Le média en ligne des Éditions Faton

Le musée archéologique de Saint-Raphaël et ses trésors

Trésor monétaire (détail). Argent et bronze, XIIe ou XIIIe siècle. Provenance : Crypte de l’église romane de Saint-Raphaël. Fouilles P.-A. Février. Inv. M09-1/M09-362.

Trésor monétaire (détail). Argent et bronze, XIIe ou XIIIe siècle. Provenance : Crypte de l’église romane de Saint-Raphaël. Fouilles P.-A. Février. Inv. M09-1/M09-362.

Installé depuis 1968 dans le presbytère et l’église romane du XIIe siècle, le musée abrite les collections issues des fouilles terrestres et sous-marines de l’est du Var.

Rénovées en 2022, deux salles évoquent la Préhistoire dans les massifs de l’Estérel et des Maures ; le rez-de-chaussée est dédié à l’archéologie sous-marine et aux épaves antiques jalonnant le littoral, explorées depuis l’invention à Saint-Raphaël en 1926 du premier scaphandre autonome. Un hommage est d’ailleurs rendu aux pionniers de cette discipline. La visite se prolonge par le jardin aromatique, l’église romane, ses cryptes restaurées et le panorama au sommet de la tour.

Lame en silex

Cette très belle lame en silex blond confirme le savoir‑faire technique des communautés néolithiques. Taillée par percussion, puis polie et retouchée, la « Joconde de la préhistoire » provençale présente un tranchant particulièrement vif. Son dépôt dans un contexte funéraire souligne la valeur symbolique de cet outil, qui dépasse la simple fonction utilitaire pour devenir un objet de prestige et de mémoire.

Silex blond, Néolithique. Provenance : La-Londe-des-Maures, dolmen de Gaoutabry. Fouilles G. Sauzade, découverte G. de Bonstetten en 1876. Inv. D008-20-3.

Silex blond, Néolithique. Provenance : La-Londe-des-Maures, dolmen de Gaoutabry. Fouilles G. Sauzade, découverte G. de Bonstetten en 1876. Inv. D008-20-3. © Musée archéologique

Menhir gravé d’un visage et d’un serpent

Issu du groupe des Veyssières, qui compte cinq autres monuments similaires, ce menhir présente des gravures stylisées figurant un visage humain et un serpent sinueux. Dressé à l’origine en contexte rituel, il est aujourd’hui conservé dans le jardin du musée. Manifestation rare de la spiritualité néolithique, il reflète des croyances liées au monde des vivants comme à celui des morts, tout en exprimant l’affirmation d’un pouvoir « religieux » au sein des communautés préhistoriques.

Tuf volcanique permien, Néolithique final. Provenance : Saint-Raphaël, site des Veyssières. Inv. M-75.

Tuf volcanique permien, Néolithique final. Provenance : Saint-Raphaël, site des Veyssières. Inv. M-75. © Musée archéologique

Amphores 1B

Ces amphores de type 1B attestent du commerce du vin campanien à la fin du IIe et au début du Ier siècle avant notre ère. Le navire, long de plus de 40 m, transportait une cargaison de plusieurs centaines d’amphores, mais aussi d’autres denrées et des passagers. Son naufrage montre la vigueur des échanges entre la Provence et les grands ports producteurs méditerranéens, révélant l’importance du vin dans les circuits commerciaux romains.

Céramique commune, IIe ou Ier siècle avant notre ère. Provenance : Saint-Raphaël, épave Dramont A. Fouilles C. Santamaria en 1958. Inv. D59-9-8.

