Présentée une première fois en 2020-2021 sur le site archéologique Lattara – musée Henri-Prades, l’exposition consacrée à la voie Domitienne s’installe pour quelques mois à Ensérune. Enrichie notamment des résultats des fouilles réalisées au pied de l’oppidum, elle suit cet axe majeur de Gaule narbonnaise d’ouest en est, des Pyrénées au Rhône.
Première route construite par les Romains en Gaule, dès 118 avant notre ère, sous la direction du consul Cneius Domitius Ahenobarbus, la Via Domitia reliait l’Italie à la péninsule Ibérique sur 780 kilomètres. Franchissant les Alpes au col du Montgenèvre, elle desservait notamment Nîmes et Narbonne, et passait la barrière pyrénéenne au col du Perthus, orné à partir de 71 avant notre ère du célèbre trophée de Pompée. L’exposition « En route ! » s’intéresse à son tronçon occidental, depuis la frontière espagnole jusqu’au Rhône, à travers 250 objets archéologiques du Ier siècle avant notre ère. Elle évoque successivement la construction de cet axe monumental, ses usagers, qui font halte dans les auberges dont elle est jalonnée et, enfin, les nécropoles qui la bordent.
Ingénieurs, architectes, arpenteurs…
« Les concepteurs ont dû adapter l’ouvrage à la grande diversité de la plaine languedocienne, explique Lionel Izac, administrateur de l’oppidum et du musée archéologique d’Ensérune. Les centres urbains et le réseau complexe de cours d’eau et de zones humides à franchir ont requis le travail d’ingénieurs, d’architectes, d’arpenteurs. Le franchissement des Pyrénées, avec ses cols et ses ravins, a nécessité une ingénierie particulière. Tous les corps de métier ont été sollicités, y compris les légionnaires eux-mêmes, mis à contribution – on le sait par les textes – en période d’hivernage. » L’archéologie en témoigne également : l’exposition présente, au côté des outils de terrassement ou de charpenterie en fer, quelques exemples de militaria perdus – éperon, éléments de harnachement militaire et, objet exceptionnel, une bague intaille serpentiforme en argent, retrouvée sur le site de l’oppidum d’Ambrussum (Villetelle).
À pied, à cheval et en chariot
Empruntée par les soldats, les commerçants, les voyageurs, le personnel administratif et la poste impériale, la voie était parcourue à pied, à cheval et en chariot. Autant de moyens de transports présents dans le parcours à travers les restes de caligae mis au jour, des éléments de sellerie, ainsi que deux remarquables clavettes de chariots ornées de têtes de divinité (sans doute Hercule ou Hermès). La route était ponctuée à intervalles réguliers de relais, à l’image de celui d’Ambrussum, qui se distingue par son luxe et notamment son aile thermale, ou celui du Mas de Roux (Castries), restitué ici sous forme de maquette, et dont on a retrouvé non seulement la serrure mais également la clé, engagée à l’intérieur ! Dés de voyage en ivoire, gobelets à boire, trésors monétaires, stylets et boîtes à sceaux de la poste impériale viennent eux aussi rendre compte de la vie de ces auberges. Le parcours se termine par les nécropoles de bord de voie d’Ensérune et de Nîmes. En guise de dernier voyage le long de la voie Domitienne.
Alice Tillier-Chevallier
« En route ! La voie Domitienne du Rhône aux Pyrénées »
Jusqu’au 19 mai 2024 à l’oppidum et musée archéologique d’Ensérune
34440 Nissan-Lez-Ensérune
Tél. 04 67 32 60 35
www.enserune.fr