Avis aux retardataires ! L’année 2023 s’est achevée sans vous permettre de boucler votre saison culturelle ? Pas de panique : la rédaction a sélectionné pour vous les meilleures expositions disponibles quelques jours encore pour une ultime session de rattrapage.
La vie selon Frans Hals – Londres, The National Gallery
La National Gallery de Londres accueille depuis septembre dernier sur ses cimaises la plus importante rétrospective jamais consacrée à Frans Hals (1582/1584-1666), génial portraitiste qui fut en son temps l’égal de Rembrandt et Vélasquez. Plus d’une cinquantaine de ses toiles éclairent, aux côtés du célébrissime Cavalier riant exceptionnellement prêté par la Wallace Collection, le travail d’un artiste inlassablement soucieux d’animer ses modèles du souffle de vie. L’exposition traversera la Manche pour gagner, à partir du 16 février, le Rijksmuseum d’Amsterdam, avant de se conclure en juillet prochain à la Gemäldegalerie de Berlin. O.P.-M.
« Frans Hals », jusqu’au 21 janvier 2024 à la National Gallery, Trafalgar Square, Londres. Tél. 00 44 20 7747 2885. www.nationalgallery.org.uk
Dans la cage aux Fauves – Bâle, Kunstmuseum Basel
Matisse, Derain, Camoin, Vlaminck, Braque, Marquet, Dufy… Tous ont investi le musée bâlois qui propose de retracer en 160 œuvres la genèse et le destin de la toute première aventure artistique du XXe siècle. Prenant le contre-pied de conventions académiques jugées trop rigides, ces artistes iconoclastes – parmi lesquels plusieurs femmes mises en lumière par l’exposition – prônent à la fois un usage expérimental de la couleur pure, l’association inhabituelle des couleurs et un rejet vigoureux du naturalisme. Parmi les temps forts de l’exposition, il ne faudra pas manquer d’admirer la réunion de six des peintures de la série des vues londoniennes de Derain. Alors âgé de vingt-six ans, le jeune artiste est envoyé outre-Manche par le marchand Ambroise Vollard, inspiré par le beau succès commercial remporté deux années plus tôt en 1904 par les toiles réalisées dans la capitale anglaise par Claude Monet et exposées chez Paul Durand-Ruel. O.P.-M.
« Matisse, Derain et leurs amis. L’avant-garde parisienne des années 1904-1908 », jusqu’au 21 janvier 2024 au Kunstmuseum Basel, St. Alban-Graben 8, Postfach, CH-4010 Bâle. Tél. 00 41 61 206 62 62. www.kunstmuseumbasel.ch
Hommage au noir et blanc – Paris, Bibliothèque nationale de France – site François Mitterrand
Contrastes, effets d’ombre et de lumière, rendus des matières par un subtil nuancier de teintes et de demi-teintes : les possibilités esthétiques et poétiques de la photographie en noir et blanc sont vastes ! Très engagée dans la préservation et la valorisation du patrimoine photographique – son fonds est l’un des plus riches au monde –, la Bibliothèque nationale de France en fait la démonstration à travers 300 tirages des grands noms de sa collection, parmi lesquels Gustave Le Gray, Nadar, Man Ray, Willy Ronis, Diane Arbus, Mario Giacomelli ou encore Valérie Belin. Prévue initialement au Grand Palais, où elle ne put finalement ouvrir ses portes en raison de la crise sanitaire, cette exposition célébrant la puissance créatrice du noir et blanc se dévoile enfin dans toute sa richesse ! Eva Bensard
« Noir & Blanc, une esthétique de la photographie », jusqu’au 21 janvier 2024 à la Bibliothèque nationale de France – site François Mitterrand, quai François-Mauriac, 75013 Paris. Tél. 01 53 79 59 59. www.bnf.fr
Monstres et Cie – Lens, Louvre-Lens
Ils sont partout. Dragons et griffons, sirènes et licornes, sphinx et phénix, toutes ces créatures antiques, parfois nées sur les parois des grottes ornées du Paléolithique supérieur, ont traversé les millénaires et peuplent encore aujourd’hui notre univers contemporain, du cinéma à la bande dessinée, de la littérature aux jeu vidéo. Réunissant 250 œuvres, dont un quart prêté par le Louvre, l’exposition du Louvre-Lens décrypte au fil des âges l’histoire de ces créatures hybrides qui fascinent autant qu’elles nous terrifient. O.P.-M.
