Bien connue des Amiénois, la précieuse momie de Setjaimengaou conservée au musée de Picardie a gagné les espaces versaillais du C2RMF afin de bénéficier d’une indispensable restauration. Elle devrait lui permettre de livrer ses derniers secrets.
C’est un véritable bulletin de santé que chercheurs, restaurateurs et archéologues réalisent en ce moment autour de la momie égyptienne de Setjaimengaou. Après avoir accueilli en 2022 le sarcophage de Neskafâa, grand prêtre d’Amon de la XXIe dynastie, le Centre de Restauration et de Recherche des musées de France (C2RMF), à Versailles, prend ainsi soin d’une autre œuvre insigne du musée de Picardie. Et ce n’est pas n’importe laquelle puisqu’elle fait véritablement partie de l’ADN du musée, acquise par la Ville avant même son ouverture. De plus, c’est la première fois que ce corps momifié et ses deux sarcophages merveilleusement ornés (deux cuves et deux couvercles qui s’emboîtent) font l’objet de telles études depuis leur acquisition en 1839 par la Société des Antiquaires de Picardie.
Premières découvertes
L’histoire de cette femme de la haute société égyptienne du VIIe siècle avant notre ère est donc toujours en train de s’écrire puisque d’importantes recherches sont menées dans le cadre de sa restauration : le travail des restaurateurs consiste en effet, au moyen d’archives et d’analyse scientifique, à interroger l’histoire de ce vestige pour permettre de le conserver dans un état proche de celui d’origine. La momie vient déjà de livrer une belle surprise puisque ses yeux en obsidienne, que l’on pensait avoir été ajoutés au XIXe siècle, sont en fait aussi vieux qu’elle, remplaçant ceux d’origine dès le processus de momification – selon une pratique courante au tournant de la XXVe et de la XXVIe dynastie. D’autres découvertes sont attendues par les chercheurs : ces nouvelles connaissances détermineront le cheminement de sa restauration. Ce minutieux dépoussiérage effectué dans tous les sens du terme (tant des tissus et des matériaux que de l’histoire de la momie) permettra au public d’Amiens, et d’ailleurs, de la découvrir sous un jour nouveau dès janvier 2023 au musée de Picardie !
Albane Le Conte
