Année olympique oblige, le musée du Louvre fête les 130 ans du congrès fondateur des jeux modernes en 1894 et les 100 ans de ceux qui se sont tenus pour la seconde fois à Paris en 1924. Cette exposition se lance dans la course et aborde le processus de création de cette manifestation d’ampleur inédite avec le rôle décisif joué par la France, et tout spécialement Paris – bien au-delà de la figure du baron Pierre de Coubertin que l’on a surtout retenue. Sont évoquées des personnalités totalement oubliées d’historiens et d’hommes politiques comme Dimitrios Vikélas, Michel Bréal ou Spyridon Lambros. En cherchant à comprendre le sport grec à partir de l’étude des textes anciens et des témoignages archéologiques, ces érudits ont profondément réinventé les concours de la Grèce antique. Le parcours offre également l’occasion de découvrir Émile Gilliéron (dont on célèbre en 2024 le centenaire du décès), personnage de premier plan dans l’élaboration de nouvelles images autour de l’olympisme.
Statuette de coureuse
D’une facture très raffinée, cette coureuse demeure assez énigmatique : elle est vêtue d’un chiton (tunique) assez court, attaché à son épaule gauche et dévoilant son sein droit. Sa chevelure repoussée derrière elle encadre un visage encore jeune regardant vers l’arrière. Très droite, elle est figurée courant avec élégance et souplesse. Elle a été fabriquée en Laconie, région de Grèce où se trouve Sparte, cité réputée pour ses sportifs et sportives. Cette jeune fille participe peut-être aux Héraia, fête organisée à Argos et consacrée à Héra. Cette compétition était exclusivement réservée aux femmes et les jeunes filles célibataires s’affrontaient à la course de courte distance.
Relief en plâtre figurant une course à pied (dromos)
Ce relief est inspiré d’une représentation du peintre de Berlin, artiste athénien (vers 510-460 avant notre ère) anonyme qui doit son nom à une très belle pièce conservée dans la capitale allemande ; lui sont attribuées plus de 300 peintures sur céramiques. Les amphores panathénaïques, avec leur panse très renflée et leur col étroit, étaient offertes comme prix aux vainqueurs des épreuves sportives des fêtes athéniennes des Panathénées. Sans doute pour des raisons d’orthodoxie religieuse, elles ont traversé les siècles, toujours peintes de la même manière avec des sujets semblables : d’un côté la déesse Athéna et de l’autre une scène d’athlétisme – aux silhouettes sveltes et élancées. Une douzaine d’amphores panathénaïques du peintre de Berlin est connue à ce jour.
Cratère à figures rouges représentant Héraclès et Antée attribué à Euphronios
L’exposition confronte les antiquités qui ont inspiré Émile Gilliéron et les œuvres produites dans le cadre des Jeux olympiques modernes (timbres, affiches ou cartes postales, etc.). Parmi les premières figure ce célébrissime cratère (où l’on mélangeait l’eau et le vin lors des banquets) découvert à Cerveteri, et pièce de la collection Campana jusqu’à l’achat de cette dernière en 1861 par le pouvoir impérial. Le peintre d’Athènes Euphronios, l’un des plus réputés de son époque, y figure, sur la face principale et dans une grande tension dramatique, la lutte entre Héraclès et le géant Antée, en présence de deux figures féminines et, au revers, un concours musical (tel qu’il pouvait se donner lors des banquets). Pour rester invincible, Antée, qui puise sa force de la terre, doit rester en contact avec le sol. Héraclès essaye donc de le maintenir en l’air pour pouvoir le vaincre. Le héros a déposé ses attributs, la massue et la peau de lion, derrière lui, ainsi que son carquois.
À retrouver en intégralité dans :
Archéologia n° 631 (mai 2024)
3D et réalité virtuelle au service de l’archéologie
81 p., 11 €.
À commander sur : www.archeologia-magazine.com
« L’Olympisme – Une invention moderne, un héritage antique »
Jusqu’au 16 septembre 2024 au musée du Louvre
99 rue de Rivoli, 75001 Paris
Tél. 01 40 20 53 17
www.louvre.fr
Catalogue, coédition Hazan / Louvre éditions, 336 p., 45 €.