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L’archéologie s’ouvre à la science participative

© Storyset - Freepik.com
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Dès ses débuts, l’archéologie a rassemblé une grande variété d’acteurs. Spécialistes, bénévoles, amateurs, citoyens, chacun a apporté sa pierre à l’édifice de la recherche archéologique actuelle. Les années 1970 ont marqué un tournant en France avec la professionnalisation de la discipline, générant une rupture dans cette variété. Cependant, avec le développement de la science participative et celle de la science ouverte depuis 2018, la légitimité des acteurs non-professionnels reprend de la vigueur.

Parfois appelée « science citoyenne » ou « science collaborative », la science participative est une forme de production de connaissances scientifiques à laquelle des acteurs sans formation scientifique participent de façon active et délibérée en relation avec des professionnels ou des spécialistes de la recherche. L’appellation science participative admet que tout un chacun peut participer à une recherche scientifique en faisant des participants des pourvoyeurs d’informations. En archéologie, cela correspond à : des yeux pour l’identification de nouveaux lieux de fouilles ou d’inventaires patrimoniaux, d’appareils photographiques pour la documentation d’objets patrimoniaux, de mains pour le nettoyage du matériel, de présence pour la protection de lieux patrimoniaux, etc.

Cette forme de production est aujourd’hui pleinement intégrée au mouvement de la science ouverte (Open Science en anglais). Ce dernier cherche à rendre la recherche scientifique et les données qu’elle produit accessibles à tous et à tous les niveaux de la société. À ce titre, elle admet la complémentarité entre les acteurs professionnels et non-professionnels, dont les bénévoles, les amateurs et les citoyens font partie au travers de sa composante science citoyenne. Une récente étude du ministère de la Culture relative au bénévolat et à la participation de la société civile aux politiques des patrimoines, ainsi que la recommandation de l’UNESCO pour la science ouverte s’en font l’écho.

Les différentes composantes de la science ouverte selon la Recommandation de l’UNESCO sur une science ouverte / CC BY-SA 3.0 IGO - Unesco 2021
Les différentes composantes de la science ouverte selon la Recommandation de l’UNESCO sur une science ouverte / CC BY-SA 3.0 IGO – Unesco 2021

Rassembler ce qui est épars

En France, depuis 2017, plusieurs initiatives cherchent à rassembler les projets de science ouverte en archéologie et plus largement ceux dédiés au patrimoine culturel. C’est ainsi que le ministère de la Culture a lancé la plateforme Particip-Arc coordonnée par le Muséum national d’Histoire naturelle. Outre un annuaire de projets, la plateforme présente diverses ressources, dont le rapport d’étude sur le bénévolat et la participation de la société civile aux politiques des patrimoines qui a fait l’objet d’entretiens auprès de 250 acteurs des différents champs du patrimoine. De son côté, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche a lancé son programme Ouvrir la Science en 2018, ainsi que le projet ANR COLLABORA coordonné par Marta Severo du DICEN-idf (université Paris Nanterre), dont l’objectif est de développer une réflexion théorique, empirique et politique à propos de nouvelles plateformes numériques contributives de création, documentation et valorisation des cultures et des patrimoines. Le projet COLLABORA a donné lieu le 6 juillet dernier au Forum Contribution numérique, cultures, savoirs.

Une nouvelle plateforme européenne

L’Europe n’est pas en reste avec le lancement en janvier 2019 de la plateforme EU-Citizen Science. Cette plateforme contributive vise à recenser les programmes de science participative toutes disciplines confondues. Composée de 14 partenaires et de 9 tierces parties issues de 14 États européens, elle est soutenue par le programme Horizon 2020 de la Commission Européenne. À l’international, l’UNESCO travaille à l’homogénéisation de ce qui doit s’entendre par « Science Ouverte », comme le rappellent ses recommandations pour une science ouverte.

Un nouveau souffle pour la discipline archéologique

La participation à la recherche archéologique se développe à nouveau. En plus des chantiers de fouilles dont la liste est fournie chaque année par le ministère de la Culture, de nouveaux projets émergent, lancés par des professionnels et des non-professionnels, auxquels il est possible de participer tout au long de l’année. La science ouverte représente donc un nouveau souffle pour une discipline qui doit faire face en France à des destructions régulières de son patrimoine culturel.

Les enjeux sociétaux de la Science Ouverte : CC BY-NC-SA Université Paris-Saclay – Les bibliothèques

Jean-Olivier Gransard-Desmond


Pour aller plus loin sur la science ouverte et l’archéologie

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