![Urnes et balsamaire en verre, datés du Ier au IIe siècle, trouvés au sein de la nécropole de la Viotte au XIXe siècle. © Collection du musée des beaux-arts et d’archéologie de Besançon](https://www.actu-culture.com/wp-content/uploads/2023/11/Besancon-01.jpg)
Le musée des beaux-arts et d’archéologie de Besançon consacre sa nouvelle exposition à la cité antique des Séquanes, entité gauloise, devenue civitas romaine et qui avait Vesontio (Besançon) pour chef-lieu. Il retrace, à la lumière des dernières recherches historiques et archéologiques, son histoire entre la conquête romaine et la fin du IIIe siècle, quand la cité se fond dans la province de Grande Séquanie.
« La Séquanie est rentrée dans l’histoire avec César : sa Guerre des Gaules décrit l’oppidum gaulois de Vesontio, dont le tracé lui semblait avoir été réalisé au compas. Jusqu’à la révolte des Bataves en 70, la cité est très présente dans les récits historiques, puis elle en disparaît presque entièrement avant de ressurgir à la fin de l’Antiquité. L’étude des vestiges archéologiques permet à la fois de nuancer ces sources écrites et de les compléter : le murus gallicus de Vesontio évoqué par César n’a été, par exemple, attesté par les fouilles qu’en 2001 ! », explique Julien Cosnuau, responsable des collections d’archéologie du musée et commissaire de l’exposition. C’est ce récit croisé entre histoire et archéologie qui sert ici de fil rouge. Il est à l’origine du titre, « lettres séquanes », un clin d’œil aux fameuses Lettres persanes de Montesquieu et à leur regard distancié, et une façon également de souligner l’importance des inscriptions gravées qui sont au cœur du parcours. La Séquanie antique a intéressé dès le XVIIe siècle, suscitant l’émulation des érudits comme des antiquaires, et la visite commence par un retour sur ces quatre siècles d’écriture de son histoire, qui a longtemps amalgamé Séquanie et Franche-Comté. Les recherches les plus récentes permettent de réviser ses limites géographiques et de mieux comprendre son fonctionnement territorial, politique, religieux et économique.
![Plaquette en alliage cuivreux portant une inscription, offerte par un certain Marcus Mammaius Scottus au dieu Mercure afin de le remercier d’avoir exaucé son vœu, trouvée dans le Doubs à Besançon vers 1830. © Collection du musée des beaux-arts et d’archéologie de Besançon](https://www.actu-culture.com/wp-content/uploads/2023/11/Besancon-02.jpg)
Une acculturation romaine
« La conquête romaine n’a pas été ici, comme dans l’ensemble de la Gaule du Centre-Est, un moment de rupture. Les continuités sont nombreuses, notamment dans les axes de circulation ou, comme cela a bien été montré à Besançon, avec le maintien, au cours de la période augustéenne, des constructions typiquement gauloises en matériaux périssables en parallèle du recours à la pierre », analyse Julien Cosnuau. L’acculturation se fait progressivement avec la généralisation de l’écrit, l’adoption du panthéon gréco-latin et des institutions romaines ou la construction de voies dallées. Mais le territoire n’en conserve pas moins des particularismes religieux (rôle prééminent du dieu Mars, temples périboles à Besançon/Vesontio et Mandeure/Epomandurodurum, usage de couteaux votifs miniatures) ou sociaux, avec des élites dont la puissance repose sur l’exploitation des campagnes, à rebours des élites urbaines d’Italie ou de Narbonnaise. Parmi les pièces présentées, le visiteur pourra admirer la dédicace à « Mars Auguste » des deux duumvirs (magistrats) de la cité, retrouvée sur le site du lac d’Antre, la statue colossale du dieu de la guerre découverte à Mandeure, ou des stèles funéraires d’Aschaffenbourg (Allemagne), Leiden (Pays-Bas) ou Lyon, témoignant de circulations de Séquanes bien au-delà de leur territoire.
Alice Tillier-Chevallier
L’EXPOSITION :
« Les lettres séquanes. Le territoire des séquanes sous l’Empire romain »
Jusqu’au 3 mars 2024 au musée des beaux-arts et d’archéologie de Besançon
1 place de la Révolution, 25000 Besançon.
Tél. 03 81 87 80 67
www.mbaa.besancon.fr
Catalogue, SilvanaEditoriale, 277 p., 27 €.
![](https://www.actu-culture.com/wp-content/uploads/2023/11/Capture-decran-2024-02-16-a-16.18.51.png)
Les Lettres séquanes. Le territoire des Séquanes sous l’Empire romain, 2023
L’exposition « Les Lettres séquanes » est le fruit d’une recherche interdisciplinaire dans laquelle se sont retrouvés archéologues, historiens, épigraphistes et professionnels des musées […].
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