
Découverte dans les années 1940 au cœur du sanctuaire de Portonaccio, sur le site de Veio, l’exceptionnelle statue de Latone, conservée au musée national étrusque de la Villa Giulia, à Rome, vient de faire l’objet d’une importante restauration. Archéologia a rencontré le restaurateur Sante Guido, dont les mains expertes ont retouché avec minutie cette icône du génie étrusque, réalisée en terre cuite et peinte vers 520-530 avant notre ère.
Propos recueillis Daniela Fuganti, traduction Agnès Charpentier
Quelle est l’histoire de l’œuvre ?
Latone est une figure de la mythologie grecque, transmise au monde étrusque puis romain. Enceinte de Jupiter, elle est contrainte à errer de par le monde car, craignant la terrible colère de Junon trahie pour la énième fois, personne n’accepte d’accueillir la déesse sur le point d’accoucher. Sa situation est d’autant plus tragique qu’elle est poursuivie par le redoutable serpent Python. Elle réussit pourtant à trouver refuge sur l’île de Délos, dans la mer Égée, où elle donne naissance aux jumeaux Apollon et Artémis. Ce chef-d’œuvre de la civilisation étrusque faisait partie de la décoration acrotère (ornement saillant aux angles d’un fronton) du temple de Menerva (la Minerve étrusque) dans le sanctuaire de Portonaccio, l’un des plus célèbres et des plus riches de toute l’Étrurie. Il se situe dans l’antique, et bien étudié, site de Veio, au cœur d’un parc archéologique qui comprend la ville, des sanctuaires et une nécropole – un lieu d’enchantement et de promenades, à quelques kilomètres de Rome. Les sculptures qui ornaient le toit du sanctuaire sont aujourd’hui toutes conservées à la Villa Giulia. Elles racontent deux épisodes du mythe d’Apollon : enfant, dans les bras de sa mère Latone, alors qu’ils fuyaient le serpent Python ; puis, adulte, affrontant Hercule lors de la lutte pour la biche de Cérynie aux cornes d’or. Il y a quinze ans, j’ai effectué des interventions sur le groupe d’Hercule et d’Apollon, retrouvé dès 1916, en pleine guerre mondiale. Cette découverte, qui fit alors sensation et révolutionna les connaissances acquises jusque-là sur l’art étrusque, eut une influence extraordinaire sur la culture et l’imaginaire contemporains. Mais si Hercule et Apollon ont été mis au jour en grande partie intacts, Latone a été retrouvée plus tard, dans les années 1940, en plusieurs dizaines de fragments (le plus grand mesurait 30 cm) et il lui manquait la tête, qui n’a été récupérée qu’en 1950.


Entretien à retrouver en intégralité dans :
Archéologia n° 618 (mars 2023)
Vaison-la-Romaine, dernières découvertes
81 p., 11 €.
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