
Voici peut-être le premier roman préhistorique féministe ! Des femmes Sapiens (des « Grandes Maigres ») et des néandertaliennes (des « Surprenantes »), déçues par les hommes, décident de fonder un clan autonome près du Pont d’Arc. Hélas ! Après des années de bonheur, un double meurtre est commis. Yoalna, la fille d’une des victimes, mène l’enquête. Écrivaine et enseignante en école du cinéma, Sophie Marvaud a écrit de nombreux romans, dont Le Choc de Carnac qui a reçu le prix France Bleu – L’Histoire en polar en 2021.
Propos recueillis par Romain Pigeaud.
Vous décrivez très bien ce qu’aurait pu être la condition féminine à cette époque où deux humanités et deux cultures se côtoient, se jaugent et se mélangent. Est-ce une concession à la mode ?
Nullement (rires) ! J’ai plutôt l’impression que la mode m’a rattrapée. Je publie des ouvrages depuis une vingtaine d’années, en jeunesse notamment, et j’ai toujours mis en scène des personnages féminins. Quand j’étais enfant, je manquais d’héroïnes à qui m’identifier et je m’étais promis d’y remédier quand j’écrirai à mon tour. Plus tard, j’ai réalisé qu’en prenant des points de vue féminins, j’inventais des histoires qui n’avaient jamais été racontées.
À peu de détails près, les préhistoriens n’auront pas grand-chose à reprocher à votre ouvrage – ce qui est rare. Selon vous, un bon roman (pré)historique doit être scientifiquement crédible ?
C’est essentiel à mes yeux et je me suis longuement documentée. Le roman oblige à imaginer ce qu’on ne sait pas mais je cherche toujours à rester cohérente avec les connaissances scientifiques. J’évoque ainsi les difficultés du métissage entre Sapiens et Néandertal, où seules les unions entre un Néandertalien et une Cro-Magnon étaient viables. Dans une note finale, j’explique comment j’ai procédé. J’espère que grâce à moi le lecteur peut avoir une vision plus juste du quotidien de nos mystérieux ancêtres préhistoriques, vision parfois à rebours des idées reçues.
Tizia, Naëlisse, Yoalna, Malinif… Comment avez-vous choisi le nom de vos personnages, qui d’ailleurs parlent comme vous et moi ?
Dans mes deux précédents romans préhistoriques, La Chamane de Lascaux et Le Choc de Carnac, je m’étais fondée sur le constat que, dans toutes les langues du monde, les noms ont un sens. Cette fois, j’ai simplifié pour la fluidité de la narration. Quant au langage, je l’ai traité exactement comme une traduction. Puisqu’à l’époque de Chauvet, les humains parlent depuis quelques centaines de milliers d’années, la langue est forcément déjà élaborée et précise.

Sophie Marvaud
Les Lionnes de Chauvet
Paris, éditions 10/18, 2023
288 p., 15,90 €
À commander sur : www.librairie-archeologique.com