
Plusieurs pièces archéologiques acquises par l’institution parisienne entre 1982 et 1998 sont concernées par une demande adressée par l’Italie à sa présidente, Laurence des Cars.
Longtemps reléguées au second plan par les questions d’authenticité, les problématiques liées à la provenance des œuvres acquises par les musées sont progressivement devenues centrales ces dernières années. « Je considère que des œuvres qui ont une provenance douteuse sont une tache dans les collections du Louvre, confiait il y a quelques jours la présidente du Louvre, sollicitée par Le Monde. Nous devons assumer et examiner cela avec rigueur et lucidité. »
Des provenances qui interrogent
Conservées depuis la fin du siècle dernier au sein du département des Antiquités grecques, étrusques et romaines, les pièces aujourd’hui réclamées par l’Italie ont toutes pour point commun d’être passées entre les mains de Giacomo Medici et Gianfranco Bettina, tous deux condamnés pour trafic d’antiquités. Le rapprochement entre les objets et les marchands d’art italiens a été rendu possible grâce à des perquisitions conduites en 1995 à Genève et en 2001 à Bâle ; celles-ci avait révélé des milliers d’archives photographiques à partir desquelles les autorités ont pu retracer l’itinéraire de nombreuses œuvres issues de pillages ou de fouilles illégales.
Sept antiquités dans le collimateur
Leur consultation a permis à un couple d’archéologues en retraite du ministère de la Culture italien d’identifier parmi elles quatre pièces antiques désormais conservées par le Louvre. Plusieurs œuvres y ont également été repérées par l’archéologue Christos Tsirogiannis. Le Monde révèle qu’il s’agirait notamment d’une splendide amphore sur fond noir datant du premier quart du Ve siècle et attribuée au « peintre de Berlin », acquise par le musée en 1994 auprès du magnat américain du pétrole Nelson Bunker Hunt. Acheté en 1985, un cratère vraisemblablement peint à Capoue par le peintre d’Ixion serait également concerné.
Un rapport attendu pour l’automne
Adressée au Louvre en 2018 par le gouvernement italien, une première demande de restitution était restée lettre morte. Nouvelle présidence, nouvelle tentative : une liste d’œuvres établie à Rome et transmise à Laurence des Cars en février dernier semble cette fois avoir rencontré plus d’écho. Le Louvre doit désormais conduire ses propres investigations ; il remettra ses préconisations à l’automne à la ministre de la Culture.
Olivier Paze-Mazzi