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De Waterloo à Genève : volés par les Prussiens en 1815, les diamants de Napoléon brillent chez Sotheby’s

Bijou de chapeau de Napoléon Ier, début du XIXe siècle. Solitaire de 13,04 carats, entouré de diamants de taille ancienne et de taille Mazarin sertis dans une bordure ajourée. Vente Genève, Sotheby’s, 12 novembre 2025. Estimé 120 000/200 000 CHF.

Bijou de chapeau de Napoléon Ier, début du XIXe siècle. Solitaire de 13,04 carats, entouré de diamants de taille ancienne et de taille Mazarin sertis dans une bordure ajourée. Vente Genève, Sotheby’s, 12 novembre 2025. Estimé 120 000/200 000 CHF. Photo service de presse. © Sotheby's

Alors que tous les yeux sont rivés sur le musée du Louvre et les recherches toujours en cours pour retrouver les joyaux de la Couronne dérobés le 19 octobre dernier, la maison Sotheby’s met en vente à Genève, ce 12 novembre, une pièce majeure de la collection de bijoux de Napoléon Ier.

Acculé à Waterloo le 18 juin 1815 par les armées de la 7e coalition, Napoléon est forcé d’abandonner les deux voitures composant le cortège impérial, embourbées sur la route de Genappe. Le maréchal Blücher, à la tête des troupes prussiennes, manque sa chance de capturer l’Empereur. Qu’importe ! Il s’empare de la berline, qui lui servait de véhicule rapide, et prend possession de la dormeuse, plus imposante, qui renfermait ses effets personnels : un chapeau, des armes, des médailles, de l’argenterie… ainsi qu’un coffret contenant 22 solitaires accompagnés de 121 petits diamants. Il n’était pas inhabituel que Napoléon voyageât avec un tel trésor. On rapporte en effet qu’en sus, il avait emporté des bijoux remis la veille de la bataille par son frère Joseph, ainsi qu’un collier de diamants d’une valeur de 300 000 francs offert par sa sœur Pauline lors de son exil sur l’île d’Elbe.

Bijou de chapeau de Napoléon Ier, début du XIXe siècle. Solitaire de 13,04 carats, entouré de diamants de taille ancienne et de taille Mazarin sertis dans une bordure ajourée. Vente Genève, Sotheby’s, 12 novembre 2025. Estimé : 120 000/200 000 CHF.

Bijou de chapeau de Napoléon Ier, début du XIXe siècle. Solitaire de 13,04 carats, entouré de diamants de taille ancienne et de taille Mazarin sertis dans une bordure ajourée. Vente Genève, Sotheby’s, 12 novembre 2025. Estimé : 120 000/200 000 CHF. Photo service de presse. © Sotheby’s

De bouton de bicorne impérial…

La broche est composée d’un solitaire ovale de 13,04 carats, entouré par une double ligne de diamants. Si l’objet fut modifié postérieurement afin d’être porté en broche ou en pendentif, les quatre orifices visibles à son revers ne laissent pas de doute quant à sa fonction originelle. D’après L’Histoire des joyaux de la couronne de France de Germain Bapst, publiée en 1889, Napoléon passe commande en 1805 à Bernard Marguerite, nommé joaillier de la Couronne en 1811, d’une ganse et d’un bouton de bicorne. Ce dernier servait à parfaire la tenue d’apparat que l’Empereur revêtait notamment à l’occasion d’une victoire sur le champ de bataille.

Bijou de chapeau de Napoléon Ier, début du XIXe siècle. Solitaire de 13,04 carats, entouré de diamants de taille ancienne et de taille Mazarin sertis dans une bordure ajourée. Vente Genève, Sotheby’s, 12 novembre 2025. Estimé : 120 000/200 000 CHF.

Bijou de chapeau de Napoléon Ier, début du XIXe siècle. Solitaire de 13,04 carats, entouré de diamants de taille ancienne et de taille Mazarin sertis dans une bordure ajourée. Vente Genève, Sotheby’s, 12 novembre 2025. Estimé : 120 000/200 000 CHF. Photo service de presse. © Sotheby’s

… à joyau de la Couronne de Prusse

Sa valeur patrimoniale inestimable n’avait pas échappé au lieutenant von Pless, qui en fit cadeau au roi de Prusse Frédéric-Guillaume III, seulement trois jours après la défaite de la campagne de France, au titre que cet « ornement [était] si rare qu’il devait revenir de droit à la Couronne de Prusse ». Entré ainsi dans les collections de la famille des Hohenzollern et transmis au fil des successions à l’empereur Guillaume II, puis à son fils, le Kronprinz Guillaume, et ce malgré l’abolition de l’Empire allemand et l’instauration de la République de Weimar en 1918, il n’en sortit que près de deux cents ans plus tard, au décès du prince Louis-Ferdinand, en 1994. Tout au long des deux siècles qu’a duré son séjour dans la maison royale de Prusse, le bouton de chapeau est parfaitement identifié dans la Schatzkammer, la salle du trésor des Hohenzollern. Mentionné en 1819 par les frères Jourdan, il est photographié et décrit en 1913 par le docteur Paul Seidel.

Revanche prussienne

La prise d’un objet si exceptionnel incarnait la victoire sur le « petit Caporal » dont les exploits militaires avaient failli anéantir les forces prussiennes au plus fort de la 4e coalition. La victoire de Waterloo sonnait ainsi l’entrée de la Prusse à la table des grands aux côtés de l’Angleterre, de la Russie et de l’Autriche, basculement que symbolise à lui seul le bijou de chapeau de l’empereur déchu.

Joaillerie historique

D’autres pièces proposées aux enchères ne devraient pas manquer de séduire les amateurs de joaillerie historique. Il sera également possible d’acquérir un ornement de cheveux et une broche ayant appartenu à la princesse Cunégonde de Saxe, cousine de Louis XVI (340 000/500 000 CHF), ainsi qu’une bague offerte par Catherine Ire de Russie au sultan Ahmed III en 1711 et dont la propriété revint à Neslişah Sultane, dernière princesse de la dynastie ottomane (240 000/400 000 CHF).