« Animaux fantastiques », jusqu’au 22 janvier 2024 au Louvre-Lens, 99 rue Paul Bert, 62300 Lens. Tél. 03 21 18 62 62. www.louvrelens.fr
Illustrer Tolkien – Landerneau, Fonds Hélène & Édouard Leclerc pour la Culture
« Landerneau défend l’importance de l’héritage de Tolkien dans l’ensemble de la création artistique et ludique. C’est un fait culturel majeur ! », annonce fièrement Michel-Édouard Leclerc. Inauguré l’été dernier, l’accrochage déployé au Fonds Hélène & Édouard Leclerc pour la Culture entre les murs de l’ancien couvent des Capucins de Landerneau entend prolonger la grande exposition Tolkien orchestrée en 2019-2020 à la Bibliothèque nationale de France. Elle ouvre pour cela ses cimaises à l’illustrateur canadien John Howe (né en 1957) qui avec Alan Lee (né en 1947) a consacré une large partie de son œuvre à donner une traduction picturale à l’univers littéraire fantastique imaginé par Tolkien. Plus de 250 dessins et peintures de l’artiste – que complètent divers objets médiévaux prêtés par différentes institutions – donnent à voir son travail sur l’illustration des ouvrages ainsi que son implication à la direction artistique des adaptations cinématographiques par Peter Jackson du Seigneur des Anneaux (2001-2003), Hobbit (2012-2014), ou encore plus récemment de la série Le Seigneur des Anneaux : Les Anneaux de Pouvoir (2022) produite par Amazon. O.P.-M.
« Sur les traces de Tolkien et de l’imaginaire médiéval. Peintures et dessins de John Howe », jusqu’au 28 janvier 2024 au Fonds Hélène & Édouard Leclerc pour la Culture, Aux Capucins, 29800 Landerneau. Tél. 02 29 62 47 78. www.fonds-culturel-leclerc.fr
Arborer les lauriers de la victoire aux Invalides – Paris, musée de l’Armée
Victoire militaire, artistique, politique, sportive ou encore cynégétique : alors qu’en cette année 2024 les anneaux olympiques se dessinent déjà à l’horizon, le musée de l’Armée explore pour quelques jours encore le concept de Victoire, de sa célébration à sa commémoration. D’un fragment de Victoire antique au stylo utilisé par le général de Lattre de Tassigny dans la nuit du 7 au 8 mai 1945 pour signer la reddition inconditionnelle des armées allemandes, de l’épée d’apparat du roi François Ier à la coupe du monde de football emportée par les Bleus en 1998, exceptionnellement prêtée par la FFF, plus de 200 œuvres, trophées et récompenses retracent la fabrique du héros à travers les siècles. O.P.-M.
« Victoire ! La fabrique des héros », jusqu’au 28 janvier 2024 au musée de l’Armée – hôtel national des Invalides, 129 rue de Grenelle, 75007 Paris. Tél. 01 44 42 38 77. www.musee-armee.fr
Le grand décor selon Noël Coypel – Versailles, Grand Trianon et salle des Gardes de la Reine
Le château de Versailles et le musée des Beaux-Arts de Rennes ont uni leurs forces afin de déployer la première exposition consacrée à Noël Coypel (1628-1707), patriarche d’une illustre famille de peintres. Présenté au Grand Trianon et dans la salle des Gardes de la Reine, son premier volet s’emploie à restituer, à travers une remarquable sélection de 90 œuvres (peintures, dessins, cartons de tapisserie…), le parcours de celui qui fut l’un des peintres de grands décors les plus importants du règne du Roi-Soleil. Dans quelques semaines, le musée de Rennes poursuivra, à partir du 17 février, la redécouverte de l’œuvre de l’artiste en mettant l’accent sur sa production religieuse et ses réalisations dans le domaine de la tapisserie. Parmi les œuvres inédites dévoilées pour quelques jours encore à Versailles, il ne faut pas manquer d’admirer le splendide portrait de famille présenté au Salon de 1699 et désormais conservé dans une collection suisse qui ouvre l’exposition : l’artiste y livre une touchante démonstration de son bonheur familial. O.P.-M.
