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Au cœur de Narbo Martius

Imaginer Narbonne au IIe siècle de notre ère ! C’est ce que propose la nouvelle exposition du Narbo Via qui, grâce aux nouvelles technologies, nous plonge dans le quotidien de la Narbo Martius, la Narbonne antique. Cette visite spectaculaire et familiale révèle également la manière dont les scientifiques réalisent depuis des décennies leurs restitutions historiques.

Il y avait les grandes aquarelles de Jean-Claude Golvin, célèbre dessinateur, archéologue et architecte, dans lesquelles l’œil pouvait se perdre pendant des heures ; il y a maintenant les images de synthèse, qui nous immergent dans le quotidien de nos ancêtres d’il y a 2 000 ans. Sous la houlette de l’archéologue et réalisateur Marc Azéma et d’Ambroise Lassalle, chargé des expositions temporaires au Narbo Via, en étroite association avec J.-C. Golvin, le parcours nous dévoile donc, dans une salle de projection immersive (avec un écran panoramique à 180° !), les lieux phares de Narbo Martius, cette capitale de province de la bien nommée Narbonnaise, qui a disparu mais qui suscite toujours beaucoup de phantasmes. Depuis le port, l’un des plus grands de l’Antiquité, le film nous mène jusqu’au cœur de la cité, en passant par la via Domitia, le colossal Capitole, les thermes, l’amphithéâtre et les maisons du quartier du Clos de la Lombarde, avec leurs délicates peintures et leurs musiciennes jouant de la harpe. Ailleurs le parcours propose des scènes de rue, de rituels religieux, de concert ou de combat de gladiateurs, où les œuvres emblématiques de la collection du musée (bas-reliefs, statuettes, objets militaires ou de la vie quotidienne) retrouvent leur contexte d’usage d’origine.

Questionnements scientifiques

Mais l’intérêt de cette exposition ne réside pas que dans cette immersion. Elle a aussi, et surtout, comme force celle de nous expliquer tous les questionnements, les démarches et les processus de restitution et d’expérimentations archéologiques qui permettent d’aboutir à ce résultat. Ce travail minutieux est le fruit de longues années de réflexion, de confrontation avec les vestiges archéologiques et de travaux conduits sur le terrain, menés par une myriade de spécialistes (scientifiques mais aussi étudiants, guides conférenciers, comédiens et reconstituteurs, ou encore infographistes). Au fil des salles, on s’aperçoit ainsi que la reconstitution a également une histoire et que les spécialistes y recourent depuis les débuts de la science archéologique afin de se figurer les sociétés du passé. Des plus traditionnelles (aquarelles et maquettes) aux plus récentes (images de synthèse 3D, réalité virtuelle), la restitution est un outil précieux qui ne cesse d’évoluer grâce aux découvertes et aux avancées scientifiques. Séduisant le grand public, elle a eu tôt fait d’être saisie par la pop culture qui, depuis des décennies, s’en nourrit – pensons aux films (Gladiator), bandes dessinées (d’Alix à Arelate), jeux vidéo (ainsi d’Assassin’s Creeds), figurines et jouets (dont les célèbres Playmobil®) – pour faire renaître, sous nos yeux émerveillés, ces éternelles cités romaines.

Éléonore Fournié


« Narbo Martius, renaissance d’une capitale »
Jusqu’au 31 décembre 2022 au Narbo Via
2 avenue André Mècle, 11100 Narbonne
Tél. 04 68 90 28 90
www.narbovia.fr


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