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Archéofolio : par monts et merveilles au musée archéologique de Dijon

Musée archéologique de Dijon. © Musée archéologique de Dijon, François Jay
Musée archéologique de Dijon. © Musée archéologique de Dijon, François Jay

Créé par la Commission des Antiquités de la Côte-d’Or (CACO), le musée archéologique de Dijon préserve de sublimes collections, témoins des cultures qui se sont succédé sur le territoire de la Côte-d’Or, et plus généralement en Bourgogne, de la Préhistoire au Moyen Âge. Présenté dès 1832 dans l’ancien hôtel Rolin, le fonds déménage ensuite dans plusieurs salles du Palais des États sous le Second Empire, le « musée des Antiquités » s’étoffant alors des riches fouilles du sanctuaire des Sources de la Seine. C’est en 1934 que le destin de ces collections et celui de l’abbaye Saint-Bénigne s’entremêlent avec l’installation du musée dans le dortoir des Bénédictins. Sous l’égide de ses conservateurs successifs, l’institution est municipalisée en 1955 et, forte d’enrichissements issus d’opérations archéologiques récentes et d’acquisitions, se déploie progressivement dans les différents niveaux du bâtiment.

Les collections du musée sont exposées entre les murs de l’impressionnante abbaye Saint- Bénigne. Une première basilique est établie, au Haut Moyen Âge, à l’ouest de l’enceinte de l’antique Dijon, sur la sépulture reconnue au VIe siècle comme étant celle de Bénigne, martyr dijonnais du IIe siècle. Autour de l’an mille, le réformateur piémontais Guillaume de Volpiano (dit aussi de Dijon ou de Cluny) est envoyé dans la capitale bourguignonne par la puissante abbaye de Cluny, pour y réformer son monastère. La nouvelle église qu’il fait construire et sa rotonde qui accueille les reliques du saint (crypte de l’église actuelle) font sa réputation dans toute la région. Aujourd’hui, on peut toujours admirer la salle capitulaire, le scriptorium, le dortoir et de nombreuses sculptures, vestiges du programme décoratif de l’abbaye.

Un fabuleux trésor de l’Âge du bronze

Une découverte exceptionnelle a eu lieu sur la commune de Blanot (Côte-d’Or), en limite du Morvan, au début des années 1980 : un trésor de l’Âge du bronze, daté entre 1000 et 900 avant notre ère, est alors fortuitement mis au jour. Parmi les centaines d’objets, citons pêle-mêle un chaudron, une coupe carénée, des fiasques, des centaines d’anneaux, des pendeloques, des jambières décorées de motifs géométriques gravés et une magnifique ceinture articulée à trois rangs de maillons plats. Si la plupart des pièces sont de fabrication « régionale », le chaudron serait, lui, manifestement issu d’une importation de la grande plaine hongroise ou de la vallée de la Tisza, témoignant ainsi des relations commerciales à longue distance à cette époque. Exemple rare en France, ce dépôt atteste d’une pratique cultuelle ou votive au cours de laquelle on offrait à une divinité (?) des objets de grande valeur en les plaçant sous terre.

Dépôt de Blanot. Âge du bronze, bronze. © Musée archéologique de Dijon, François Jay
Dépôt de Blanot. Âge du bronze, bronze. © Musée archéologique de Dijon, François Jay

Sous l’œil de Videtillus

Le parcours du musée accompagne le visiteur dans la découverte de la vie quotidienne gallo-romaine sur les sites de Mediolanum (antique Mâlain), des Bolards à Nuits-Saint-Georges ou encore de Selongey. Avec la romanisation, les Gaulois acquièrent de nouvelles techniques pour figurer leurs divinités et mélangent les influences et cultures : ainsi ce masque en bronze représentant le dieu Videtillus avec une phrase gravée en latin : « Au dieu Videtillus Gellbellus qui s’est acquitté de son vœu à juste titre ». Frappant, le visage est présenté de profil, avec son œil qui fixe directement le spectateur et sa barbe extrêmement détaillée.

Masque de Videtillus Gellbellus. Bronze repoussé et gravure, époque gallo-romaine, IIe siècle de notre ère, Inv. 998.8.1. © Musée archéologique de Dijon, François Perrodin
Masque de Videtillus Gellbellus. Bronze repoussé et gravure, époque gallo-romaine, IIe siècle de notre ère, Inv. 998.8.1. © Musée archéologique de Dijon, François Perrodin

Vestiges de la Chartreuse de Champmol

Le musée possède également un très beau fonds médiéval. En témoigne sa collection de sculptures, reflets de monuments à présent disparus. Ainsi ce buste du Christ provient du calvaire du « Puits de Moïse » de la Chartreuse de Champmol, célébrissime construction du XIVe siècle aujourd’hui en grande partie détruite. La majesté de cette réalisation architecturale et artistique commandée aux plus grands artistes de l’époque par les puissants ducs de Bourgogne et destinée à recevoir leurs sépultures (actuellement exposées au musée des Beaux-Arts de la Ville) se laisse entrapercevoir par des témoignages exceptionnels, comme cette sublime sculpture en calcaire.

Buste du Christ crucifié. Claus Sluter, Claus de Werve, calcaire taillé, 1399, Inv. Arb. 1323. Don Philippe Guignard. © Musée archéologique de Dijon, François Perrodin
Buste du Christ crucifié. Claus Sluter, Claus de Werve, calcaire taillé, 1399, Inv. Arb. 1323. Don Philippe Guignard. © Musée archéologique de Dijon, François Perrodin

Marie Maille

Article à retrouver en intégralité dans :
Archéologia n° 627 (janvier 2024)
Quand l’humanité était plurielle

81 p., 11 €.
À commander sur : www.archeologia-magazine.com


Musée archéologique de Dijon
5 rue docteur Maret, 21000 Dijon
Tél. 03 80 48 83 70
https://archeologie.dijon.fr

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