
Elle fait partie des sites les plus fouillés du Proche-Orient : pourtant la ville de Byblos n’a pas encore livré tous ses secrets ! En 2018 était ainsi découverte une nouvelle nécropole remontant à l’âge du Bronze moyen. Une exposition-dossier du musée du Louvre en dévoile les résultats préliminaires et retrace l’arrivée de ces antiquités au sein des collections de l’institution à partir du XIXe siècle.
Située à 40 km au nord de Beyrouth, la ville portuaire de Byblos (aujourd’hui Jbeil) est habitée en continu depuis le Néolithique, les premières traces d’occupation remontant à plus de 8000 ans. C’est au IIIe millénaire, à la faveur du développement du commerce avec la Mésopotamie, la Syrie et l’Égypte, que Byblos devient florissante : érigée sur un promontoire rocheux qui domine la mer, protégée d’un rempart côté terre, l’acropole s’organise autour de son puits central, de ses palais royaux et de ses sanctuaires, notamment le temple de Baalat-Gebal, la «Dame de Byblos ». Après cette période d’apogée, la cité phénicienne passe sous domination perse, puis romaine et byzantine, avant d’être conquise par les Croisés et enfin reprise par les Ottomans – autant de civilisations qui marquent durablement le site et dont témoignent aujourd’hui les vestiges archéologiques. Les fouilles, commencées en 1860 sous la direction d’Ernest Renan, philologue et orientaliste dépêché par Napoléon III, mettent au jour les premiers éléments de la présence antique. Mais c’est à l’égyptologue Pierre Montet, qui reprend les recherches au début des années 1920, que l’on doit la découverte des vestiges majeurs de l’âge du Bronze final, parmi lesquels la nécropole royale et le sarcophage du roi Ahiram, gravé d’une inscription phénicienne qui fera date dans l’histoire de l’écriture.
Découverte fortuite
Un siècle plus tard, en 2018, la mission menée par Julien Chanteau – à la recherche de la porte urbaine reliant le port à l’acropole – révèle fortuitement au sud du rempart le puits d’accès à une deuxième nécropole : datant vers 1800 avant notre ère, ces hypogées contemporains de trois des tombes royales vont alors faire l’objet d’un nouveau programme de fouilles, Byblos Hypogeum, lancé conjointement par le ministère de la Culture libanais (Direction générale des antiquités) et le département des Antiquités orientales du musée du Louvre. Ces sépultures se révèlent exceptionnelles à la fois par leur structuration – différents espaces funéraires reliés entre eux par des escaliers et superposés sur plusieurs niveaux – et par leur contenu. Dans le seul hypogée V ont été retrouvés les ossements d’une cinquantaine d’individus, hommes, femmes et enfants de tous âges, et un millier d’artefacts – jarres, coupes, bols utilisés pour les offrandes et les banquets funéraires, armes en bronze, objets de toilette, bijoux et, également, de nombreuses amulettes de scarabées qui étaient, à Byblos comme en Égypte, très populaires. Une partie de ce magnifique mobilier est à découvrir au sein de l’exposition, qui est aussi une invitation à aller (re)voir les antiquités de Byblos présentées au sein des collections permanentes.
Alice Tillier-Chevallier
« Byblos et le Louvre. Recherches archéologiques au Liban (1860-2022) »
Jusqu’au 11 septembre 2022 au musée du Louvre, aile Richelieu, salle d’actualité du département des Antiquités orientales
Rue de Rivoli, 75001 Paris
Tél. : 01 40 20 50 50
www.louvre.fr