D’abord présentée à Bordeaux, puis à Poitiers, l’exposition interactive, qui nous plonge dans le monde de la gladiature romaine, s’invite cette fois-ci au Chronographe de Rezé, au sud de Nantes, dans l’ancien pays des Pictons. Des objets archéologiques retrouvés dans la région complètent l’expérience immersive.
Quel regard portons-nous sur les gladiateurs ? « Le public pense encore souvent – parce qu’il est imprégné de la vision véhiculée par les films ou la télévision – que le gladiateur est un esclave condamné à qui l’on offre de gagner sa liberté par le combat. L’exposition vise à précisément déconstruire ces idées reçues ! », explique Brice Lopez, chercheur en archéologie expérimentale et directeur d’ACTA. Sa société de spectacles et d’animations historiques s’est associée à Cap Sciences (Bordeaux) pour produire « Gladiateurs, descendez dans l’arène », une « exposition dont vous êtes le héros » qui invite le visiteur à choisir son personnage – citoyen ou esclave, gladiateur ou gladiatrice – et à suivre son parcours de vie : de l’engagement auprès du laniste, maître de l’école de gladiature (ludus) jusqu’au combat dans l’amphithéâtre et la fin de carrière, en passant par l’équipement au vestiaire et l’entraînement. À chaque étape, le bracelet magnétique permet de déclencher les vidéos et de rencontrer le doctor (entraîneur), puis le producteur des combats, l’arbitre ou une prêtresse du culte impérial, de suivre leurs instructions ou d’être orienté vers l’étape suivante du parcours. « Chacun des protagonistes a été filmé en buste, au format vertical, et apparaît en taille réelle sur les écrans, pour un échange plus direct », ajoute le chercheur.
Du vestiaire à la boutique
Au vestiaire, le visiteur peut essayer casques, armes et boucliers – des copies des artefacts retrouvés à Pompéi – ; il répète ensuite ses gestes au palus, ce poteau de bois qui servait à l’entraînement et assiste, sous les gradins, à un combat filmé en contre-plongée, avant de passer par la boutique de souvenirs de l’amphithéâtre où les spectateurs romains achetaient lampe à huile, fascinum (pendentif) ou statuette de gladiateur secutor…
Vestiges archéologiques
Au sein des décors de ludus restitués par Archéovision d’après les derniers résultats de la recherche, mais aussi de maisons et de rues pompéiennes, la déambulation incite également à admirer quelques pièces archéologiques du territoire picton : lampe à huile, manche de couteau, ou encore l’un des trois fragments de casques de gladiateurs des IIe-IIIe siècles retrouvés dans d’anciens ateliers de travail du fer, à Poitiers, à la fin des années 1990 – les seuls à avoir été découverts à ce jour dans toute la Gaule romaine. « Grâce à ces objets, aux panneaux explicatifs disposés le long du parcours et aux informations glanées auprès des différents personnages, le visiteur aura, nous l’espérons, une vision plus juste de ce qu’était la gladiature, conclut Brice Lopez : des combats opposant des volontaires appartenant à la même école, chèrement rémunérés et où les attaques se faisaient à la dague et non à la lance ou au trident, qui servaient à repousser l’adversaire et à rendre la lutte plus spectaculaire. »
Alice Tillier-Chevallier
« Gladiateurs, descendez dans l’arène »
Jusqu’au 22 septembre 2024 au Chronographe
21 rue Saint-Lupien, 44400 Rezé
Tél. 02 52 10 83 20
https://lechronographe.nantesmetropole.fr