De celui que l’Antiquité considérait déjà comme le plus grand sculpteur de tous les temps, aucun chef-d’œuvre ne nous est parvenu. La première exposition que lui consacrent les musées Capitolins de Rome permet de comprendre comment ses « statues divines » ont pourtant traversé les siècles. « Phidias est presque un fantôme, explique le commissaire de l’événement, Claudio Pariso Presicce ; nous ne savons pas grand-chose sur lui et nous ne connaissons ses sculptures que par des copies romaines ». Né vers 500 avant notre ère, il fréquente très tôt les ateliers de peintres et de grands bronziers de l’époque. Chargé par Périclès de la direction artistique et économique du chantier du Parthénon, il en fait l’écrin de sa monumentale statue d’Athéna Parthénos. À Olympie, il réalise, vers la fin de sa vie, le colosse chryséléphantin de Zeus, l’une des sept merveilles du monde antique. Victime de manœuvres visant son protecteur et ami Périclès, il meurt accusé notamment d’avoir détourné l’or destiné à l’Athéna Parthénos.
Gemme d’Aspasios
Cette intaille gravée par le sculpteur Aspasios serait la reproduction la plus minutieuse et sans doute la plus exacte du buste vu de profil d’Athéna Parthénos, la colossale statue chryséléphantine (en ivoire et en or) conçue par Phidias et placée dans le naos du Parthénon. La déesse porte un casque attique orné d’une sphinge et de chevaux ailés ; ses cheveux tombent en anneaux sur ses tempes, et deux longues boucles descendent sur sa poitrine couverte d’une égide garnie d’écailles et ornée d’un gorgoneion. La facture du buste est si soignée que l’on peut supposer que cette copie a été réalisée devant la sculpture de la déesse, à Athènes.
Tête d’Athéna Lemnia dite Palagi
Athéna Lemnia est l’une des trois statues de la déesse polyade (protectrice de la cité) réalisées par Phidias sur l’Acropole, puis offerte par les colons athéniens à l’île de Lemnos. Pausanias la considérait comme la plus belle œuvre de Phidias. L’original en bronze, aujourd’hui perdu, représentait Athéna debout, sans casque ni armes, garante de la paix et de cette civilité nouvelle qu’incarnait l’Athènes de Périclès, au Ve siècle avant notre ère. Le visage de la déesse, célébré dans l’Antiquité, constituait un idéal de beauté féminine, souvent copié : celui-ci constitue sans doute la réplique romaine la plus précise et la plus fidèle.
Bouclier de Strangford
Le bouclier de Strangford est un modèle réduit de celui de l’Athéna Parthénos : il présente des scènes d’amazonomachie (combat des Amazones contre les Grecs) sur la face extérieure et de gigantomachie (combat des géants contre les dieux de l’Olympe) sur la face intérieure. Sur cette scène, surmontés par une Gorgone, sont représentés Dédale et Thésée sous les traits de Phidias (à gauche, chauve, les bras levés) et Périclès, le pied sur une amazone à terre : son bras lançant un javelot cache son visage afin qu’il ne soit pas reconnaissable. Mais les portraits physionomiques n’étant pas autorisés à Athènes pour des raisons politiques, les deux personnages furent, malgré leur renommée, jugés pour impiété. Phidias mourut en prison, peut-être empoisonné par les ennemis de Périclès.
Daniela Fuganti
Traduction Carole Cavallera
Article à retrouver en intégralité dans :
Archéologia n° 628 (février 2024)
Mystérieux cerfs-volants du désert
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« Fidia »
Jusqu’au 5 mai 2024 aux musées Capitolins – Villa Caffarelli
Via di Villa Caffarelli, 00186 Rome
www.museicapitolini.org