des Aquenses. Le musée valorise également, dans l’ancienne église des Carmes (1523), des fonds variés, allant des sciences à l’ethnologie locale et extra‑européenne, sans oublier les beaux-arts, du XVIIe siècle à l’après-guerre.

Le site de la basilique civile

Les maçonneries mises au jour en 1978 par Brigitte Watier sont d’abord interprétées comme celles d’un temple. Leur réexamen par Alain Bouet (université Bordeaux Montaigne) en 2011 indique plutôt les vestiges du forum d’Aquae Tarbelicae, le chef-lieu de la cité augustéenne, couvrant une partie des Landes et des Pyrénées-Atlantiques actuelles. Si la totalité du forum n’a pas été dégagée, les 3 000 m2 explorés ont révélé sa partie nord-ouest : une basilique civile de 43 m sur 27 m, avec espace central à colonnade et toit en lanterneau. L’estrade identifiée confirme sa fonction juridique et son annexe latérale, dotée d’une série de puissants contreforts, est le signe des aménagements successifs au cours des deux premiers siècles de notre ère.

Le site de la basilique civile.

Le site de la basilique civile. © Musée de Borda, Dax, Clément Garby

L’ensemble au Mercure

Pièce maîtresse du dépôt d’un atelier de bronzier découvert en 1982 à Dax, ce Mercure se distingue par sa taille exceptionnelle et son style hybride, mêlant influences romaines et celtiques voire aquitaines. Probablement importée d’Italie au Ier siècle, la statuette a été modifiée : la main droite réparée pour accentuer la bourse, et la main gauche arrachée, remplacée par un caducée en laiton. Le coq et le bouc, d’exécution différente, rappellent des formes celtes ; le second évoque même un bouquetin pyrénéen.

Bronze, entre le Ier et le IVe siècle, 39,9 cm, Halles de Dax. MD 88.2.8.

Bronze, entre le Ier et le IVe siècle, 39,9 cm, Halles de Dax. MD 88.2.8. © Musée de Borda, Dax, photo Aliénor.org, Conseil des musées, Vincent Lagardère

Tablette de defixio de la Nèhe

Les fouilles des aménagements antiques de la Nèhe (source de l’actuelle Fontaine chaude de Dax) ont livré en 1976 une tablette en plomb pliée et portant un texte gravé à l’envers, en cursive latine. Il correspond à un rituel d’exécration, pratiqué autour de la source, et mentionne quatre personnes : les victimes d’un vol et le commanditaire du sort pour punir le voleur.
Leontio / + Leontio / + Deidio / Iovino // / bo/lave/runt / manus / pedis quicumqui le+ [—] / anue[—] / + culi qui + i + + [—] / imm+rio i[—] / ru + + [—] / e +[—]
« Pour Leontius, et Leontius, et Aegidius, et Jovinus. [À ceux qui ont volé], que, des pieds et des mains tu [en supprimes] un, et que les yeux soient énervés au voleur… » (trad. : J.-P. Bost)

Plomb, 6 cm, IVe-Ve siècle. Fontaine chaude à Dax. 2003.14.1.

Plomb, 6 cm, IVe-Ve siècle. Fontaine chaude à Dax. 2003.14.1. © Musée de Borda, Dax, Philippe Salvat

Solidus de Vielle-Saint-Giron

Découvert sur une plage landaise avec une autre monnaie et étudié par Alain Campo (université de Pau et Pays de l’Adour), ce solidus à l’effigie de l’empereur Zénon est un témoin exceptionnel de la présence wisigothique au Ve siècle. Plus léger que les pièces officielles, il se distingue par son style maladroit : lettres gravées à l’envers, détails simplifiés et absence de sceptre impérial. Au revers, une croix pectorale, typique du monnayage wisigoth, confirme cette origine. Non répertorié dans les catalogues connus, cet exemplaire unique enrichit nos connaissances sur la circulation des monnaies et l’histoire des Landes à cette époque.

Or, poids 3,82 g, diam. 20,8 mm, Ve siècle. Dépôt du Drassm.

Or, poids 3,82 g, diam. 20,8 mm, Ve siècle. Dépôt du Drassm. © Musée de Borda, Dax, Drassm

Les collections de Laporterie

Joseph de Laporterie (1850-1935), juge puis archéologue passionné, joue un rôle majeur dans la reconnaissance de Brassempouy comme site clé pour l’étude de l’art préhistorique. Entre 1894 et 1897, en collaboration avec Édouard Piette, il dirige les fouilles de la grotte du Pape, où est découverte la célèbre statuette dite de la « Dame à la capuche ». Laporterie participe activement à la mise en valeur scientifique de ces trouvailles et fait don au musée de Borda d’une partie de ses découvertes ainsi que de moulages originaux. La collection du musée comprend également des vestiges provenant de sites plus éloignés, comme le Mas-d’Azil (Ariège) ou Pair-Non-Pair (Gironde), témoignant du dynamisme des études en préhistoire au début du XXe siècle.

Silex, os, bois animal, plâtre.

Silex, os, bois animal, plâtre. © Musée de Borda, Dax

L’herbier de Thore

Médecin et botaniste, membre de la Société linnéenne de Paris, Jean Thore s’installe à Dax en 1795 et fonde une école d’histoire naturelle. Il constitue un herbier de vingt et une liasses, totalisant plus de 4 000 planches, documentant la flore des Landes avant l’extension du pin maritime au XIXe siècle. Classées selon le système artificiel de Linné et accompagnées d’étiquettes scientifiques, ses collections de plantes médicinales, alimentaires, tinctoriales ou ornementales constituent un témoignage systématique unique de la botanique régionale à la fin du XVIIIe siècle.

Carton, papier, cuir, plantes, Herbier de Thore liasse n° 7. 2010.0.8.7.0. Planche 149, Lupinus lutus.

Carton, papier, cuir, plantes, Herbier de Thore liasse n° 7. 2010.0.8.7.0. Planche 149, Lupinus lutus. © Musée de Borda, Dax, archives départementales des Landes

Le trésor de Canenx

Le trésor de Canenx réunit plus de 5 200 monnaies médiévales, majoritairement des deniers et oboles de Béarn frappés à Morlaàs (Pyrénées-Atlantiques) au nom de Centulle. Gilbert Dardey (Société française de numismatique) y identifie quelques pièces de Louis IX et d’Édouard Ier, ce qui situe son enfouissement vers 1296. Sa valeur équivalait alors à six chevaux, une fortune. Il a sans doute été dissimulé lors du passage de l’armée de Philippe IV le Bel, en campagne contre l’Angleterre pour le contrôle du duché de Guyenne : les troupes françaises bivouaquèrent alors plusieurs jours dans la région, suscitant l’inquiétude des habitants.

Métal et céramique, deuxième moitié du XIIIe siècle. 2012.0.4.2.0.

Métal et céramique, deuxième moitié du XIIIe siècle. 2012.0.4.2.0. © Musée de Borda, Dax, Alban Gilbert

Musée de Borda, 11 bis rue des Carmes, 40100 Dax. Tél. 05 58 74 12 91 et https://museedeborda.fr