Science très récente et pluridisciplinaire, l’archéologie de la forêt considère le couvert forestier en lui-même comme un objet d’études archéologiques. Du début de l’Holocène aux prémices de l’agriculture et de l’agropastoralisme en montagne – c’est-à-dire de 10 000 à 6 000 environ avant notre ère –, elle montre comment les différentes populations d’arbres ont recolonisé l’Europe et comment ensuite les écosystèmes forestiers se sont développés, en particulier au sein de « vieilles forêts » que l’on croyait indemnes, ou presque, de toute occupation humaine. Les enseignements de cette archéologie de la forêt, riches pour la connaissance d’un passé forestier très lointain, le sont aussi pour une écologie des forêts du futur.
Au sommaire de ce dossier :
De l’archéologie en forêt à l’archéologie forestière : de nouveaux enjeux
En sortant des villes et des champs labourés, l’archéologie a complètement bouleversé la connaissance des forêts et de leur histoire plurimillénaire. Aux enjeux de la découverte de sites archéologiques se sont ajoutés ceux d’une caractérisation des écosystèmes forestiers à travers les âges, mobilisant plusieurs disciplines scientifiques, telles que l’écologie forestière, la paléoécologie ou la bioarchéologie.
La dynamique des essences dans les vieilles forêts d’Europe tempérée
Plusieurs études suggèrent que les vieilles forêts étaient une composante importante du paysage de l’Europe tempérée juste avant le développement des activités agropastorales. Leur peuplement résulte de la recolonisation et de la dynamique plurimillénaire de différentes essences, dont les trajectoires, des pourtours de la Méditerranée et des Balkans vers l’Europe de l’Ouest et continentale, ont varié.
Vieilles forêts et archéologie : un paradoxe ?
Par définition, une vieille forêt est peu ou pas impactée par les activités humaines, au moins durant les dernières centaines d’années. Aussi l’archéologie dans ce milieu pourrait sembler être une gageure et vouée à l’échec. Or, les récentes recherches menées dans les Pyrénées françaises et les Carpates roumaines ont livré des vestiges d’exploitation au cœur même de ces écosystèmes préservés. Une démarche d’écologie historique permet de mieux caractériser leur ancienneté et leur degré d’anthropisation.
Les enseignements de l’archéologie forestière pour les forêts du futur
Les recherches sur la végétation passée et sa dynamique depuis le début de l’Holocène montrent que cette dernière s’est continuellement adaptée aux changements du climat et des conditions environnementales. L’archéologie forestière est aussi celle des forêts du futur par les enseignements qu’elle apporte, au moment où les enjeux climatiques sont primordiaux.
Les auteurs de ce dossier sont : coordination scientifique : Vanessa Py-Saragaglia, GEODE UMR 5602 CNRS-UT2J, Toulouse ; Cécile Brun, Florence Mazier, Mélanie Saulnier, GEODE UMR 5602 CNRS-UT2J, Toulouse ; Sylvain Burri, Nicolas Poirier, TRACES UMR 5608 CNRS-UT2J, Toulouse ; Camille Fabre, Centre Roland Mousnier UMR 8596 CNRS-Sorbonne Université, Paris ; Anh Linh François, Éveha – UMR 7041 ArScan, Limoges, Paris ; Vincent Labbas, IRPA-KIK/Université de Liège ; Sylvie Ladet, UMR Dynafor Inrae Toulouse ; Laurent Larrieu, UMR Dynafor Inrae Toulouse & CNPF-CRPF Occitanie, Toulouse ; Sarah Parrilla, TRACES UMR 5608 CNRS-UT2J/GEODE UMR 5602 CNRS-UT2J, Toulouse/ LASA-Université de Gênes, Italie
Ce dossier repose sur deux projets de recherche : l’ANR JCJC BENDYS (ANR-19-CE03-0010-01) coordonné par Vanessa Py-Saragaglia et le projet région Occitanie – Défi clé sciences du Passé BOSCA coordonné par Nicolas Poirier.
Dossier à retrouver en intégralité dans :
Archéologia n° 629 (mars 2024)
Pour une archéologie de la forêt
81 p., 11 €.
À commander sur : www.archeologia-magazine.com