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Si la vedette incontestée de la vente de tableaux anciens et sculptures de Christie’s Paris du 12 juin sera sans aucun doute Le Melon entamé de Chardin, la vacation recèle d’autres pépites qui raviront les amateurs de peinture ancienne. Notre sélection.
Édition du 12/06/24 : Le melon sera bien le fruit de l’été. Après une longue bataille d’enchères entre un téléphone et un acheteur présent en salle à Paris, Le Melon entamé de Chardin a finalement été adjugé à un collectionneur européen pour la somme de 26,7 millions d’euros (frais inclus), détrônant le Panier de fraises. Il devient à la fois l’œuvre la plus chère vendue en France cette année, le tableau ancien le plus cher jamais vendu en France, et décroche le record mondial d’adjudication pour un tableau français du XVIIIe siècle. Le musée Ingres Bourdelle de Montauban a de son côté judicieusement usé de son droit de préemption pour s’offrir l’Étude pour le Christ Enfant du Vœu de Louis XIII de la cathédrale de Montauban. Issue de la collection Sam Josefowitz, cette délicate huile sur toile exécutée par Jean-Auguste-Dominique Ingres a plus modestement été adjugée 75 000 euros au marteau.
Délicate odalisque
Citons d’abord un délicat portrait de femme au turban rouge, L’Odalisque par Anne-Louis Girodet-Trioson, qui apparaît pour la première fois sur le marché. Il s’agit d’un cadeau fait par l’artiste à la famille des actuels propriétaires. Réalisé vers 1820, ce portrait sensible porte encore la marque de l’influence de David sur son élève. Estimation : 80 000/120 000 €
![Anne-Louis Girodet-Trioson (1767-1824), L’Odalisque. Huile sur toile, 40,3 x 32,7 cm. Estimé : 80 000/120 000 €. Photo service de presse. © Christie’s Images Ltd 2024](https://www.actu-culture.com/wp-content/uploads/2024/06/72436455_dotcom-image-jpeg-2537x3200-1-scaled.jpeg)
La genèse du Vœu de Louis XIII
Notons également une étude pour le Christ enfant par Jean-Auguste-Dominique Ingres provenant de la collection Sam Josefowitz. Elle témoigne du processus créatif de l’artiste alors qu’il élaborait Le Vœu de Louis XIII, tableau conservé dans la cathédrale de Montauban. Présentée avec succès au Salon de 1824, l’œuvre fut commandée au peintre par le ministère de l’Intérieur dans le cadre de la politique d’aménagement des lieux de culte par le gouvernement. Estimation : 60 000/100 000 €
![Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867), Étude pour le Christ Enfant du Vœu de Louis XIII de la cathédrale de Montauban. Huile sur toile, plume et encre brune, graphite, 40 x 31,5 cm. Estimé : 60 000/100 000 €. Photo service de presse. © Christie’s Images Ltd 2024](https://www.actu-culture.com/wp-content/uploads/2024/06/2024_PAR_22507_0034_000jean-auguste-dominique_ingres_etude_pour_le_christ_enfant_du_v339u_de_d6486435105917-scaled.jpeg)
Une enseigne de Watteau ?
Elle figurait en 2022 parmi les trésors réunis à l’hôtel Lambert par le prince Al Thani, alors proposés au feu des enchères sous le marteau d’un maison concurrente. Si la palette subtile de cette séduisante toile allégorique est tout à fait caractéristique de l’art du peintre des « fêtes galantes », sa composition étonne. Il s’agit assurément d’une commande particulière à propos de laquelle les avis divergent : s’agit-il de l’enseigne d’un marchand d’instruments de musique ? d’une enseigne pour l’Opéra-Comique ? d’un modèle pour un rideau de scène ? ou bien peut-être d’une allégorie célébrant l’alliance de l’Opéra et de la Comédie-Française ? Estimation : 250 000/350 000 €
![Jean-Antoine Watteau (1684-1721), L'alliance de la Musique et de la Comédie. Huile sur toile, 65 x 54,3 cm. Estimé : 250 000/350 000 €. Photo service de presse. © Christie’s Images Ltd 2024](https://www.actu-culture.com/wp-content/uploads/2024/06/72070734-rs_dotcom-image-jpeg-2694x3200-2.jpeg)
Un militaire glorieux
La vente en ligne orchestrée jusqu’au 14 juin compte aussi son lot de bonnes surprises. Ayant un temps orné les cimaises de l’insigne collection François Marcille (1790-1856), ce portrait d’officier récipiendaire de l’ordre de Saint Louis a longtemps été considéré comme celui du maréchal de France Nicolas de Catinat (1637-1712), qui se distingua durant les campagnes de Louis XIV. Les gravures immortalisant ce militaire documentent pourtant des traits différents. On a jusqu’à récemment voulu voir la main de Hyacinthe Rigaud dans cette effigie, dont la composition est, il est vrai, tout à fait caractéristique de la formule mise au point par le maître catalan. La toile est aujourd’hui proposée à la vente dotée d’une nouvelle attribution à Robert Le Vrac de Tournières (1667-1752), portraitiste natif de Caen qui travailla un temps sous la direction de Rigaud. Estimation : 50 000/70 000 €
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La mauvaise éducation
Fils de Louis-Léopold Boilly (1761-1845), Jules Boilly (1796-1874) met ici en scène l’un des épisodes les moins glorieux de la Révolution : la captivité du jeune Louis XVII, « élevé » dans la prison du Temple par le cordonnier Simon et son épouse. Pâle et malingre, le fils de Louis XVI est représenté avec gravité, une attitude qui s’oppose à l’outrance presque caricaturale caractérisant ses geôliers. Certains détails rappellent tout particulièrement l’ironie dont se plaisait à faire preuve Boilly père, à l’image de cette lettre froissée au sol au premier plan qui semble être signée « Louis » et avoir servi à calotter la pipe du geôlier. Estimation : 20 000/30 000 €
![Julien Léopold, dit Jules Boilly (1796-1874), Louis XVII (1785-1795) et le couple Simon dans la prison du Temple. Huile sur toile, sur sa toile d'origine, 67,8 x 56,4 cm. Estimé : 20 000/30 000 €. Photo service de presse. © Christie’s Images Ltd 2024](https://www.actu-culture.com/wp-content/uploads/2024/06/2024_PAR_23027_0192_000julien_leopold_dit_jules_boilly_louis_xvii_et_le_couple_simon_dans_la094514-scaled.jpeg)
Nathalie Mandel et Olivier Paze-Mazzi
Vente Paris, Christie’s, le 12 juin 2024 à 15h
Vente en ligne, Christie’s, jusqu’au 14 juin 2024
www.christies.com