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Sur les traces de Louis Delaporte à Angkor

Louis Delaporte (1842-1925), Phimânacas. Palais des rois khmers au centre d’Angkor Thom, vue idéale du perron nord de la terrasse des éléphants (détail), vers 1890. Aquarelle sur papier. Paris, musée Guimet.

Louis Delaporte (1842-1925), Phimânacas. Palais des rois khmers au centre d’Angkor Thom, vue idéale du perron nord de la terrasse des éléphants (détail), vers 1890. Aquarelle sur papier. Paris, musée Guimet. Photo service de presse. © GrandPalaisRmn (musée Guimet, Paris) / Thierry Ollivier

La ville de Loches célèbre un enfant du pays, le dessinateur et explorateur Louis Delaporte (1842-1925), fameux pour avoir fait connaître les merveilles des temples d’Angkor et de l’art khmer dont il a réalisé de nombreux dessins et croquis qui en restituent la splendeur.

L’exposition, labellisée d’intérêt national, se déploie sur deux sites, le logis royal et le musée Lansyer, et présente une cinquantaine de pièces, dont plusieurs prêts exceptionnels du musée Guimet, qui accueille depuis les années 1930 les collections constituées lors des expéditions de ­Delaporte à Angkor.

Angkor, l’émerveillement d’une vie

Moulages et œuvres issues des temples khmers, dessins, aquarelles, photographies et documents racontent un parcours hors norme, depuis les bancs de l’école navale de Brest jusqu’au poste de conservateur du musée indochinois du Trocadéro pour lequel il a tant œuvré, en passant par le delta du Mékong et la découverte émerveillée des temples angkoriens. Au fil de ses dessins, de ses études, mais aussi de sa correspondance personnelle, on ne peut que mesurer l’apport inestimable de Delaporte pour la documentation et l’étude de la riche civilisation khmère et de ses somptueux vestiges.

Louis Delaporte (1842-1925), Colonnade de l’entrée ouest et vue générale d’Angkor Vat, vers 1870-1873. Aquarelle sur papier. Paris, musée Guimet.

Louis Delaporte (1842-1925), Colonnade de l’entrée ouest et vue générale d’Angkor Vat, vers 1870-1873. Aquarelle sur papier. Paris, musée Guimet. Photo service de presse. © GrandPalaisRmn (musée Guimet, Paris) / Thierry Ollivier

Un intérêt scientifique et un attachement sentimental

Le parcours, en trois sections, revient premièrement, au logis royal, sur son enfance lochoise et ses rêves de marine, ainsi que sur le contexte géopolitique qui va l’entraîner jusqu’au Cambodge, dans le sillage de l’expédition de Doudart de Lagrée, où il vit un véritable choc esthétique à la vue des monuments d’Angkor. Des moulages de ces sites nous permettent d’apprécier leur beauté et leur grandeur, comme le jeune explorateur en son temps. Le propos expose ensuite l’application avec laquelle Delaporte identifie, annote, dessine, moule et fait transporter toutes sortes de vestiges pour documenter cette culture alors mal connue en Occident : par ses croquis, il cherche à retrouver l’état originel de ces temples qui ploient sous une végétation abondante. Ses dessins trahissent à la fois un intérêt tout scientifique pour son sujet, mais également un profond attachement sentimental à une culture dont la noblesse et le raffinement ne le laissent pas indifférent.

Louis Delaporte (1842-1925), Phimânacas. Palais des rois khmers au centre d’Angkor Thom, vue idéale du perron nord de la terrasse des éléphants, vers 1890. Aquarelle sur papier. Paris, musée Guimet.

Louis Delaporte (1842-1925), Phimânacas. Palais des rois khmers au centre d’Angkor Thom, vue idéale du perron nord de la terrasse des éléphants, vers 1890. Aquarelle sur papier. Paris, musée Guimet. Photo service de presse. © GrandPalaisRmn (musée Guimet, Paris) / Thierry Ollivier

Delaporte, un pionnier de la sauvegarde du patrimoine

La dernière section du parcours, au musée Lansyer, montre la formidable postérité du natif de Loches dans les études khmères. Fondateur de musées, commissaire d’expositions, collectionneur, chercheur à l’origine de publications scientifiques, il aura durablement marqué de son empreinte ce champ de recherche qui le fascina tant. Le propos rappelle comme Delaporte fut actif, lors de l’Exposition universelle de Paris en 1900, puis à l’Exposition coloniale de Marseille en 1906, pour faire connaître les merveilles d’Angkor et, en véritable pionnier de la sauvegarde du patrimoine, pour avertir sur la nécessité de documenter et de sanctuariser ces trésors. 

« Angkor. Louis Delaporte », jusqu’au 21 septembre 2025 au musée Lansyer, 1 rue Lansyer, et au logis royal, 5 place Charles VII, 37600 Loches. Tél. 02 47 91 19 53.