Organisme européen aux extensions mondiales, l’European Association of Archaeologists (EAA) rassemble près de 4 000 acteurs du patrimoine culturel et siège au Conseil de l’Europe depuis 1998. Pour la deuxième fois depuis 2019, elle lance une campagne de repères électoraux pour contribuer à éclairer les débats politiques de juin 2024 sur des questions touchant à la protection du patrimoine, à la lutte contre le pillage archéologique, à la mobilité transfrontalière et à la libre utilisation des images liées au patrimoine culturel. Éléments d’explications.
Après une première campagne Benchmarks for Archaeology and Heritage Protection (Repères politiques pour l’archéologie et la protection du patrimoine culturel) en 2019, l’EAA récidive en 2024. En collaboration avec ses communautés d’experts, ses comités consultatifs et ses organisations partenaires, l’EAA a sélectionné cinq thèmes à aborder au niveau européen : relever les défis du changement climatique pour le patrimoine culturel, protéger l’environnement historique dans la planification européenne, lutter contre le commerce illicite de biens archéologiques, et faciliter la mobilité transfrontalière des travailleurs en archéologie ainsi que la libre utilisation des images liées au patrimoine culturel. Il s’agit de soumettre ces thèmes à l’ensemble des partis politiques de chacun des pays européens afin qu’ils prennent position sur ces sujets dans leur programme de campagne. 2024 offre ainsi l’opportunité d’inclure l’archéologie et le patrimoine au sein de la politique scientifique et culturelle européenne. Ainsi, à l’issue des élections, les partis politiques seront comptables des promesses sur lesquelles ils se seront clairement engagés.
Des thématiques archéologiques universelles
Icono-archéologue chez ArkéoTopia, Jean-Olivier Gransard-Desmond porte l’organisation de la campagne pour la France. Il est co-président, avec l’archéologue suisse Sophie Hüglin, de la Political Strategies Community qui soutient le projet au sein de l’EAA avec la participation de trois autres communautés et une association, la Community for Climate Change & Heritage, la Community on the Illicit Trade in Cultural Material, le EAA and EAC Working Group on Farming, Forestry and Rural Land Management et la Deutsche Gesellschaft für Ur- und Frühgeschichte e.V. (ou DGUF). « Chacun des thèmes concerne non seulement les archéologues mais aussi les citoyens. L’impact de l’archéologie sur la planification du territoire, dans l’économie touristique ou encore dans ses dimensions sociales n’est plus à démontrer, explique Jean-Olivier. Si le grand public n’en mesure pas toujours ses effets, les partis politiques doivent se positionner sur ces questions touchant tout un chacun. » En plus des communautés de l’EAA, la campagne des Repères politiques est soutenue par neuf organisations nationales qui, comme ArkéoTopia pour la France, ont répondu présentes pour assurer les échanges avec les formations politiques nationales en Allemagne, Espagne, Irlande, Italie, Pays-Bas et Portugal.
Prise de contact et de conscience
La prise de contact avec les partis politiques a commencé en janvier. Tous recevront les « Repères politiques pour l’archéologie et la protection du patrimoine culturel 2024-2029 » et répondront aux questions thématiques, via des prises de positions possibles, établissant ainsi clairement leurs projets en la matière. Les résultats seront publiés sur les sites de l’EAA et d’ArkéoTopia en mai. Les prochaines élections européennes annoncent donc le développement de liens inédits entre archéologie et politique. De quoi considérer la première sous un nouvel angle.
Christiane Esnault
Pour aller plus loin :
Suivre la campagne en français https://bit.ly/archeo-et-europe et découvrir l’impact de l’archéologie dans la vie quotidienne https://bit.ly/a-quoi-sert-archeologie