En 1963, les contours d’un port, fondé par les Étrusques au Ve siècle avant notre ère, se dessinent sous l’actuelle commune de Lattes, au sud de Montpellier. L’antique Lattara commence alors à sortir de terre. L’histoire de ces fouilles, qui ne s’est jamais interrompue depuis, commence lorsque l’archéologue montpelliérain Henri Prades réalise deux sondages sur un terrain agricole qui vient de révéler des milliers de pièces de mobilier. L’importance de cette agglomération cosmopolite du Ier millénaire avant notre ère est très vite comprise ; en 1986, le musée Henri-Prades est inauguré, doté en 2001 d’une réserve archéologique vouée à accueillir les vestiges et à les étudier. Le parcours, repensé en 2018, intègre les résultats des campagnes successives, afin de transmettre au public les découvertes récentes. Archéologia vous propose de traverser les sept siècles d’histoire de cette puissante ville antique.
Fragment de coupe avec Apollon et Artémis
Ce fragment de coupe marque le tournant des influences dans la région au Ve siècle avant notre ère. En effet, après le départ des Étrusques et la fondation de Massalia, les Grecs dominent le commerce du vin et de la céramique (les formes liées au service et à la consommation de boissons occupent alors une place privilégiée). Au cœur de ces échanges et redistributions de denrées, la céramique attique rencontre un incontestable succès dans l’ensemble du bassin méditerranéen entre le VIe et le IVe siècle avant notre ère. Par ailleurs, la technique de la figure rouge, peinte et non plus incisée, améliore considérablement le réalisme du décor des vases. Le couple ici représenté est facilement reconnaissable à ses attributs respectifs : les cheveux longs et la branche de laurier désignent l’homme imberbe comme Apollon, tandis qu’en face sa jumelle, Artémis, tient un arc dans la main droite et porte un carquois.
Trésor monétaire (monnaies à la croix)
Ce trésor, dit « trésor n° 3 », se compose de 842 monnaies provenant de la région de Toulouse, sur le territoire gaulois des Volques Tectosages. Découvert dans le sous-sol d’une maison près du rempart sud de Lattara, il constituait une véritable fortune pour son propriétaire. Émis au IIe siècle avant notre ère, il souligne l’importance du commerce extérieur pour la cité, les échanges locaux se faisant, eux, grâce au troc. Il est probablement arrivé à Lattara complet depuis le sud-ouest, lors d’une transaction. Constitué uniquement de monnaies à la croix en argent, il rassemble trois groupes principaux : les monnaies présentant une tête dite « négroïde », des monnaies avec une tête dite « cubiste » précédée par deux dauphins stylisés et au revers portant une hache dans l’un des cantons de la croix, et les monnaies inscrites au revers d’une légende ibérique lue AKE RE KON TON.
Coupe en verre soufflé
Inventée en Orient au Ier siècle avant notre ère, la technique du verre soufflé à la canne se diffuse rapidement jusqu’en Italie ; les Romains excellent dans ce domaine, qu’ils répandent dans l’Empire. Maîtrisant parfaitement le verre tiré, les Gaulois acquièrent progressivement cette nouvelle façon de travailler la matière comme en témoigne cette coupe. La teinte naturelle du verre, due à des oxydes métalliques contenus dans le sable, est bleu-vert mais l’ajout d’autres oxydes naturels permet d’obtenir des couleurs vives. Des exemplaires très bien conservés ont été découverts dans la nécropole romaine de Lattara, témoignages du savoir-faire des artisans. Si quelques pièces ont été importées d’Italie du Nord, d’autres ont sans doute été fabriquées dans la région.
Chloé Petident
À retrouver en intégralité dans :
Archéologia n° 629 (mars 2024)
Pour une archéologie de la forêt
81 p., 11 €.
À commander sur : www.archeologia-magazine.com
Site archéologique Lattara-musée Henri-Prades
390 route de Pérols, 34970 Lattes
Tél. 04 99 54 78 20
https://museearcheo.montpellier3m.fr