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L’archéologie selon Agatha Christie

Le site de Nimrud en Irak fouillé par Max Mallowan de 1949 à 1958. En fin de saison, les reliefs et sculptures de la grande cour du palais Nord-Ouest sont protégés par des nattes. Photo Agatha Christie. © John Mallowan, avec l’aimable contribution du musée d’Archéologie nationale - Domaine national de Saint-Germain-en-Laye
Le site de Nimrud en Irak fouillé par Max Mallowan de 1949 à 1958. En fin de saison, les reliefs et sculptures de la grande cour du palais Nord-Ouest sont protégés par des nattes. Photo Agatha Christie. © John Mallowan, avec l’aimable contribution du musée d’Archéologie nationale – Domaine national de Saint-Germain-en-Laye

Le musée gallo-romain Vesunna de Périgueux nous entraîne en Syrie et en Irak sur les pas d’Agatha Christie qui, de 1931 à 1957, accompagne son mari, Max Mallowan, dans toutes ses missions archéologiques, notamment sur le site de Nimrud, capitale de l’empire néo-assyrien. La romancière photographie, filme, nettoie les objets découverts et s’en inspire pour ses intrigues policières.

« Vous auriez fait un bon archéologue, Monsieur Poirot. Vous avez le don de recréer le passé », dit le professeur Leidner dans Meurtre en Mésopotamie, publié en 1936 par Agatha Christie. Si bon nombre des intrigues de la célèbre romancière britannique sont situées au Moyen-Orient et émaillées de références à l’archéologie, c’est qu’Agatha Christie a, pour le sujet, plus qu’un intérêt livresque : elle en a la connaissance du terrain. À partir de 1931, elle est de toutes les campagnes de fouilles de l’archéologue Max Mallowan, qu’elle a épousé un an plus tôt : en Irak d’abord, puis, face aux tensions qui se multiplient dans ce pays placé sous mandat britannique, en Syrie, où les grands sites sont le pré carré des archéologues français mais où Max Mallowan obtient l’autorisation de prospecter dans les vallées du Khabur et du Balikh.

Photographe officielle des missions

Agatha Christie ne se prétendra jamais archéologue, mais elle réalise néanmoins des dessins – elle a pris des cours à Londres dans ce but –, contribue au nettoyage et au remontage des objets découverts, recrute les ouvriers – piocheurs, porteurs de paniers, laveurs de céramique – et devient la photographe officielle des missions. Après la Seconde Guerre mondiale, quand son mari est nommé directeur de la British School of Archeology en Irak, elle le suit une fois encore et passe, entre 1949 et 1957, six mois par an à Bagdad et deux mois à Nimrud, au plus près des fouilles de l’acropole et des palais néo-assyriens du roi Assurnasirpal II (IXe siècle avant notre ère).

Vase fermé à engobe noir et à décor géométrique de la culture d’Obeid (vers 4000 avant notre ère). © RMN-GP (musée du Louvre), Mathieu Rabeau / SP
Vase fermé à engobe noir et à décor géométrique de la culture d’Obeid (vers 4000 avant notre ère). © RMN-GP (musée du Louvre), Mathieu Rabeau / SP

Le regard de l’écrivaine

« C’est le regard de l’écrivaine sur le quotidien des fouilles que nous avons cherché à restituer ici », explique Élisabeth Penisson, directrice de Vesunna et commissaire de l’exposition. Le parcours commence donc à Victoria Station, à Londres, où le visiteur embarque à bord de l’Orient- Express. Il est accueilli à son arrivée par les couleurs ocres des sites de Syrie et d’Irak, évoqués grâce au matériel topographique d’époque, aux photos, films et écrits d’Agatha Christie, à la reconstitution d’une maison de fouille, et également aux objets prêtés par les musées du Louvre et des Beaux-Arts de Lyon – céramiques à décor géométrique, sceau-cylindre, figurine en ivoire sculpté, amulette en albâtre : « Ils viennent notamment témoigner des cultures de Halaf et d’Obeid, antérieures à l’invention de l’écriture, sur lesquelles a beaucoup travaillé Max Mallowan », indique la commissaire. Et pour que le voyage au côté d’Agatha Christie soit complet, le visiteur trouvera non seulement ses appareils photo et sa caméra, mais aussi la clé de sa maison de Bagdad ou ses papiers d’identité. L’écrivaine s’y était, par coquetterie, rajeunie de quelques années…

Alice Tillier-Chevallier


« Agatha Christie en quête d’archéologie »
Jusqu’au 31 décembre 2023 à Vesunna, site-musée gallo-romain, parc de Vésone
20 rue du 26e Régiment d’Infanterie, 24000 Périgueux
Tél. 05 53 53 00 92
www.perigueux-vesunna.fr

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