![Les berges de la Seine à Paris. © Sergey Novikov, Adobe Stock](https://www.actu-culture.com/wp-content/uploads/2024/02/Seine-1.jpg)
Installée autour des vestiges de l’ancienne ville romaine de Lutèce, la Crypte archéologique de l’île de la Cité renoue avec sa vocation de proposer de grandes expositions archéologiques. Elle célèbre, grâce à sa nouvelle présentation, le fleuve de la capitale, s’interrogeant sur tous les objets qui y ont été trouvés depuis le XIXe siècle. Mémoire vivante d’un passé révolu, la Seine se livre ainsi et nous dévoile les puissantes relations qu’elle n’a cessé de tisser avec ses riverains depuis la Préhistoire. Entretien avec Sylvie Robin, conservatrice en chef du patrimoine et commissaire de l’exposition.
Propos recueillis par Éléonore Fournié.
Pourquoi avoir organisé cette exposition ?
Cela faisait longtemps que nous souhaitions proposer une exposition sur la Seine et sur ses rapports avec Paris – d’autant qu’il n’y en avait jamais eu ! Ce sujet étant très vaste, nous avons choisi de nous concentrer sur l’archéologie : quelles découvertes faites à Paris, ou près de la Seine, permettent de mieux cerner l’histoire de ce fleuve et de ceux qui ont vécu sur ses rivages depuis la Préhistoire ? Divisé en quatre sections chronologiques (la Préhistoire, l’Antiquité, la période médiévale et postmédiévale, puis la période contemporaine), le parcours livre, sans être exhaustif, des éléments de réponses.
![Ensemble d’outils en silex retrouvés sur le site de Clichy-la-Garenne en octobre 2020. Paléolithique moyen. © Denis Glicksmann, Inrap](https://www.actu-culture.com/wp-content/uploads/2024/02/Seine-2.jpg)
Depuis quand s’installe-t-on sur les bords de Seine ?
Dès l’époque préhistorique. On sait que tous les cours d’eau sont riches en ressources alimentaires (eau potable, poissons), végétales ou minérales et que des communautés humaines s’implantent sur des sites, dits d’opportunités, où elles restent de manière temporaire – notamment en raison des problèmes récurrents de crues (qui vont durer jusqu’au XIXe siècle). Les hommes n’ont alors pas, ou très peu, de levier d’action sur le fleuve mais composent en fonction des contraintes qu’il leur impose, se déplaçant quand c’est nécessaire. Au Néolithique, une installation plus pérenne, qui couvre plusieurs milliers d’années, a été mise au jour dans le quartier actuel de Bercy (la dizaine de pirogues en bois découvertes est exposée au musée Carnavalet). Implanté sur un paléo-chenal de la Seine, ce site a donc manifestement été protégé et maintenu au fil du temps. C’est à partir de cette époque que l’on commence à aménager la Seine en plantant des palissades, en construisant des pontons, etc.
![Vestiges de la Crypte archéologique de l’île de la Cité. © Joséphine Brueder, Ville de Paris](https://www.actu-culture.com/wp-content/uploads/2024/02/Seine-3.jpg)
Quelles fouilles présentez-vous pour éclairer cette longue époque ?
Le premier à avoir « vu » les époques préhistoriques autour de Paris est Jules Reboux. Ce préhistorien amateur, un peu oublié aujourd’hui (alors qu’il est à l’origine d’un certain nombre de termes comme Paléolithique, Mésolithique, Néolithique), avait pour grande distraction de ramasser et de collecter quantité de silex dans les carrières, qui tournaient alors à plein régime, situées entre Neuilly et Clichy. Par ailleurs, il préconise très tôt (et se fait d’ailleurs un peu mépriser par la communauté scientifique pour cela) l’archéologie par le geste (on dirait aujourd’hui expérimentale) pour comprendre la manière dont les silex étaient taillés, la longueur nécessaire des manches (qui ont disparu) selon les différents usages, en se rendant dans les abattoirs. Nous présentons aussi une fouille plus récente : à Clichy-la-Garenne, menée par l’Inrap en 2020, qui a livré de nombreux outils néandertaliens (la seule humanité à peupler alors la région) témoignant d’activités de boucherie ou de travail sur les matières végétales.
![Vue de l'exposition. © S.T.](https://www.actu-culture.com/wp-content/uploads/2024/02/IMG_8269.jpg)
Faisons un grand saut dans le temps pour arriver à l’époque romaine qui change beaucoup le visage de la Seine…
En effet. Si dès l’époque gauloise, les Parisii tissent de très forts liens avec le fleuve duquel ils tirent leur richesse, à la période romaine, tout s’intensifie. Grâce à leur génie civil performant, les Romains sécurisent l’île de la Cité (alors traversée de multiples zones marécageuses), y construisent un plateau et y font passer leur voie principale – celle qui relie Lugdunum, capitale des Trois Gaules, à la mer du Nord. Ils créent aussi une zone portuaire sur le petit bras de la Seine de l’île de la Cité, à côté du cardo (une portion de ce quai est d’ailleurs conservée dans la Crypte archéologique). Certains des pieux en bois de ces constructions ont été mis au jour en 1993 et datés par dendrochronologie entre 20 avant notre ère et 5 de notre ère.
![](https://www.actu-culture.com/wp-content/uploads/2024/02/mysterieux-cerfs-volants-du-desert_pdt_54100.jpeg)
À retrouver en intégralité dans :
Archéologia n° 628 (février 2024)
Mystérieux cerfs-volants du désert
81 p., 11 €.
À commander sur : www.archeologia-magazine.com
L’EXPOSITION :
« Dans la Seine. Objets trouvés de la Préhistoire à nos jours »
Jusqu’au 31 décembre 2024 à la Crypte Archéologique de l’İle de la Cité
7 place Jean Paul II, 75004 Paris
Tél. 01 55 42 50 10
www.crypte.paris.fr
![](https://www.actu-culture.com/wp-content/uploads/2024/02/Capture-decran-2024-02-16-a-15.24.45.png)
Dans la Seine. Objets trouvés de Néandertal à aujourd’hui, 2024
Cet ouvrage dresse un portrait de la Seine parisienne à partir d’une centaine d’objets recueillis dans son lit ou sur ses berges […].
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