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La Toulouse du XIVe siècle en majesté au musée de Cluny

Vierge à l’Enfant dite Notre-Dame-de-Bonnes-Nouvelles (détail). Calcaire peint, vers 1340-1350. Toulouse, musée des Augustins. © Mairie de Toulouse, musée des Augustins / Daniel Martin
Vierge à l’Enfant dite Notre-Dame-de-Bonnes-Nouvelles (détail). Calcaire peint, vers 1340-1350. Toulouse, musée des Augustins. © Mairie de Toulouse, musée des Augustins / Daniel Martin

La nouvelle exposition du musée de Cluny nous transporte au cœur de la Ville rose à la fin du Moyen Âge. Synthétisant les apports des nombreuses, et récentes, opérations d’archéologie préventive et recherches historiques sur cette brillante époque, le parcours éclaire une période méconnue du grand public. La cité est pourtant alors l’une des plus grandes de France : rattachée au royaume depuis 1271, elle a gardé sa personnalité et, tout en se développant économiquement, elle profite de l’installation en Avignon de papes souvent très liés à l’université de Toulouse ou aux couvents des ordres mendiants présents dans la ville, en particulier les Franciscains et les Dominicains. Parmi les chefs-d’œuvre de l’exposition, sont rassemblées quatre superbes statues peintes d’un édifice disparu, la chapelle de Rieux, commandées par le franciscain Jean Tissendier et exceptionnellement prêtées par le musée des Augustins de Toulouse.

Six poids de Toulouse en bronze

Au Moyen Âge, Toulouse occupe une position centrale dans les échanges commerciaux. Dès le XIIIe siècle, ses capitouls (magistrats) veillent à l’exactitude des poids et mesures utilisés dans toutes les transactions – une nécessité d’autant plus grande que la valeur de ces unités varie d’une province, voire d’une ville à l’autre. En 1239, Toulouse émet sa première série de poids de référence. Ceux de grande taille, en pierre, comportent une partie métallique enchâssée indiquant leur valeur (104, 52, 26, 13, 12 livres et 6 livres et demie), tandis que la série monétiforme (comme celle-ci) recouvre les valeurs inférieures. Elle figure au droit le château Narbonnais entouré d’une inscription mentionnant la valeur du poids et la ville de Toulouse, et, au revers, la basilique Saint-Sernin avec la date d’émission.

Livre, demi-livre, quart de livre, huitième de livre, once et demi-once. Après 1239. Paris, musée de Cluny - musée national du Moyen Âge. © RMN-Grand Palais (musée de Cluny - musée national du Moyen Âge) / Michel Urtado / SP
Livre, demi-livre, quart de livre, huitième de livre, once et demi-once. Après 1239. Paris, musée de Cluny – musée national du Moyen Âge. © RMN-Grand Palais (musée de Cluny – musée national du Moyen Âge) / Michel Urtado / SP

Vierge à l’Enfant dite Notre-Dame-de-Bonnes-Nouvelles

Connue sous le nom de Notre-Dame-de-Bonnes-Nouvelles, cette très belle sculpture ornait autrefois un autel situé dans une chapelle du cloître de l’abbaye Saint-Sernin de Toulouse. La Vierge porte un manteau aux drapés souples, autrefois peint en blanc, parsemé de grenades stylisées (?), de ramilles de rosier fleuries et de paons, au revers bleu semé de fleurs de lys, et un voile, également blanc, aux motifs d’aigles et de fleurettes rouges et bleus. La chevelure de la Vierge est séparée par une raie médiane, couverte par une fine résille. La grâce de cette Vierge à l’Enfant, son visage aussi énigmatique que séduisant, le rendu des vêtements font que l’œuvre est couramment attribuée au Maître de Rieux.

Calcaire peint, vers 1340-1350. Toulouse, musée des Augustins. © Mairie de Toulouse, musée des Augustins / Daniel Martin
Calcaire peint, vers 1340-1350. Toulouse, musée des Augustins. © Mairie de Toulouse, musée des Augustins / Daniel Martin

Masque du gisant de Jeanne de Toulouse

Jeanne de Toulouse, fille et unique héritière de Raymond VII, dernier comte de Toulouse, et de Sancie d’Aragon, épouse vers 1235-1236 le frère du roi Louis IX, Alphonse, comte de Poitiers. Après le décès du couple, en 1271, la ville passe sous administration royale. D’après les sources comptables, ce gisant date des environs de 1285. Le modelé délicat du visage, encadré par une coiffe élaborée, témoigne de l’art des sculpteurs d’Île-de-France de la seconde moitié du XIIIe siècle, l’une des sources d’inspiration des artistes toulousains. La tête a été séparée du corps avant 1855, mais l’œuvre, qui déjà intéressait le conservateur du musée de Cluny Edmond Du Sommerard en 1857, n’a rejoint la collection du musée qu’en 1971.

Abbatiale de Gercy à Varennes-Jarcy, Essonne. Calcaire, vers 1285 (?). Paris, musée de Cluny - musée national du Moyen Âge. © RMN-Grand Palais (musée de Cluny - musée national du Moyen Âge) / Gérard Blot / SP
Abbatiale de Gercy à Varennes-Jarcy, Essonne. Calcaire, vers 1285 (?). Paris, musée de Cluny – musée national du Moyen Âge. © RMN-Grand Palais (musée de Cluny – musée national du Moyen Âge) / Gérard Blot / SP

« Toulouse 1300-1400, l’éclat d’un gothique méridional »
Jusqu’au 22 janvier 2023 au musée de Cluny

Musée national du Moyen Âge
28 rue Du Sommerard, 75005 Paris
Tél. 01 53 73 78 00
www.musee-moyenage.fr

Catalogue, Toulouse 1300-1400. L’éclat d’un gothique méridional, 2022, 320 p., 240 ill. -., 39 €.
À commander sur : www.librairie-archeologique.com

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