Céramique commune, IIe ou Ier siècle avant notre ère. Provenance : Saint-Raphaël, épave Dramont A. Fouilles C. Santamaria en 1958. Inv. D59-9-8. © A. Hache

Pelvis

Le navire naufragé au large de l’île d’Or transportait plusieurs cargaisons, dont des mortiers en céramique commune datés des Ier et IIe siècles. Ces récipients circulaires, munis d’un bec verseur, servaient à la préparation du garum, célèbre sauce de poisson. De telles découvertes demeurent rares, les épaves avec ce type de chargement étant exceptionnelles. Se dévoilent ainsi les pratiques alimentaires et artisanales liées à la conservation et au commerce des denrées en Méditerranée romaine.

Céramique commune, Ier ou IIe siècle de notre ère. Provenance : Saint‑Raphaël, épave Dramont D. Fouilles J.-P. Joncheray, découverte G. Van Neuvel en 1964. Inv. D76-23 17.

Céramique commune, Ier ou IIe siècle de notre ère. Provenance : Saint‑Raphaël, épave Dramont D. Fouilles J.-P. Joncheray, découverte G. Van Neuvel en 1964. Inv. D76-23 17. © Musée archéologique

Foculus

Cet ustensile en plomb, daté du Ier siècle, est un petit foyer portatif à double paroi. Il permettait à l’équipage de cuire des aliments ou de maintenir les préparations au chaud durant la traversée. Couramment utilisé en Méditerranée orientale, mais rare sur le littoral occidental, il constitue un document exceptionnel de la vie quotidienne à bord. Il éclaire non seulement les pratiques alimentaires, mais révèle aussi les itinéraires maritimes et la diffusion de savoir-faire techniques entre Orient et Occident.

Plomb, Ier siècle. Provenance : Saint-Raphaël, épave Barthélemy B. Fouille A. Joncheray, découverte A. et J.‑P. Joncheray. Inv. BB9504.

Plomb, Ier siècle. Provenance : Saint-Raphaël, épave Barthélemy B. Fouille A. Joncheray, découverte A. et J.‑P. Joncheray. Inv. BB9504. © A. Joncheray

Cantimplora

Cette gourde en céramique fine, de forme annulaire, est datée du Xe siècle ; elle présente une surface soigneusement guillochée, recouverte d’une glaçure miel destinée à imperméabiliser la pâte poreuse et à produire un effet esthétique. Les couleurs sont obtenues grâce à des oxydes métalliques. Ce type de fabrication est associé à des ateliers urbains prospères, notamment à Malaga en Andalousie. Objet rare, elle fut sans doute une pièce d’apparat.

Céramique fine, Xe siècle. Provenance : Saint‑Raphaël, épave Agay A. Fouilles A. Visquis, découverte A. Visquis et P. Danneyrol en 1962. Inv. D75-57-2.

Céramique fine, Xe siècle. Provenance : Saint‑Raphaël, épave Agay A. Fouilles A. Visquis, découverte A. Visquis et P. Danneyrol en 1962. Inv. D75-57-2. © A. Joncheray

Trésor monétaire 

Découvert dans l’absidiole nord de l’église romane de Saint-Raphaël, ce trésor réunit 362 oboles et deniers melgoriens, mis au jour entre 1945 et 1950. Il pourrait correspondre à une redevance due aux moines de Lérins. La monnaie de Melgueil, née après l’effondrement du pouvoir carolingien, disparaît au début du XIVe siècle sous l’autorité capétienne. Cet ensemble constitue un témoignage majeur de l’économie médiévale et des échanges en Provence, révélant les pratiques d’épargne et de circulation monétaire.

Argent et bronze, XIIe ou XIIIe siècle. Provenance : Crypte de l’église romane de Saint-Raphaël. Fouilles P.-A. Février. Inv. M09-1/M09-362.

Argent et bronze, XIIe ou XIIIe siècle. Provenance : Crypte de l’église romane de Saint-Raphaël. Fouilles P.-A. Février. Inv. M09-1/M09-362. © Musée archéologique

Musée archéologique de Saint‑Raphaël, rue de la Vieille Église, 83700 Saint-Raphaël. Tél. 04 94 19 25 75 et www.ville-saintraphael.fr