« Noël Coypel, peintre de grands décors », jusqu’au 28 janvier 2024 au château de Versailles, dans la salle des Gardes de la Reine et au Grand Trianon, place d’Armes, 78000 Versailles. Tél. 01 30 83 78 00. www.chateauversailles.fr
Delacroix sur les cimaises de Courbet – Ornans, musée Gustave Courbet
Privée du regard du public depuis septembre dernier en raison de la fermeture pour travaux du musée Eugène Delacroix, ultime atelier de l’artiste, une partie des œuvres du « vieux lion du romantisme » a quitté ses cimaises parisiennes pour passer un hiver vivifiant dans le Doubs. Là, une autre maison-atelier lui ouvre ses portes : le musée Gustave Courbet d’Ornans, demeure de jeunesse du peintre. Soixante peintures, dessins et maquettes viennent y dessiner le portrait d’un Delacroix plus intime, offrant au visiteur de pénétrer dans le secret de son atelier, au cœur de son processus créatif. L’exposition explore notamment la relation méconnue entre le père de la Liberté et son hôte, « rude ouvrier » du réalisme de vingt ans son cadet. Une relation asymétrique puisque le premier est déjà reconnu comme une gloire de l’art français quand le second demeure en quête d’approbation. La présentation rappelle ainsi le « duel » à distance auquel donne lieu l’Exposition universelle de 1855 qui encense Delacroix, tandis qu’à deux pas de là, Courbet surjoue les refusés depuis son Pavillon du réalisme. O.P.-M.
« Delacroix s’invite chez Courbet », jusqu’au 4 février 2024 au musée Gustave Courbet, 1 place Robert Fernier, 25290 Ornans. Tél. 03 81 86 22 88. www.musee-courbet.fr
L’aventureux périple asiatique d’un collectionneur – Paris, musée Cernuschi
Cet hiver, les collections d’arts asiatiques des musées français sont à l’honneur au fil de deux expositions aussi érudites qu’éblouissantes. Si en Côte-d’Or le musée des Beaux-Arts de Dijon retrace magistralement deux siècles d’engouement européen pour l’Extrême-Orient, dans la capitale le musée des arts de l’Asie de la Ville de Paris rappelle qu’il y a de cela 150 ans, Henri Cernuschi revenait d’un long voyage asiatique en rapportant avec lui des milliers de bronzes japonais et chinois. Ce périple artistique et son importance dans la naissance de la vogue japoniste en France sont évoqués avec brio dans la maison-musée construite en bordure du parc Monceau par cet amoureux des arts d’Asie. E.B.
« Retour d’Asie. Henri Cernuschi, un collectionneur au temps du japonisme », jusqu’au 4 février 2024 au musée Cernuschi, 7 avenue Vélasquez, 75008 Paris. Tél. 01 53 96 21 50. www.cernuschi.paris.fr
L’œuvre ultime de Vincent van Gogh – Paris, musée d’Orsay
Lorsque Vincent van Gogh arrive dans la paisible commune d’Auvers-sur-Oise le 20 mai 1890, il ne lui reste que deux mois à vivre. Pourtant sa production sera aussi abondante que révolutionnaire. La magistrale exposition déployée par le musée d’Orsay jusqu’au 4 février réussit l’exploit de rassembler plus de la moitié des œuvres réalisées par l’artiste avant sa fin tragique. Brice Ameille
« Van Gogh à Auvers-sur-Oise. Les derniers mois », jusqu’au 4 février 2024 au musée d’Orsay, Esplanade Valéry-Giscard-d’Estaing, 75007 Paris. Tél. 01 40 49 48 14. www.musee-orsay.fr
Suzanne Valadon, artiste autodidacte – Nantes, musée d’Arts de Nantes
Après une première étape au Centre Pompidou-Metz, la rétrospective consacrée à Suzanne Valadon (1865-1938) a pris ses quartiers d’hiver au musée d’Arts de Nantes. Plus de 120 tableaux et œuvres sur papier viennent y retracer la carrière de cette artiste emblématique du Montmartre des avant-gardes, de ses jeunes années en tant que modèle de Renoir, Puvis de Chavannes ou encore Toulouse-Lautrec, à son indépendance artistique. Transgressive, elle forge sa modernité en révélant un réel sans fard, usant pour cela de couleurs vibrantes soulignées de son cerne caractéristique. O.P.-M.
« Suzanne Valadon, un monde à soi », jusqu’au 11 février 2024 au musée d’Arts de Nantes, 10 rue Georges Clemenceau, 44000 Nantes. Tél. 02 51 17 45 00. https://museedartsdenantes.nantesmetropole.fr